Actualités :: Échéances électorales : De la nécessité d’engager le débat cette fois-ci (...)

La température politique est en train de monter tranquillement dans les différentes cités du Burkina Faso. Toute analyse faite, ce ne sont pas les marches meeting pour soutenir la candidature de Blaise Compaoré qui vont convaincre les Burkinabè. Ce ne sont pas les congrès et les annonces laconiques des candidatures à foison de l’opposition qui vont convaincre les Burkinabè.

Les pirouettes, la décomposition, l’instabilité de la classe politique sont assez préoccupantes par ces temps qui courent. On assiste à un vrai capharnaüm au sein de l’opposition et à une vraie fanfare des tanties, des mamis et autres ABC.

Les contextes préélectoraux au Burkina Faso ont toujours été riches, variés et intéressants à analyser. Pour ceux qui font les sciences politiques, il y a de la matière. La presse en raffole, l’opinion s’en délecte ; les politiciens manipulent, échafaudent des plans. Le comble est qu’il y a deux enjeux électoraux à l’horizon : la présidentielle et les communales. C’est donc bien parti pour que le thermomètre explose d’ici février 2006.

Dans ce contexte, ce qui retient notre attention est l’invite de toute la classe politique faite à tous les Burkinabè en âge de voter à s’inscrire sur les listes électorales. Ce discours, bien qu’ayant des limites, est une démarche hautement citoyenne. Cette invitation est reprise par la société civile, qui lance des appels aux Burkinabè à participer aux élections.

On assiste même à la naissance d’associations et autres mouvements citoyens, rien que pour sensibiliser les Burkinabè à s’inscrire sur les listes électorales et à prendre part aux élections. La réponse à cette invitation est certes timide, mais le rôle des partis politiques et de la société civile est la formation citoyenne. Hormis ce travail positif qui est en train d’être fait, il y a une réflexion à mener sur l’intérêt que les Burkinabè portent aux prochaines élections.

La question est simplement de savoir si il y aura un véritable débat politique sur les questions fondamentales liées à l’avenir des Burkinabè. Qu’est-ce qui va accrocher les Burkinabè au cours de cette précampagne, pendant la campagne et certainement après la campagne ? En termes journalistiques, on pourrait se demander s’il y aura quelque chose à se mettre sous la dent ou encore s’il y aura de quoi fouetter un chat.

En tout cas, à observer les préliminaires, il y a toutes les raisons d’émettre quelques inquiétudes et d’attirer l’attention de tous les animateurs de la scène politique sur le fait que les Burkinabè les attendent pour un débat. Un débat sur des questions importantes liées à l’histoire politique du Burkina, le présent et au futur des Burkinabé. Une sorte de bilan critique de 15 ans de vie constitutionnelle. Quelle a été la contribution de l’opposition à la construction du Burkina ?

Quelle est la part de responsabilité du parti au pouvoir de ce que les burkinabés vivent en bien et en mal ? Quelle a été la contribution des syndicats, de la société civile et autres mouvements pour l’enracinement de la démocratie au Burkina ?

On constate malheureusement que depuis le retour à une vie démocratique normale, les Burkinabè ont été plutôt habitués, par la classe politique, aux « feuilles » lors des campagnes électorales. Au cours des périodes électorales, on se demande si le Burkina Faso ne quitte pas subitement son rang d’avant-dernier dans le classement du PNUD pour se retrouver au sein du G8.

Toute la gesticulation à laquelle on assiste depuis un certain temps dans les provinces et villages laissent croire que les papys, tantis et autres ABC courent après quelque chose au lieu de préparer leur candidat au débat. D’autre part la déconfiture des partis de l’opposition, l’impossibilité de trouver une candidature unique et sérieuse pour l’opposition est une manifestation du « tube digestif ». On assiste plutôt à des divorces fracassants.

Avant on disait qu’il y a un parti instigateur de ces nombreux divorces, mais depuis un certain temps, ce sont ceux-là mêmes qui ont contracté des mariages obscurs qui s’entredéchirent. Chacun veut sa part du gâteau pour qu’au décompte final, même si on n’est pas élu président du Faso ou conseiller municipal, on puisse faire des alliances contre-nature, retourner les vestes et se mettre en orbite, et faire un clin d’œil à ceux qui auront engrangé un bon nombre de suffrages. L’entame de ces présentes échéances laisse beaucoup à désirer. L’absence de débats s’annonce crucial et déterminant. Pour le moment, il n’ya rien.
Par contre il y a des questions comme celles relatives à la gestion du pouvoir et à la corruption, les questions d’impunité et de justice, les questions des jeunes et de l’emploi, les questions d’éducation et de développement, du VIH/Sida, de santé. Est-ce que la classe politique va se mettre pour une fois au sérieux et confronter ses idées sur ces questions de fond ?

sur quoi va se focaliser le thème de la campagne électoral et quel sera le niveau du débat ? Il ne s’agit pas de débats de politiciens qui refusent la contradiction comme au temps des régimes d’exception, dans lesquels la vérité est à sens unique. Il s’agit de débats démocratiques, menés courageusement au risque de voir sa cote baisser.

Cette année, la participation ou la non-participation des Burkinabè risquent fort de se jouer à ce niveau. 2005 est un tournant et si la classe politique ne joue pas cette fois-ci son rôle, les Burkinabè réagiront autrement. Les "feuilles" ne suffisent plus à convaincre les Burkinabè. Elles ne seront pas déterminantes et pertinentes pour les présentes échéances...

Evariste Zongo Tél. : 70 23 96 48

Observateur Paa

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