Actualités :: Les perdiems : bête noire du développement

« De plus en plus, au Burkina Faso, la population à la base refuse de contribuer gratuitement à la réalisation des projets de développement visant leur propre épanouissement ». Cette assertion de dépit, prononcée par un directeur d’Organisation non gouvernementale (ONG) du pays des Hommes intègres mérite qu’on s’y attarde.

Effectivement, nous n’avons pas besoin d’être un chef traditionnel d’un des villages les plus reculés du Burkina pour savoir que le bénévolat est « mort » dans nos campagnes. Gare à vous, si vous y allez avec la bonne volonté de former des villageois, même en saison sèche où ils ne font rien, sur comment faire, par exemple, des digues afin d’éviter l’érosion de leurs champs !

Après la première journée, si les premières bonnes volontés ne reçoivent pas des espèces sonnantes et trébuchantes, chacun rentrera chez lui en murmurant : « Ces gens-là, ils croient que nous sommes bêtes ! Demain, ils seront seuls là-bas. On leur a donné des perdiems pour nous, mais ils veulent les détourner ».

Tenez un exemple : une session de formation avait été organisée dans le chef-lieu d’un département situé à 9 km d’un village du Burkina, en mars 2006, sur le Sida. Un des participants, de retour, se lamentait en ces termes : « Ils ne nous ont donné que 1000 F CFA, après nous avoir fait manger ». Ce qu’il a oublié, c’est qu’il a reçu des connaissances sur le Sida pour la protection de sa communauté et plus égoïstement, de lui-même !

Bref, on pourrait le comprendre quand on sait que ce genre de motivation n’est pas né dans les campagnes et qu’on peut même en vouloir aux fameuses ONG qui ont créé leur diable qu’ils vont devoir combattre !

En effet, la situation est plus triste dans les villes comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, etc. Dès qu’on parle de séminaire, d’atelier..., chacun a en tête des perdiems. Ainsi, avant le démarrage des travaux, vous entendez : « Nous allons débattre des questions pratiques », c’est à dire qui empochera combien par jour et comment ? Il n’est souvent pas étonnant de voir des séminaires se terminer en queue de poisson pour des raisons de perdiems.

Les véritables coupables dans cette histoire de perdiems sont les ONG et projets qui organisent parfois des ateliers de formation, des séminaires comme activités pendant une année en donnant de fortes sommes d’argent aux participants pour justifier leur présence sur le terrain. Cela devient une habitude qui se ressent, même dans les campagnes. Dans cette logique, les ateliers et autres sessions de formation sont devenus des occasions de course effrénée vers la richesse. Raison pour laquelle, ce sont les mêmes têtes que l’on rencontre habituellement dans les séminaires de formation à n’en pas finir. Après tout, demandez leur ce qu’ils ont retenu un mois après, vous serez ahuri ; souvent, certains ne se souviennent même plus du thème.

Nous ne sommes pas contre la motivation des personnes qu’on forme, mais il va falloir savoir raison garder. En réalité, les perdiems ne peuvent pas développer un pays, ce sont quelques individus qui en jouissent. Ne pas vouloir agir gratuitement, au moment où le Burina Faso vient de s’engager dans la communalisation intégrale, serait conduire directement le processus vers sa propre mort.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

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