:: Burkina : Hassane Baadhio, l’homme qui a découvert le « langage des arbres (...)

Il traîne dans sa besace une pile de documents et de coupures de presse. Sur l’un d’eux, titre l’Observateur Paalga : « Hassane Baadhio : Savant fou ou génie incompris ». L’homme rappelle un certain Magloire Somé et son codex grammatical égyptien ou le chercheur passionné d’égyptologie, Mamadou Dango. Hassane Baadhio est-il lui aussi, considéré à tort ou à raison de rêveur, lorsqu’il défend dans sa « science », baptisée « Géolettrerie », que les arbres ont un langage ? Dans un entretien qu’il nous a accordé, jeudi 23 janvier 2020, il nous parle de ses recherches mais surtout de son combat pour le respect des droits scientifiques du savant noir.

Lefaso.net : Pouvez-vous davantage vous présenter à nos lecteurs ?

H.B. : Je suis Hassane Baadhio, écrivain. Je mène des recherches pluridisciplinaires. J’ai inventé une science qui est la Géolettrerie. Dans ce cadre, j’ai découvert que les arbres parlent. Il y a des revues qui sont en train de le reconnaître . J’ai été l’un des premiers à avoir fait cas du langage des arbres depuis le début des années 2000. C’est déjà très important de savoir que les arbres ont de l’intelligence et qu’ils parlent. Aujourd’hui, plusieurs articles parus dans des revues scientifiques corroborent ce que j’avançais tant pour le langage des arbres que pour leur intelligence. Toujours dans le cadre de mes recherches, j’ai donné une interview où je parle du sport et l’importance des alphabets dans le sport. Là encore j’ai vu dans une revue scientifique un article traitant du rugby et des mathématiques des mois après mon interview.

Lefaso.net : Avant de revenir plus en détails sur les résultats de ces travaux, dites-nous depuis combien de temps faites-vous de la recherche ?

H.B. : J’ai d’abord aimé l’écriture et je suis parti d’une constatation banale par rapport aux arbres. J’ai vu qu’il y avait une ressemblance entre l’écriture et certaines formes (géométriques et alphabétiques) d’arbres. C’est à partir de là qu’ont commencées mes recherches. C’est difficile de donner une date mais cela fait quand même plus de 30 ans que je fais et l’écriture et des recherches. Mais fondamentalement, c’est à partir des années 2000 que je me suis beaucoup intéressé à la recherche.

Lefaso.net : Revenons au langage des arbres. Dites-nous en davantage !

H.B. : Je dis que les arbres ont un langage, cela veut dire qu’on peut déterminer comment ils arrivent à parler. C’est à partir de la géomancie et de certaines lettres de l’alphabet que je suis arrivé à déterminer ce langage. Aujourd’hui des équipes scientifiques l’annoncent et le confirment. Quand vous regardez certaines formes géométriques, vous constatez qu’il y a un alphabet sur les arbres et dans les arbres. A partir des deux premières feuilles de l’arbre, vous avez déjà au moins deux lettres de l’alphabet. En géomancie, vous retrouvez encore ces formes typiques de ces deux lettres. Ça c’est déjà le langage basique. A mesure que l’arbre se développe, vous allez retrouver à partir des branches, des feuilles, des fleurs, des fruits, le langage des arbres.

Lefaso.net : Peut-on lire ou prévenir des dangers à partir de ce langage ?

H.B. : Je pense que forcément. Puisque selon ce que j’ai lu aussi, on parle beaucoup des arbres d’une même espèce qui arrivent à collaborer. Je suis parti de la géomancie pour établir ou classifier certaines espèces d’arbres. Quand on parle d’arbres par bouture ou d’arbres épineux, quelle sera la nature de leur langage ? Voilà des questions qui m’intéressent.

Lefaso.net : Vos recherches ont-elles été éditées ou publiées dans des revues ?

H.B. : Actuellement, j’écris directement sur des cahiers de 200 pages. Pour la science que j’ai inventée, ça me fait déjà dix (10) cahiers de terminés. Je suis sur le onzième. Mais avant la Géolettrerie, j’écrivais directement sur des feuilles.

