Actualités :: Burkina : Sortir des impasses, un impératif !

Pour le philosophe Didier Ouédraogo, la guerre imposée au peuple burkinabè a ses tenants et ses aboutissants politiques et idéologiques dont on ne saurait faire l’économie si l’on veut mieux y faire face. Pour lui, il faut se poser les bonnes questions et trouver ensemble les bonnes réponses.

Les sorties médiatiques d’information, de communication tous azimuts des autorités de la Transition. - Défense, Fonction publique, Justice militaire, etc.- sont truffées de confusion et de contradictions. Le peuple, à travers des OSC, des représentants légitimes, des partis politiques, a exigé des armes pour organiser sa propre défense (sa vie et son espace vital). Que nenni ! Les autorités ont fait d’autres choix, même si la mobilisation générale et la mise en garde ont fini par être décrétées.

La situation continue de s’aggraver. Et faute de résultat satisfaisant, on est passé à l’organisation d’une communication complotiste, intérieure hier, extérieure aujourd’hui.

Et pourtant AQMI et Daech et les autres groupes terroristes ne sont pas les seuls facteurs de la déstabilisation actuelle de notre pays.

Alors, pourquoi jusqu’à présent refuse-t-on le bon diagnostic, celui qui nous oblige tous à plonger dans les racines de notre histoire nationale depuis une quarantaine d’années pour en extirper les venins malfaisants ? Qui voudrait-on couvrir et quels intérêts sauvegarder, en persistant sur ce qui apparaît à première vue comme une myopie politique ?

Autre élément. Comment peut-on observer cette attitude en politique : revendiquer sa souveraineté en faisant le vide autour de soi, pour reprocher après aux autres (alors que chacun défend d’abord ses intérêts) leur absence de secours et de solidarité ? Une contradiction qui relève simplement d’une politique à courte vue. Les lois de la géopolitique sont telles que toute décision politique doit en évaluer, en toute responsabilité, les effets à court, moyen et long terme. Ce qui suppose une claire vision au préalable, en dépit de l’urgence actuelle d’opposer ici et maintenant une force et une résistance conséquentes aux groupes djihadistes et à leurs suppôts. Toute revendication souverainiste qui compte sur le « voisin » ou sur des « partenaires » soumis aux mêmes règles et contraintes géopolitiques et géostratégiques pour la rendre effective est pour le moins illusoire, utopique, voire populiste.

Défendre un territoire, une tâche dévolue à qui de droit ; diriger et gouverner un pays, une autre responsabilité devant être dévolue à qui de droit aussi. Et pourtant, chez nous, au Burkina Faso, tout est mélangé...Un mélange du genre aux conséquences dramatiques. En effet, toute action dans un tel contexte contient son tribut. Et ce tribut fait ployer le peuple burkinabè depuis quelques temps déjà.

Par ailleurs, ces appels sans doute sincères lancés aux acteurs politiques et syndicaux, aux responsables coutumiers et religieux pour l’unité dans la lutte contre un ennemi à plusieurs visages, manque d’analyse politique conséquente. Il ne s’agit pas seulement d’une guerre contre le Burkina Faso. Cette guerre imposée au peuple burkinabè a ses tenants et ses aboutissants politiques et idéologiques dont on ne saurait faire l’économie pour mieux y faire face.

Enfin, le danger évoqué des complots d’attentat à Ouagadougou n’est cependant pas plus dramatique que cette épée de Damoclès suspendue sur la tête de tous nos compatriotes dans les villages, et dont la vie au quotidien est en sursis, depuis des années déjà. Les dangers viennent de partout et concernent tout le pays, chacune de ses filles, chacun de ses fils !

Ce sont autant de questions de fond.
Eviter de se les poser consiste à continuer dans des turpitudes, des errements, en s’enlisant dans des vraies fausses solutions.
Eviter de se les poser, c’est renoncer à la création des conditions véritables de notre souveraineté et ce faisant, donner toutes les chances à la dégradation continue de notre propre sort.

Posons-nous les bonnes questions. Ensemble, nous trouverons les bonnes réponses.

Pain, Liberté et Paix pour le vaillant peuple burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur.

Didier Ouédraogo
Philosophe
Didierouedraogo@aol.com
+33 6 63 9746 90

Burkina : L’arabe, langue oubliée de la réforme (...)
Burkina Faso : Justice militaire et droits de (...)
Photos des responsables d’institutions sur les cartes de (...)
Burkina/Lutte contre le terrorisme : L’analyste (...)
Lettre ouverte au ministre de l’Énergie, des Mines et de (...)
Sénégal : Le président Bassirou Diomaye Faye quittera-t-il (...)
Cuba : L’Association des anciens étudiants du Burkina (...)
Sahel : "La présence américaine dans la région joue un (...)
Burkina/Transport : La SOTRACO a besoin de recentrer (...)
Burkina Faso : La politique sans les mots de la (...)
Burkina/Crise énergétique : « Il est illusoire de penser (...)
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Baisse drastique des coûts dans la santé : Comment (...)
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle (...)
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des (...)
Procès des atrocités de l’Occident envers l’Afrique (...)
Afrique : Des pouvoirs politiques traditionnels et de (...)
La langue maternelle : Un concept difficile à définir (...)
Technologies : L’Afrique doit-elle rester éternellement (...)
L’Afrique atteint de nouveaux sommets : L’impact de (...)
Burkina Faso : Combien y a-t-il de langues ?

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 5397


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés