Au cimetière de Dagnoën, le dimanche 15 octobre 2006, les adeptes des idéaux sankaristes et autres sympathisants des illustres disparus du 15 octobre 1987 ont fait leur pèlerinage, le même depuis 18 ans maintenant. A ce 19e anniversaire, le ton des allocutions était au rassemblement des forces et la décision a été prise de faire de l’année 2007 l’"Année Thomas Sankara".
Que du monde dans ce lieu appelé cimetière, le domaine du silence éternel ! En cette soirée du 15 octobre 2006, des vivants n’ont pas hésité à troubler, un instant, la quiétude du lieu, mais cela en valait la peine, car l’occasion excusait cet affront. A l’approche du cimetière, les parkings improvisés et les files des voitures vous indiquaient où se trouvait le lieu de l’événement et l’attroupement vous renseignait sur les tombes à l’honneur ce soir-là.
Leaders sankaristes, membres de partis d’obédience sankariste, parents et amis des défunts, simples curieux et épris des slogans de la Révolution n’ont pas marchandé leur participation à la commémoration du 19e anniversaire du 15 octobre 1987 dans ce sanctuaire des morts, cette zone tampon entre le monde des vivants et le "fleuve noir" qu’on ne traverse qu’une seule fois dans la vie.
Cet énigmatique cours d’eau, 13 âmes l’ont traversé tragiquement un certain 15 octobre 1987 : Thomas Sankara et ses 12 compagnons, tombés sous des balles "mortelles", dira, révolté, Hubert Bazié.
"Honorer la mémoire de celui qui a représenté nos espoirs politiques, qui les a portés, qui les a symbolisés et qui a accepté de les défendre jusqu’au sacrifice suprême", c’est ainsi qu’Hubert Bazié, président du parti de l’Espoir, a justifié sa présence et celle des autres au cimetière de Dagnoën.
Tour à tour, et sur chaque tombe, une gerbe de fleurs a été déposée. Ensemble, les leaders sankaristes ont déposé, en dernier lieu, une couronne de fleurs sur la tombe du Capitaine Thomas Sankara.
Dans un message qu’elle a fait parvenir et qui a été lu par Mme Nikièma Edwige, la responsable des femmes de l’UNIR/MS, Mariam Sankara, la veuve du célèbre Capitaine, a salué la mobilisation des sankaristes, qui, pour elle et la famille Sankara, "constitue un réel réconfort, un encouragement, un soutien moral". A l’orée du 20e anniversaire de l’assassinat du Capitaine et de ses compagnons, la famille sankariste joue la carte du rassemblement. En effet, la substance des allocutions des deux leaders conforte cette idée.
Pour Maître Sankara, président de l’UNIR/MS, les partis d’obédience sankariste, "en nombre élevé, ont été une source de dispersion des forces pour mener le combat contre le régime prédateur en place". Si tant est que les sankaristes ont l’objectif de prendre le pouvoir au profit des intérêts du plus grand nombre, Hubert Bazié de la Convergence de l’Espoir estime qu’ils doivent "avoir le courage et la culture de la critique et de l’autocritique sincères et reconnaître qu’ils ont tous péché". Ainsi, avec 3 autres partis (la CPS, le FFS et le PUND), la Convergence de l’Espoir s’inscrit "dans une nouvelle dynamique qui place l’Unité du mouvement sankariste au Centre de leurs préoccupations majeures".
Le FDS et l’UNIR/MS aussi, forts du bilan satisfaisant de leur accord cadre du 28 février 2005, au sortir de la présidentielle et des municipales, entendent annoncer dans les prochains jours des décisions pertinentes. Ce qui laisse augurer un rassemblement.
L’autre fait marquant de cette commémoration est la décision, "au nom des Sankaristes du monde entier", de retenir l’année 2007 comme année Thomas Sankara. A cet effet, selon le Comité national d’organisation de la célébration de l’anniversaire, "Des activités conséquentes seront menées en 2007".
L’Observateur
