Actualités :: Négociations gouvernement/syndicats : A quel jeu, joue-t-on ?

A l’issue de la concertation entre le gouvernement et les forces sociales, le 13 juillet dernier, il ressort que malgré les avancées significatives notées, les syndicats maintiennent leur mot d’ordre de grève pour « défendre » le droit de grève.

Une attitude somme toute normale mais qui se comprend mal dans le cas d’espèce, ceux pour qui ils se battent ayant enfreint leur code d’éthique et de déontologie.

Dans tout corps de métier, il existe des us et coutumes dont la transgression n’est pas loin de ressembler à un crime de lèse majesté, voire à une attitude de défiance et d’insubordination caractérisée. Dans le corps de la diplomatie par exemple, aller en grève ou manifester intempestivement son désaccord vis-à-vis de certaines décisions de la hiérarchie, s’apparentent à cet état de fait pour des raisons évidentes. La réserve, la courtoisie, le tact, bref la mesure de ses sens dans toutes les circonstances sont inhérents à ce métier, ce qui exige des hommes qui l’animent, une certaine discrétion. Laquelle a été rudement mise à l’épreuve récemment avec la manifestation des « diplomates-marcheurs ».

Une marche d’autant plus surprenante et incongrue qu’elle intervenait à un moment de crise de croissance de l’institution diplomatique qui avait amené ses premiers responsables à trancher dans le vif relativement à la question de la formation des agents. Faut-il le rappeler, la diversité des sources de formation avait contribué d’une part à mettre de nombreux diplomates sur le marché de l’emploi et à créer des différences qualitatives entre diplomates d’autre part.

Institution par excellence de formation des agents de l’Etat, l’ENAM se trouvait mise en concurrence avec l’Institut diplomatique des relations internationales (IDRI), avec tout ce que cela pouvait créer comme conflits de personnes et de compétences. C’est dans cette occurrence que des agents syndiqués du ministère ont jugé utile de battre le macadam pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail.

Une attitude inconvenante qui leur a valu d’être sanctionnés ce qui amène donc les centrales syndicales à aller en grève pour défendre la liberté de manifester. Un prétexte inopérant si tant est que les marcheurs ont enfreint à leur code d’éthique et de déontologie et que l’administration n’a usé que de son droit régalien d’affecter ses agents là où bon lui semble.

On oublie de le dire dans cette affaire, alors que tout agent public sait qu’en vertu du régime juridique applicable aux agents de l’Etat, ceux-ci peuvent être affectés d’un ministère à un autre pour peu que leur employeur juge ce mouvement pertinent et rentable. On comprend donc difficilement qu’il soit mis en cause dans ce qui apparaît comme l’exercice normal de ses prérogatives régaliennes. Les syndicats voudraient-ils se substituer à l’Etat qu’ils n’agiraient pas autrement.

Voilà qui nous replonge dans le débat sur le rôle de la société civile sous les tropiques. Constamment assise entre deux chaises, elle en arrive à travestir son rôle et devient de ce fait le cheval de Troie de bien de politiciens dans leur quête du pouvoir d’Etat.
Dans un contexte où le gouvernement ne cesse de faire montre de sa volonté de dialoguer il ne sied pas de doucher cette bonne volonté.

En consentant une réduction significative sur le prix de l’essence à la pompe, le gouvernement indique clairement que les conditions de vie difficiles des travailleurs le préoccupent. En le payant en retour en monnaie de singe, nos forces sociales oublient qu’elles sont plus que des forces antagoniques, des acteurs du développement de notre pays.

Le droit de grève se trouve ici assujetti au devoir de responsabilité et de clairvoyance pour comprendre que l’on ne peut pas défendre l’indéfendable.
A bon entendeur...

Par Alpha YAYA


Les hydrocarbures de la discorde

La récente augmentation du prix du carburant pourrait embraser de nouveau le front social. Les syndicats prévoient d’aller en grève à partir du 18 juillet. Des troubles à la paix sociale qui ne feront du bien à personne.

