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Guerre Russie Ukraine : La guerre, partout, a le même visage hideux en Europe ou au Sahel

2 juillet 2022, 02:09, par Sidpawalemde Sebgo

Hum... Sana Guy, vous sortez de la route hein...

Ceci n’est ni du journalisme ni l’expression d’une opinion mais bel et bien la répétition peu critique de propagandes de guerre et aberrations historiques dont on se demande d’où elles viennent.

Répondre en détail à toutes les contre-vérités et déclarations légères ou biaisées de ce texte donnerait un post plus long pour entrer dans ce cadre, je me limiterai donc à quelques points :

1°) Si vous aviez "fait vos devoirs" de recherches historiques, vous auriez su que les 14 républiques qui avec la Russie fondaient l’ex-URSS ont bel et bien arraché leurs indépendances et ne les ont pas "reçues" gentiment, certains ayant même essayé avant la chute du mur de Berlin ou avant l’URSS.

C’est souvent méconnu, mais le complot de l’Amérique de Ronald Reagan qui a réussi à démanteler l’URSS en tant que puissance a consisté à faire chuter, pendant des années et grâce à l’Arabie Saoudite, le prix du pétrole (de 27 à 9 dollars, soit en dessous du prix de production russe). Principal produit d’exportation de l’URSS et de la Russie, la "manne" pétrolière lui donnait les moyens d’entretenir son "empire", constitué de 15 républiques de l’URSS et des 10 pays du pacte de Varsovie, notamment par l’interventionnisme de son armée, et même d’être généreux avec les pays "progressistes" du monde entier.

En interne, la "perestroyka" et le coup d’état contre Gorbatchev ne sont que des conséquences de cette crise financière, devenue sociale et politique. A l’externe, du jour au lendemain, l’URSS n’a plus eu les moyens d’entretenir sa grande armée pour continuer la guerre en Afghanistan, ni pour s’opposer à la réunification Allemande, encore moins aux velléités d’émancipation de ses "républiques sœurs" qui ont alors déclarés leurs indépendances à la chaine.

Notons que la perception du pouvoir soviétique comme étant celui de la domination de l’élite russe sur les autres nationalités peut être trompeuse. Si Lénine et Gorbatchev étaient russes, Staline était Géorgien, alors que Khrouchtchev et Brejnev étaient ukrainiens.

2°) Les antagonismes entre les nationalistes ukrainiens et la Russie n’ont pas attendu la l’Union Européenne.

Pendant la seconde guerre mondiale, des nationalistes ukrainiens, en révolte contre les russes perçus comme des impérialistes, sont allés jusqu’à s’allier avec l’Allemagne hitlérienne pour combattre leur propre pays d’alors, l’URSS et ont rejoint les "SS" nazis.

Cette vieille adversité a été conceptualisée et propagée jusqu’à devenir une doctrine anti-russe et même raciste, au point de réécrire l’histoire pour contester leurs origines communes et se déclarer "d’une autre race". Cela les a conduits à faire, après la chute de l’URSS, des russophones ukrainiens des citoyens de seconde zone et de la Russie voisine une cible à détruire.

La guerre dure en fait depuis 2014, quand des miliciens anti-russes dont certains néo-nazis ont attaqués les zones à fort peuplement russophone et que ces derniers ont pris les armes et ont déclaré leur sécession, ceux de Crimée allant même jusqu’à décider de rejoindre la Russie. La prise du pouvoir les anti-russes, que vous appelez une "insurrection populaire" mais que d’autres nomment "coup d’état de l’euro-maïdan" a été le début de la crise ouverte.

La Russie est alors intervenue en prenant fait et cause pour les russophones, y compris au Donbass, comme il l’avait fait en 2008 en Géorgie. La crise était sensée être résolue avec les accords de Minsk la même année, qui exigeaient le retrait des milices ukrainiennes du Donbass, leur dissolution et une large autonomie pour les russophones, accords jamais appliqués par l’Ukraine.

Tout cela ne contredit en rien qu’une partie de la population ukrainienne pacifique et de bonne foi souhaiterait rejoindre l’Union Européenne, mais met en relief les vraies causes lointaines du conflit actuel.

Ce conflit n’a en fait jamais cessé depuis 2014 et a fait plus de 14.000 morts majoritairement civils, y compris des russophones bombardés ou brûlés vifs. Ce sont encore les mêmes bombardements sur le Donbass les jours précédant le 24 Février 2022 qui ont déclenché "l’opération spéciale" russe. Je ne parlerai pas des autres causes du conflit, ni du rôle des pays de l’OTAN, pour ne pas encore rallonger.

