Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a annoncé avoir enregistré et traité plus de 300 plaintes de corruption au Burkina Faso en 2021 malgré l’impact négatif de la crise sécuritaire sur ses activités. C’était lors de sa 22e assemblée générale ordinaire de ce jeudi 5 mai 2022 à Ouagadougou.
Selon le secrétaire exécutif Sagado Nacanabo, le REN-LAC a mené au cours de l’année dernière 210 activités de sensibilisation qui ont touché environ 16 000 personnes dans 50 communes, 24 provinces et 11 régions du pays. Toute chose qui leur a permis d’effectuer plus de 60 saisines administratives dans le but d’apporter des solutions aux problèmes constatés.
Pour le secrétaire exécutif, la crise sécuritaire et humanitaire actuelle est en partie la résultante de la mauvaise gouvernance entretenue par les différents régimes du CDP et du MPP. « Tout comme nous devons dénoncer et proscrire les coups d’État en tant que mode d’accession au pouvoir, nous devons également bannir la corruption électorale parce qu’elle ne donnera jamais de légitimité aux dirigeants », a souligné Sagado Nacanabo.
Un processus électoral corrompu
Le REN-LAC dit avoir en effet, dénoncé un processus électoral entaché de corruption au Burkina Faso. Une situation dont il s’inquiétait du fait des répercussions négatives de l’argent utilisé (par les acteurs politiques) pour la conquête du pouvoir sur le processus démocratique du pays.
À l’entendre, le nouveau chef de l’État Paul-Henri Sandaogo Damiba a compris que sans une lutte résolue contre la corruption et la mal gouvernance, la restauration de l’intégrité du territoire national serait vouée à l’échec. C’est ainsi que M. Nacanabo lance un appel aux citoyens qui ont intérêt à un changement qualitatif, afin qu’ils exercent leur droit de veille citoyenne pour contraindre les autorités au respect des priorités et des engagements édictés dans la charte de transition.
Dans la perspective de renforcer son action judiciaire contre l’impunité des crimes économiques, le REN-LAC a mis en œuvre, depuis janvier 2022, avec l’appui de l’ambassade royale du Danemark, un nouveau projet intitulé « Tous débout contre les crimes économiques au Burkina Faso » pour une durée de deux ans.
Un système d’information pour une veille citoyenne efficace
Le réseau anticorruption dit poursuivre également la mise en place de systèmes d’information s’inscrivant dans le cadre de sa mission pour une veille citoyenne dans les collectivités territoriales du Burkina Faso. Et ce, grâce à l’appui de l’institution de droit public allemmande Kreditanstalt für Wiederaufbau (KFW se définissant en français : Établissement de crédit pour la reconstruction) à travers le fonds d’investissement pour les collectivités décentralisées (FICOD).
Un plaidoyer pour la protection des activistes et lanceurs d’alerte
En perspectives, le REN-LAC entend faire une série de plaidoyer en vue de meilleurs résultats pour les années à venir. Pour ce faire, l’institution veut d’abord contribuer à travers un plaidoyer à l’opérationnalisation de l’Agence nationale de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (ANAGRASC). L’autre plaidoyer porte sur l’application des articles concernant les assistants spécialisés, contenus dans la loi n°005-2017/AN : portant création, organisation et fonctionnement des pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières et de la criminalité organisée.
Ensuite, le réseau anticorruption ambitionne aussi mener des actions de plaidoyer pour la prise des décrets d’application restants de la loi organique n°082-2015/CNT : portant attributions, composition, organisation et fonctionnement de l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption. Cela, aux fins de donner plus d’efficacité à l’institution dans sa mission régalienne.
Enfin, considérant l’information comme un élément indispensable en matière de lutte contre la corruption, le REN-LAC entend protéger les activistes et les lanceurs d’alerte contre les abus d’autorité. Ainsi, il prévoit un plaidoyer pour l’adoption d’une loi de protection de ces acteurs qui contribuent selon le réseau, à lever un coin de voile sur les mauvaises pratiques dans l’administration publique à travers leurs publications.
La présente assemblée générale a coïncidé avec la fin du mandat des membres du Secrétariat exécutif du REN-LAC. Elle a de ce fait procédé à l’élection du nouvel exécutif à la tête du réseau composé de huit membres. À l’issue des votes, Sagado Nacanabo a été reconduit à son poste de secrétaire exécutif.
Hamed NANEMA
Lefaso.net
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