Actualités :: Afrique de l’Ouest : « La démocratie a ses défauts, mais l’alternative ne (...)

Rachidi Tapsoba, juriste-conseil et enseignant vacataire de droit privé estime, dans les lignes qui suivent, que la démocratie a ses défauts et ses travers mais l’alternative à la démocratie ne saurait être les coups d’État. D’après lui, les militaires qui viennent au pouvoir par coups d’État ne sont pas forcement meilleurs que les civils sur les plans humain, intellectuel, idéologique et politique. Et les hommes politiques ne sont pas tous des pourris. Lisez plutôt.

C’est un truisme ou une lapalissade de dire que ces derniers temps la démocratie chancelle, tangue, vacille et tend même vers une sorte de déclin en Afrique de l’Ouest.

Aujourd’hui, avec le renouveau des coups d’État dans la sous-région ouest-africaine, on entend les thuriféraires, les zélateurs et les apologistes zélés des régimes putschistes vilipender la démocratie. On entend toute sorte de théories inventées par des intellectuels d’un acabit nouveau pour vouer aux gémonies la démocratie et la jeter en pâture à une certaine opinion publique qui se dit panafricaine et anti-impérialiste. Il faut savoir que le panafricanisme et l’anti-impérialisme ne sont pas l’anarchie et la tyrannie.

Je suis d’accord que la démocratie telle qu’appliquée en Afrique laisse à désirer. Il est vrai qu’elle a montré des limites depuis de nombreuses décennies. Mais qui est responsable de toutes les tares de la démocratie telle qu’elle est expérimentée en Afrique ?

Je pense bien que ce sont les hommes qui exploitent les failles de la démocratie dans le seul but de préserver leurs personnels et égoïstes intérêts. On fait une mauvaise analyse en pensant que les défauts des hommes censés mettre en œuvre la démocratie sont les défauts du système démocratique lui-même. Ce qui est une erreur monumentale.

Si on est tous d’accord que la démocratie, en tant que système politique, n’est pas adaptée à nos réalités, il nous revient de réfléchir sur la façon de l’adapter de sorte à avoir un système assez original qui prend en compte nos réalités. Et si réfléchir pour trouver une voie originale nous semble si difficile, l’on peut néanmoins s’inspirer de modèles comme le modèle suisse. Mais au lieu de mener cette réflexion profonde, des pseudos intellectuels préfèrent avoir recours à des raccourcis intellectuels qui consistent à vanter les coups d’État, la dictature, la tyrannie voire l’anarchie.

Rien ne nous garantit que les militaires qui viennent au pouvoir par coups d’État sont humainement, intellectuellement, idéologiquement et politiquement meilleurs (même s’il existe quelques exceptions comme Thomas SANKARA) que les civils. Les hommes politiques ne sont pas tous des pourris comme on tend à nous le mettre dans la tête à travers le musèlement des partis et formations politiques.

L’erreur que ceux qui critiquent de manière acerbe la démocratie aujourd’hui commettent est qu’ils ne perçoivent le système démocratique que sous le seul angle de l’organisation des élections à travers le vote qui est le mode de désignation des gouvernants. Or, la démocratie ne se résume pas à cela. Il nous faut admettre que la démocratie est l’un des meilleurs systèmes qui permette la garantie des droits et libertés individuels comme la liberté d’expression et d’opinion par exemple. C’est l’un des systèmes qui nous évite de vivre dans la jungle et dans l’oppression.

La démocratie a ses défauts et ses travers mais l’alternative à la démocratie ne saurait être les coups d’État, la tyrannie et l’anarchie qu’on veut instituer comme la panacée sous couvert de panafricanisme et de lutte anti-impérialiste.

Rachidi TAPSOBA
Juriste-Conseil et enseignant vacataire de droit privé

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