Démarche alerte, propulsée et soutenue par un physique de
boxeur, la silhouette de Halidou Ouédraogo est, à quelque
chose près, celle de Mike Tyson. La vie de cet enfant de Bingo
(Ouahigouya) est une véritable odyssée.
Après s’être
merveilleusement illustré lors des TPR (Tribunaux populaires
de la Révolution) par sa clairvoyance et sa connaissance du
droit, Halidou faillit être à son tour laminé par le rouleau
compresseur de la RDP (Révolution démocratique et populaire).
Il dut son salut à la clandestinité. Ressorti à la lumière avec
l’avènement du Front populaire, Halidou Ouédraogo fut un des
ouvriers de la Constitution du 2 juin 1991.
Epris de justice et de droits humains, il fonde avec une poignée
de camarades, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme
et des peuples (MBDHP).
Commence alors la longue marche
de ce magistrat de formation, vers la construction d’un monde (à
l’échelle nationale) plus juste. Le MBDHP fait florès, devient une
sorte de mur de lamentations vers lequel courent tous ceux qui
se sentent à tort ou à raison lésés, spoliés, etc.
Mais c’est véritablement le 13 décembre 1998 qui va révéler
toute la dimension de l’homme. Aux premières loges du combat
du Collectif des organisations démocratiques de masse et de
partis politiques, Halidou Ouédraogo, sabre au clair, va
régulièrement à l’assaut des ténèbres qui entourent
l’assassinat de Norbert Zongo.
Courageux et téméraire comme Emery de Narbone, l’homme
aux éternelles fines moustaches rouges ne concède aucun répit
à la IVe République. Avec ses « affidés », il parvient à faire
comprendre à tous la justesse de son combat. Alors, une après
une, les réformes politiques commencent à s’égrener.
Aujourd’hui, la fièvre est quasiment retombée, mais la moisson
de Halidou et de ses camarades est fort appréciable. Héraut du
juste et du correct, Halidou Ouédraogo a bravé et vaincu les
dangers parfois mortels. Il a, assurément, fait don de sa
personne au peuple burkinabè.
Il mérite bien l’appellation de
« Monsieur Courage » et il n’est pas exclu que l’Histoire tisse
définitivement un jour, une grande et belle couronne de lauriers
pour cet homme qui vient de se découvrir une vocation
supplémentaire, celle d’avocat. C’est dans la logique des
choses, car son combat au MBDHP épouse parfaitement le
moule du prétoire.
Le Pays
