Actualités :: Financement des partis politiques : Entre détournements et déchirures

L’édification d’une nation démocratique passe par une multiplicité de partis politiques qui ont un rôle capital. Pour permettre à cette pluralité de partis politiques, l’Etat doit les accompagner afin de leur permettre de contribuer efficacement à une culture démocratique au sein de la population, à une culture de citoyenneté.

Mais hélas, cet appui financier au lieu de contribuer à renforcer la capacité des partis politiques animateurs du jeu démocratique, est la source des divisions des regroupements de partis et même des partis pris individuellement. Faut-il alors revenir sur la loi pour imposer aux partis des conditionnalités ?

Du Burkina Faso, la loi sur le financement permet à l’exécutif de décaisser 200 millions pour les répartir entre les partis politiques existants.
Une première tranche de 100 millions est répartie équitablement entre la soixantaine (sinon plus) de partis en règle vis-à-vis de la loi.
La seconde tranche est répartie au prorata de la représentativité des partis à l’issue des dernières élections.

Un soutien financier qui doit permettre de participer activement à la construction et à l’enracinement de la démocratie.

En effet, chaque parti politique a le devoir d’instruire ses militants sur des notions relatives à la citoyenneté, au respect des textes et lois, au respect des institutions républicaines. Ils doivent également leur apprendre à assumer leurs devoirs de citoyens. C’est ainsi qu’ils contribuent à la culture démocratique au sein de la population qui ne doit pas être simplement un bétail électoral.

S’il est vrai que l’Europe a mis deux siècles pour atteindre de nos jours le niveau actuel de démocratisation, cela doit servir d’expériences pour les Etats africains qui sont à une étape d’apprentissage de la démocratie. Cela veut dire que là où les Européens ont pêché cela doit servir de leçon pour les Africains et leur permettre d’avancer rapidement. A preuve, moult de ces partis, selon leur idéologie sont affiliés à un parti européen de même idéologie. Dans une dynamique de partenariat, ces partis entretiennent des rapports étroits, leur permettant de se partager des expériences. Ce qui est nécessaire doit contribuer à bien renforcer les jeunes partis politiques africains et à mieux participer au jeu politique.

Un constat amer

Sur l’échiquier politique burkinabè, un constat amer se dégage. On constate que la majorité des partis politiques ne connaissent pas en leur sein, le jeu démocratique.
Cela signifie qu’au lieu de permettre aux militants de s’exprimer sur la vie du parti, les décisions sont toujours prises par une minorité dirigeante sinon par le président fondateur et imposées à la majorité. Un culte de la personne qui malheureusement individualise l’exercice du jeu politique et désoriente les militants du parti. Ce qui creuse un fossé grandissant entre le sommet et la base.
Toute forme de gestion du parti qui ne permet pas à la base de dicter au sommet la conduite à tenir face à une situation bien donnée.

Par ailleurs, la plupart des partis politiques sont sans une administration conséquente, ni un siège qui se départit du domicile du président ou de l’un des membres influents. L’inexistence d’une administration conséquente des partis politiques les empêche de fonctionner comme une entreprise et de pouvoir asseoir des structures viables sur toute l’étendue du territoire. Conséquence, beaucoup de partis n’existent que sur papier et ne se manifestent que lorsqu’il y a un événement politique telles les élections surtout.

Le déclic à partir de 30 millions

Les révélations faites par le président du PAREN, Laurent BADO, démontrent à quel point les leaders des partis politiques ne se battent pour renforcer la crédibilité de leurs partis ni celle de la personnalité des dirigeants. Devant l’argent ils deviennent tout sauf un leader et n’ont qu’une pensée, défendre leurs intérêts égoïstes.

C’est la raison principale des multiples divisions, dislocations des partis. Comment comprendre que de l’argent à eux remis pour renforcer les structures de l’OBU, Laurent BADO et Emile PARE se soient emparés de la part du lion et n’aient gardé que 1/5 du montant de l’allocation au fonctionnement du parti (OBU) ? Ce pourquoi d’ailleurs l’allocation a été faite.

Cela met à nu toute la problématique du financement des partis politiques qui du reste n’ont aucune stratégie réfléchie de financement propre de leurs activités.
Les dirigeants sont incapables de cultiver en leurs militants cet esprit qui veut qu’ils voient en ce parti, un patrimoine dont ils doivent contribuer par leurs apports financiers à préserver. Voilà pourquoi la notion de cotisation disparaît de plus en plus dans les mœurs.

Si certains partis semblent créés par leurs géniteurs pour des « enchères politiques » juteuses ou « feuillues », comme on dit, acceptez que le militant y vienne aussi pour profiter de ce qui pourrait tomber de l’assiette ; lui demander une contribution financière pour la marche du parti c’est courir le risque de le voir partir pour d’autres horizons. Alors tant qu’à faire, laissons ainsi aller les choses.

Certains dirigeants de parti (les hommes politiques en général) sont ainsi responsables de « l’incivisme partisan » de leurs militants ; on ne devrait donc pas être surpris de tout ce cafouillage sur l’échiquier politique du Faso, puisque le nerf de la guerre, il faut aller le chercher là où on peut le trouver même s’il faut renier ses propres engagements ou même vendre son âme au diable.
C’est donc dire qu’il faut repenser la loi sur le financement des partis et celui, fait de façon spontanée pour les aider à mieux se renforcer.

La pratique de la bonne gouvernance politique passe par la gestion rigoureuse des actions et des finances du parti car c’est de là que les dirigeants apprennent à mieux protéger les deniers publics.

Sinon leur première action serait de se remplir d’abord les poches. Le Burkina étant engagé dans une dynamique de bonne gouvernance démocratique, les leaders des partis politiques ne doivent pas être en reste. Ils sont les principaux acteurs de terrain de l’application de cette gouvernance démocratique.

Par Salou Oumar
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