Actualités :: Développement : Ce qu’il faut apprendre à tous les enfants d’Afrique, selon (...)

Malgré son retard dans beaucoup de domaines, l’Afrique n’est pas condamnée à l’échec perpétuel et au malheur éternel. C’est ce que pense Sidiki Aboubacar Wendin Philippe Zerbo, enseignant en logistique, supply chain et management des entreprises. Dans cette tribune, il démontre comment l’Afrique de demain peut cesser d’être la risée du monde si certains principes et valeurs sont inculqués à tous les enfants africains.

De tous les cinq continents, seule l’Afrique traine économiquement, végète socialement, stagne culturellement et patauge politiquement. A l’heure de la guerre des étoiles, de la bombe H ou bombe à hydrogène, de la télémédecine, du tourisme spatial et de la colonisation de la planète Mars, l’Afrique Noire peine à s’industrialiser, à se nourrir convenablement, à se soigner dignement, et à s’éduquer pertinemment.

A l’ère de la « faucheuse-moissonneuse-batteuse » et de l’optimisation de la construction des grandes retenues d’eau, nous en sommes toujours en Afrique, malgré les merveilles de la nature, à utiliser la houe et la daba et à subir les caprices de la pluviométrie.

Grâce au « transfert de technologies », processus selon lequel les asiatiques sont allés en occident apprendre la technologie, réussirent à la dompter au point de surpasser et défier l’occident sur son propre terrain. Tandis que nous les africains, nous appliquons à merveille et avec la mention excellente le « transfert de futilités », processus selon lequel nous maîtrisons plus que leurs créateurs, comment faire des vidéos obscènes, odieuses et perverses sur Tiktok ; comment inventer des fakes news sur Facebook pour salir la réputation d’autrui ; comment faire des audios diffamatoires et calomnieuses sur WhatsApp ; comment boire le champagne ; comment danser avec agilité et souplesse telle ou telle danse européenne ou américaine.

En revanche, le transfert de technologies apte au bien-être de nos populations et à l’essor pharmaceutique, éducationnel, sanitaire, culturel et économique du continent noir, relève du dernier de nos ambitions.

Premièrement, sur le plan politique, la démocratie africaine est bancale, les acteurs politiques démagogues, cupides et versatiles selon les intérêts du moment et les enjeux en vogue. Le fiasco politique est palpable, l’échec de l’élite est flagrant, l’Etat est démissionnaire et la rupture de confiance entre gouvernants et gouvernés est consommée. Le militantisme désintéressé est d’un autre siècle, le patriotisme est mort et son cadavre pue, le bénévolat est anachronique et moyenâgeux, et les chapelles politiques appliquent l’idéologie de l’œsophage, suivent le programme politique de l’estomac et réalisent le projet de société pouvant assurer les aspirations matérialistes et financières de ses membres. La politique n’est plus un engagement et une passion au service de la cause commune et de l’intérêt national, mais plutôt un gagne-pain, un complète trou salarial, un moyen d’acquérir des belles voitures, de se tailler un carnet d’adresses consistant, et d’assouvir un besoin d’être vu, connu et reconnu comme le « bon petit de tel baron du régime ».

Ensuite, sur le plan social, les inégalités sont criardes, la cohésion sociale est délitée, l’argent s’érige en temple et le bonheur se résume à l’entassement des espèces sonnantes et trébuchantes et à l’empilement des biens matériels. Il y a mille ans, les arabes esclavagisaient de force les noirs, aujourd’hui, ce sont nos sœurs noires elles-mêmes qui partent volontairement s’esclavagiser sexuellement chez les arabes, avec le fameux phénomène de « Porta Potty », pour simplement avoir l’argent. Il y a 400 ans, fleurissait la traite négrière ou l’esclavage transatlantique. Aujourd’hui, ce sont nos frères noirs eux-mêmes, qui de leur propre gré, embarquent dans des bateaux de fortune, risquant leur vie en mer méditerranée, dans la quête en Europe d’un bonheur que leurs gouvernants peinent à leur offrir en terre africaine.

Enfin, sur le plan économique, l’industrialisation africaine peine à décoller, les conséquences des privatisations tous azimuts sont désastreuses, la corruption est cancéreuse, et le continent noir ne parvient toujours pas à se doter d’une philosophie économique en phase avec sa culturel, ses réalités et ses aspirations profondes.