« La grosse tête reste avec son propriétaire mais un problème quelle que soit son importance est passager », dit un adage bien connu au Burkina. On sait que la forte augmentation du prix du carburant est due à des facteurs exogènes que le Burkina ne peut maîtriser ou contrôler. Pays enclavé et à plus de 1000 Km des côtes, la géologie du Burkina ne donne pas non plus l’espoir de découvrir un jour un produit fossile comme le pétrole brut. C’est dire que pour longtemps, le pays sera à la merci des intérêts des pays producteurs, des raffineurs du pétrole et des aléas du transport maritime et terrestre.

Les produits, tel l’éthanol tiré de la canne à sucre, pressentis comme substitution au pétrole sont encore au stade expérimental et leur production menacerait même l’équilibre alimentaire de la planète. Ce n’est donc pas demain que les dérivés pétroliers disparaîtront des réservoirs.

Le problème ainsi posé, comment assurer un approvisionnement régulier et à un prix abordable pour le pays ? C’est la quadrature du cercle et il n’est pas sûr que ceux qui vouent le gouvernement aux gémonies aient la solution s’ils sont aux affaires.

Le problème des taxes

Un des arguments qui revient dans les commentaires des « anti-augmentations » est l’élévation des taxes que l’Etat prélève sur les produits pétroliers. Comme nous l’avons dit plus haut, le Burkina est un pays enclavé sans grandes ressources. Le budget de l’Etat est constitué pour une grande part de la fiscalité de porte (Douanes) et des prélèvements d’impôts et taxes à l’intérieur et des aides extérieurs.

La dernière Assemblée générale des sociétés d’Etat a montré que le civisme fiscal reste le péché mignon des Burkinabè. Si des entreprises d’Etat se dérobent à cette obligation civique, que dire des privés ?
L’autre reproche est le train de vie de l’Etat qui serait trop élevé. Avec l’enclenchement du processus démocratique en 1991, les charges ont pris aussi l’ascenseur. L’entretien des institutions a un coût qu’il faut supporter.

Mais les tenants de cet argumentaire pensent qu’on peut revenir à des dépenses de fonctionnement plus raisonnables. Le comportement de certains responsables vis-à-vis de la chose publique laisserait croire que nous ne sommes pas dans un pays qui « se débrouille ». L’Etat doit aussi investir dans les secteurs comme la recherche et créer de bonnes conditions de développement de l’industrie pour contribuer à booster l’économie nationale.
Car il n’est pas sûr que c’est en diminuant la dotation de carburant ou les indemnités des animateurs des institutions qu’on résoudra le problème.

Le mal est à chercher donc dans l’environnement international qui n’est pas favorable à des économies structurellement déficitaires comme la nôtre. La très grande faiblesse des secteurs de production oblige le pays à se tourner vers l’extérieur pour son approvisionnement. Et qui dit achat dit sortie de devises.
Alors que faire ?

Le Burkina ne pouvant pas vivre en autarcie, il faut obligatoirement intégrer le facteur extérieur dans l’analyse. La conjoncture actuelle qui provoque une hausse des cours du baril du pétrole est la cause principale de l’augmentation des prix à la pompe.
Au vu de ce qui précède, les Burkinabè gagneraient à resserrer les coudes pour aller sur les chantiers du développement au lieu de jeter la pierre l’un sur l’autre. Une grève ou une marche à travers les artères de la ville de Ouagadougou ne peuvent rien changer à la flambée des prix des hydrocarbures à New York ou à Londres.

Tant qu’il y aura des soubresauts dans les zones de production comme le Golfe persique ou le Nigeria, tant que les multinationales chercheront à faire des gros bénéfices chaque jour un peu plus, les Burkinabè ressentiront le contrecoup à la pompe. C’est une des conséquences de la transformation du monde en village planétaire. La suppression des distances a entraîné aussi un rapprochement des problèmes. Ce qui se passe à Hobart en Australie nous concerne autant que ce qui survient à nos portes.

Est-il nécessaire de se « battre après que la pluie vous a battus ? »
Assurément non ! La meilleure démarche, il nous semble, est de s’asseoir autour d’une table et trouver un modus vivendi.

Par Ahmed NAZE

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