"Je n’ai jamais dit à un militant CDP ni à un responsable des
groupements Naam d’aller à l’ADF/RDA". Cette phrase de
Bernard Lédéa Ouédraogo viendra peut-être soulager certains
militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).
Dans la nuit du samedi 4 mars dernier au siège de la
Fédération nationale des groupements Naam (FNGN) à
Ouahigouya, il s’est tenu une rencontre qui réunissait Salif
Diallo, commissaire politique du CDP dans la région,
accompagné de Lassané Savadogo, directeur de campagne du
même parti au Zandoma, Abdoulaye Sougouri, secrétaire
général du CDP Yatenga et Antoine Raogo Sawadogo, en tête-à-
tête avec Bernard Lédéa Ouédraogo.
Celui-ci avait à ses côtés
les membres du bureau exécutif et du comité des sages de son
ONG, les 6S ou groupements Naam. En effet, depuis la période
d’établissement des listes du CDP pour les élections
municipales du 23 avril prochain, les groupements Naam sont
cités dans le débat politique dans la localité.
Mécontents de
n’avoir pas été retenus sur la liste CDP, certains responsables
de l’ONG ont dû déposer leurs valises à l’ADF/RDA. Avec cette
situation donc, dans certains villages de la localité, on raconte
que Lédéa ferait chanter les populations, brandissant son ONG
pour les amener à voter pour l’ADF/RDA.
Les populations
auraient été menacées par le député de ne pas bénéficier des
faveurs de l’ONG si toutefois elles votaient pour le CDP aux
élections. On raconte aussi que Salif Diallo lui aurait déclaré
qu’il "fermerait le robinet" aux groupements Naam (entendez par
là brouiller toutes les sources de financement de l’ONG). Les
rumeurs faisaient état qu’un climat de méfiance s’était installé
entre les deux hommes.
La rencontre s’est tenue dans un climat détendu. Cependant
Salif Diallo a dit, à l’intention de Bernard Lédéa Ouédraogo
(BLO), être surpris que ce qu’il a appris soit vrai : "qu’un député
CDP de surcroît un grand bâtisseur du monde rural, qui
auparavant avait maintes fois refusé mes propositions de venir
en politique se comporte de la sorte".
Selon toujours Salif Diallo,
il a fallu BLO et son ONG pour sauver le Yatenga dans les
années 73-80. Le ministre Diallo a aussi reconnu que la FNGN
était à l’origine de l’implantation du CDP dans le Yatenga et que
c’est suite à son insistance que BLO a accepté de se porter
maire de Ouahigouya à l’époque. Du reste, Salif Diallo a
carrément réfuté toutes les supputations selon lesquelles il
aurait menacé de "fermer le robinet" aux groupements Naam.
Il
a juré cependant de riposter si toutefois les groupements Naam
étaient effectivement mêlés à la politique du RDA. "On reconnaît
les groupements Naam comme moteur du développement
dans le Yatenga et non comme étant un parti politique" Avant de
lever la séance, les deux parties se sont donné rendez-vous le
lendemain à Gourcy dans le Zandoma où une rencontre
similaire devait se tenir.
Par Lassina SANOU
Le Pays