Lefaso.net : Parlez-nous des autres recherches …

H.B. : J’ai également parlé de sport, de lien entre les mathématiques et le rugby dans une revue. Bien avant j’ai donné une interview dans L’Observateur Paalga où je parlais de lien entre les alphabets et le football. C’est important de savoir qu’on peut déterminer beaucoup de choses. Si on arrive à faire des sondages pour déterminer que X ou Y peut passer à une élection, c’est forcé qu’on puisse faire aussi une sorte de sondage alphabétique pour savoir ce que tel ou tel joueur peut faire ?

Lefaso.net : Est-ce une démarche empirique ou scientifique ?

H.B. : C’est scientifique. La méthode, c’est à partir des alphabets et plusieurs autres éléments qui entrent en ligne de compte comme les noms des joueurs, les noms et la direction des stades, etc.

Lefaso.net : Vous l’avez dit, vos recherches sont en manuscrit. N’avez-vous pas eu de soutien pour les éditer ?

H.B. : Malheureusement en Afrique, on n’a aucune considération pour les savants. Je suis au regret de le dire et c’est le combat que je mène. Ça n’intéresse personne et pour ça aussi l’Afrique est pauvre et en retard. On n’investit pas dans la recherche. Le jour qu’on le fera, on pourra fondamentalement avancer. Je n’ai pas encore eu de soutien. Je me bats pour que la notion de droits scientifiques soit une réalité en Afrique.

Au système des Nations unies, les droits scientifiques sont reconnus au même titre que les droits politiques. Quand un leader politique a un problème, la presse en parle. Si j’étais un footballeur et que je mettais dix buts, on parlerait de moi. Il faut que les scientifiques eux-mêmes commencent à s’approprier la notion des droits scientifiques pour mener le combat. Voici d’ailleurs des raisons pour les Noirs de mener ce combat. Rechercher sur internet la déclaration sur l’utilisation du progrès scientifique et de la technique dans l’intérêt de la paix et au profit de l’humanité. Puis continuer la recherche en tapant sur Déclaration de l’UNESCO sur l’utilisation du savoir scientifique. Vous verrez que les droits scientifiques font partie intégrante des droits humains.

Lefaso.net : Avez-vous déjà approché d’autres scientifiques pour partager vos idées et recherches ?

H.B. : Non, franchement pas tellement ! Déjà quand je dis que j’ai fait une découverte, je vois un peu le regard des autres. Le peuple noir a un regard très négatif sur ses savants. Il faut véritablement combattre ce mal. Car, c’est pour cette raison que nous n’avançons pas. Un exemple. Ces jours-ci, un Nigérian a inventé une sorte de générateur qui offre de l’électricité. Dans le reportage, il est dit que 80 millions de Nigérians n’ont pas d’électricité. Puis, un Congolais a aussi inventé une machine qui donne de l’électricité de 220 volts. Et ce, avec du manioc. Alors, ces deux se plaignent du manque de financement. C’est crucial.

Le continent noir n’est pas électrifié, des fils du continent apportent des solutions originales mais ne trouvent pas de financement. Rien qu’avec ces deux inventions, nous perdons au bas mot un milliard de dollars par an. Parce qu’électrifier l’Afrique, même dans les zones rurales, c’est la moderniser. De plus utiliser le manioc pour le faire, c’est encore développer l’agriculture. Hélas, les organisations de défense des droits humains, les organisations non gouvernementales, les organisations de la société civile, les ligues des consommateurs, les élites et classes intellectuelles d’Afrique noire se murent dans un silence étouffant. Aujourd’hui, au nom des droits scientifiques qui font partie intégrante des droits humains, je les interpelle. Car, jamais le Noir n’a mené un véritable combat dans ce sens. Agissons.

Lefaso.net : Quel est donc votre cri du cœur ?

H.B. : Je lance un appel aux organisations de défense des droits humains, pas pour ma personne mais pour les savants noirs. Je ne comprends pas pourquoi en Afrique on ne met pas en avant les droits scientifiques. J’ai dix cahiers de 200 pages que je ne peux pas imprimer. Si j’avais un parti politique avec dix personnes comme députées, et que j’avais un pépin, la presse mondiale en parlerait. Les medias devraient publier sur les droits humains et les Africains ont cette obligation de défendre les droits scientifiques parce qu’il y a des traités qui le disent.