Ramener un conflit aux ressorts aussi lointains et complexes à une simple histoire d’un chef d’état "fou" qui voudrait reconstituer en une "guerre-éclair" un empire disparu en "massacrant des civils", comme le colporte la propagande occidentale est assez réducteur et indigne d’un journaliste de votre niveau.

3°) La Tchétchénie est un des 15 états membres de la fédération de Russie alors que l’Ukraine est un état indépendant, il l’était même en théorie du temps de l’URSS et a de ce fait été un membre fondateur de l’ONU en 1945. Or, vous confondez allègrement les deux cas.

L’intervention en Tchétchénie était celle d’un état souverain pour mettre fin à des actions terroristes sur son territoire. Transposé au Burkina, pourrait-on dire légitimement que nous avons "mis sous coupe réglée" le Sahel si nous réussissions à mettre fin au terrorisme armé dans cette région pendant que les djihadistes espéraient faire sécession ?

Dans le cas de l’Ukraine, c’est une action armée de cet état hors de ses frontières pour défendre sa population exilée et trancher des différents frontaliers sur des territoires disputés (la Crimée comme d’autre territoires ukrainiens ont été russes pendant plus d’une centaine d’années).
Mais surtout selon lui pour mette fin à ce qu’il estime être une menace existentielle pour son pays, des groupes paramilitaires racistes déterminés à le détruire, et potentiellement dotées d’armes de destruction massive biologiques et nucléaires par leurs alliés et ses ennemis les plus puissants, en l’occurrence l’OTAN.

On peut trouver le second cas moins légitime, et douter de la réalité des menaces évoquées, mais c’est pourtant la même chose qu’ont fait les USA et l’OTAN en Afghanistan ou en Irak, pour se protéger et protéger le monde du "terrorisme" ou "d’armes de destruction massive" ?
C’était aussi l’objet de l’intervention de l’OTAN en Libye ou en Syrie, pour protéger les "populations civiles" supposés "bombardées par le régime" taxé au passage "d’illégitime" ? Alors ?

4°) Votre indignation au récit de "crimes de guerre" commis en Ukraine peut sembler bien sélectif. Mis à part le fait d’avaler ou pas la propagande de guerre servie par un seul des deux camps, vous ne semblez pas être aussi ému par les tueries au Yémen, la plus sale guerre de ce siècle soutenu par les mêmes puissances occidentales.

Ni non plus par les morts de civils en Syrie, en Afghanistan, en Libye, en ex-Yougoslavie, au Soudan, en Palestine, en Irak, où des tapis de bombes ont massacré aveuglément ?

Cet appel à "l’empathie" envers ceux supposés vivre la même situation que nous avec le terrorisme ressemble fort aux appels intempestifs sinon impératifs de l’occident à les "soutenir" sans questionnement dans toutes les aventures belliqueuses contre leur ennemis désignés (Irak, Syrie, Libye, Chine, Russie) en faisant dans la manipulation.

Mais il passe bizarrement sous silence les accusations de la Russie et de ses alliés séparatistes envers les ukrainiens de placer exprès des postes de tirs ou stocks de munitions dans les zones civiles en faisant des cibles, de prendre des civils comme boucliers humains, ou de torturer et exécuter des civils pour en accuser l’adversaire. Cela ne vous révolte-t-il pas autant ou avez vous choisi qui croire exclusivement dans cette "guerre informationnelle" ?

A propos de l’usage des mots, vous devriez réfléchir au fait que les propriétaires quasi-exclusifs des média occidentaux, milliardaires et proches du pouvoir comme Vincent Bolloré, Lagardère, Murdock, Hersant, Berlusconi, Maxwell, Arnault, Turner, Bloomberg ne sont rien d’autre que des oligarques, même si ce vocable ne semble utilisable que pour les "autres" pays.

Depuis longtemps mais plus depuis la mondialisation des mass média et l’instantanéité d’internet, les "petits pays" comme le nôtre sont en train d’être acheminés sinon conduits en troupeau vers un monde unipolaire, où la politique, la justice, la culture sont imposés par un centre unique, ainsi que le "prêt à penser" véhiculé par des média puissants aux ordres et uniformes possédés par quelques milliardaires liés aux pouvoirs

Plus que jamais donc, le devoir du journaliste doit être de donner une information vérifiée et équilibrée à ses concitoyens pour nous évier les dérives et, en plus de nos misères, de payer le prix fort pour les choix des autres !


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