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Energie : Pour mettre fin aux délestages au Faso, Zéphirin Diabré n’exclut pas l’énergie nucléaire

20 avril 2015, 17:16, par Sidpawalemdé Sebgo

Propos de campagne électorale ou proposition sérieuse ? Dans ce cas, le candidat Diabré doit savoir que :

1°) Le problème principal du Burkina (et des autres pays de la sous région) n’est pas le choix du type d’énergie mais l’insuffisance de celle ci, due principalement au problème de mobilisation des ressources financières pour construire les capacités de production. Que ce soit pour construire une centrale nucléaire, thermique, éolienne ou solaire, le problème est le même : trouver les sous !

2°) Le second problème qu’ont nos sociétés de production, c’est celui de la rentabilité de leur exploitation. Comment produire à 100 F et vendre à 80 F ? Alors soit on augmente les prix (ce qui va déstabiliser les foyers aux faibles revenus et faire fuir les industries consommatrices de courant), soit on réduit les dépenses, ce qui est difficile avec des produits importés, que ce soit l’uranium, le DDO ou les plaques solaires.

3°) L’ un des problèmes spécifiques du nucléaire est la taille et le coût des installations. Un forumiste a expliqué plus haut que plus la centrale est petite, plus elle coûte cher à l’unité produite. Il faut donc éviter de faire trop petit. A l’inverse, trop grand, c’est trop pour la consommation du pays et difficile à financer. D’où la nécessité pour nos petits états de s’associer si cette solution est envisagée.

4°) Il faut éviter de verser dans les promesses électorales difficiles à tenir dans la durée de deux mandats. Un projet de centrale nucléaire prend des années entre la décision et la mise en production de la centrale, et ce en supposant le financement acquis. Un pays riche comme le Gabon l’envisage depuis dix ans et est toujours au stade de projet.

5°) L’autre problème du nucléaire est la maitrise technique de la production et du traitement des déchets nucléaires dangereux, et je ne parle même pas des accidents possibles comme Fukushima. Les chiffre rassurants donnés par un internaute correspondent à une exploitation normale et sans incident, et n’est pas valable pour les déchets. Seuls quelques pays disposent des infrastructures pour produire le combustible et pour traiter les déchets. Cela oblige l’acquéreur à importer son combustible et surtout à gérer le transfert des déchets jusqu’aux pays de retraitement, avec tous les risque de faire voyager des produits hautement dangereux.

6°) Avec tout le respect que je dois à M. Diabré, il y a une différence entre savoir conduire une voiture, vendre des voitures et savoir fabriquer, ou réparer et entretenir une voiture. La technologie nucléaire nécessaire pour faire fonctionner correctement et en sécurité une centrale nucléaire n’a rien à voir avec les compétences managériales d’un cadre dirigeant, fut-il vice-président. Il y a donc besoin de se lancer, dès le début du projet si c’en est un, dans la formation d’ingénieurs et de techniciens dans cette filière, avec un plan de gestion des carrières et de renouvellement du personnel à moyen et long terme.

Autant de problèmes, d’étapes et de contraintes à lever qui feront passer les propos de M. Diabré de "propagande de campagne électorale" à projet.


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