Personnellement, je n’aime pas parler de ma modeste personne. Pouvez-vous me citer le nom d’un seul savant africain qui est resté en Afrique et qui a été applaudi par les Noirs ? N’y en a pas. Dites-moi qu’est-ce que le Noir a inventé et qui a été applaudi par l’Humanité entière ? Ce n’est pas que nous n’inventons pas. Nous ne valorisons pas. C’est cela l’essence de mon combat. La Science est un tout et l’Homme noir a négligé la Science pendant des millénaires.

J’insiste pour dire que cela fait plus de 5 500 ans la charrue existe en Egypte et à l’heure où je vous parle au Burkina, il y a des endroits où l’on n’a pas de charrue. La pauvreté de l’Afrique vient de son retard scientifique et aussi de sa mentalité scientifique.

Je serai très intéressé qu’on m’aide à éditer mes recherches. Cela ne sert à rien d’avoir des travaux qui dorment dans les tiroirs alors que d’autres, ailleurs dans le monde, arrivent aux mêmes conclusions que moi. En plus, j’ai fait ces recherches sans 5 francs. Si une personnalité peut aussi me permettre d’avoir des portes ouvertes à l’extérieur pour des travaux de recherches, je suis preneur. J’ai besoin de continuer mes recherches même si je le fais en autodidacte, il y a des résultats probants. Permettez que j’ajoute que sur le plan littéraire j’ai correspondu avec le grammairien et académicien SENGHOR.

A la sortie de mon premier livre il m’a qualifié de Poète (avec majuscule). Il existe trois types de poète : le poète ; le grand poète et le Poète. Pour SENGHOR, le Poète prophétise la Cité de demain. J’ai personnellement annoncé la guerre des monnaies ; l’émergence des monnaies numériques avant l’arrivée du bitcoin ; traité dans des articles de presse des thématiques sur les monnaies africaines plus d’une décennie avant le débat sur le franc CFA.

Au plan politique, j’ai aussi publié des articles de presse où je faisais l’analyse de l’évolution politique de l’humanité en parlant de l’arrivée de certains leaders et de la mort des grands partis.Macron en est une illustration et la dislocation des partis de gauche et de droite en France aussi. Par ailleurs, je mène des réflexions dans des domaines intéressant l’art, la science, la philosophie, la psychologie, la sociologie, l’économie, la communication politique, la grammaire et le vocabulaire. J’ai même élaboré des théories pour certaines disciplines comme la psychologie comportementale. Tout cela peut avoir un plus dans ce cri du cœur.

Lefaso.net : Retard scientifique oui, mais est-ce qu’il ne faut pas repenser le mode d’emploi de l’éducation héritée de l’Occident ?

H.B. : J’ai déjà écrit un article dans Jeune Afrique pour parler de la création d’une université dans nos langues africaines. Vous savez, le problème de l’Afrique est culturel et mental. Tant que nous ne nous reconnaîtrons pas en nous-mêmes, nous ne pourrons jamais avancer. Tant que nous ne dépasserons pas ce complexe d’infériorité, nous ne pourrons pas avancer.

Lefaso.net : Votre mot de fin

H.B. : Je mène un combat pour la science, pour les savants noirs. Sachez-le, nous avons 2,4% de chercheurs scientifiques africains dans le monde pour une population d’un milliard de personnes. C’est dommage. De plus, nous n’avons aucune revue scientifique propre à nous. La classe et l’élite intellectuelles noires ne mènent aucun débat scientifique valorisant. Trop c’est trop. Et pourtant nous avons tout pour briller.

Aujourd’hui, celui qui a inventé le cellulaire que tout le monde a, c’est un Américain noir. Il y a plus de 100 milliards de dollars par an que cela rapporte à toutes les sociétés qui se sont investies dedans. Personne ne le connaît en Afrique. On ne s’intéresse pas à la Science. La Science permet toujours des évolutions sur le plan économique. Prenez les plus grands milliardaires de ce monde, c’est grâce à Internet. Si de l’agriculture au spatial, nous arrivons vraiment à faire en sorte que tous nos savants soient considérés et valorisés, l’Afrique n’aurait pas besoin de mendier. Elle se suffirait à elle-même. Et étonnera positivement l’Humanité.

Propos recueillis par Herman Frédéric Bassolé
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