Malgré tout, votre humble serviteur, le rédacteur de ces lignes garde la FOI que dans cet océan de malheurs, s’érige une oasis d’espoir pour l’Afrique, le continent noir n’étant pas condamné à l’échec perpétuel et au malheur éternel. Le berceau de l’humanité pourrait un jour se dresser devant les géants de ce monde, converser et traiter avec eux d’égal en égal. Pour preuve, de par le passé, nos ancêtres bâtirent les pyramides, façonnèrent des empires avancés en sciences et robustes économiquement, et édifièrent des armées puissantes, à l’image entre autres de l’empire du Ghana, l’empire du Mali, l’empire Songhaï de Gao, de l’Empire Mossi, et l’empire Peulhs du Macina…

Pour rappel : les empereurs du Mali envoyèrent des expéditions pour conquérir l’Amérique avant les grands monarques d’Europe ; et les intrépides et redoutables cavaliers Mossés chevauchèrent héroïquement jusqu’à Gao et Tombouctou, défiant ainsi les empereurs Askia de Gao et les Pachas de Tombouctou. Les peuples de l’ouest du Burkina Faso, entre autres les toussians, les nounoumas, les semblas, les miniankas, les senoufos, les bwabas, les samos, les markas, les turkas, les lobis, les bobos et les dagara, armés seulement de flèches, fusils à pierres et gourdins, résistèrent vaillamment à la puissante armée coloniale française, équipée de ses canons et ses armes à feu. Ce fut la fameuse guerre du Bani-Volta, l’une des plus grandes guerres anticoloniales de toute l’Afrique. En s’inspirant de la bravoure et du courage de nos ancêtres, l’Afrique de demain pourra cesser d’être la risée du monde, à la condition sine qua none d’inculquer certains principes et valeurs à tous les enfants d’Afrique. A ce propos, voici ce que nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique.

Nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique, à sacraliser le travail, à sanctifier l’effort et à sanctuariser l’esprit du sacrifice et du don de soi. Nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique à rêver, à rêver sans limite, à rêver grand, et à ne pas plafonner leurs rêves au niveau des possessions matérielles et des plaisirs de ce bas monde. Nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique, la confiance en soi, l’estime de soi, le patriotisme et l’esprit d’être toujours au service de son prochain, de sa nation et de son continent. Nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique l’esprit d’émulation et non l’esprit de compétition, qui incite à voir son frère, son ami, son voisin, son compatriote comme un adversaire à dépasser, un Homme à abattre, un homme à honnir.

Nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique, qu’une belle cravate, une jolie montre et une voiture ne sont respectivement que des accessoires et un moyen de transport ; et que ce qui importe surtout, c’est la richesse intérieure et la valeur intrinsèque d’un Homme. Nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique que la réussite d’un frère, d’un ami ou d’un voisin n’est pas une menace ni un échec pour lui, que mais au contraire, il doit s’en réjouir et l’aider davantage à réussir en utilisant sa force pour compenser ses faiblesses, et en utilisant sa force pour combler ses insuffisances.

Nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique, que si l’esclavage des noirs à prospérer pendant 400 ans, si la colonisation du continent a été possible et aisée pendant 100 ans, et si aujourd’hui encore le néo-colonialisme perdure, c’est parce que les africains ne sont pas unis, aiment se trahir et sont incapables de s’entendre et parler d’une seule voix. Et leurs préciser que s’ils ne sont pas unis, s’ils ne sont pas solidaires, ils subiront à nouveau sous d’autres formes l’esclavage et la colonisation. Nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique, qu’ils doivent opérer la vengeance de l’Histoire, en se développant, en prospérant, en égalant l’occident sur le plan technologique et économique, afin que les petits-fils des esclaves et des sujets de l’occident soient les égaux des petits fils des anciens maîtres et seigneurs de leurs grands-parents.

Nous devons apprendre à toutes les jeunes filles d’Afrique, qu’elles ont une valeur intrinsèque, une intelligence, des dons, des talents, des connaissances et des compétences à exploiter, à enrichir et à mettre au service de l’humanité, au lieu de penser qu’elles n’ont uniquement que leur corps et leurs charmes comme gagne-pain et comme moyens d’ascension sociale et professionnelle. Enfin, nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique à travailler ensemble, nous devons leur apprendre que l’entreprise n’est pas un champ de guerre, mais un champ de coopération et d’entraide. Nous devons apprendre à tous les enfants d’Afrique que la calomnie, la délation et le mensonge ne sont pas des compétences pour accéder à des postes de responsabilités, et surtout, que « la lumière de l’autre n’empêchera pas sa lumière de briller ».

VIVE L’AFRIQUE
QUE DIEU BENISSE L’AFRIQUE

Sidiki Aboubacar Wendin Philippe ZERBO
Enseignant en Logistique, Supply Chain et
Management des Entreprises.
wendin.aboubacar.zerbo@gmail.com
Ouagadougou- Burkina Faso.

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