Actualités :: Fait divers : Mariage à contre-cœur

Il est inconcevable et inadmissible qu’aujourd’hui encore des esprits bornés continuent d’arracher des filles de l’école pour les marier au nom de la tradition ou d’un intérêt quelconque. Alizèta OUEDRAOGO, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est élève en classe de 4ème dans un lycée départemental dans la province des Balé. Elle est aujourd’hui sur le point de briser sa scolarité pour le foyer conjugal pour un mariage forcé, mariage précipité par une grossesse qu’elle porte depuis près de deux mois.

Pendant les congés du premier trimestre, Alizèta est allée rendre visite à ses parents au Centre Nord du Burkina. Il ne s’agit pas là d’une visite ordinaire mais un piège pour disparaître et rejoindre son amant. En effet, selon la tradition en pays mossi, il est intolérable qu’une fille reste dans sa famille avec une grossesse non désirée. Si de son tuteur (oncle paternel), elle rejoignait son copain auteur de la grossesse, elle aurait culpabilisé ce dernier pour complicité. Elle a donc fait son sac, demandant la permission d’aller rendre visite à ses parents au village, autorisation qu’elle a reçue sans ambages de son tuteur.

Ce sac bien fait est resté quelque part non loin de sa future famille de destination. Ce n’est qu’avec un baluchon, vêtements d’un bref séjour que l’infortunée Alizèta a pris la route pour le village. Le séjour était bref, si bref que ses parents ont constaté son absence un matin et jusqu’au soir pas de signe. La nuit tomba et toujours pas de nouvelles de mademoiselle Alizèta. Les parents ont très vite appelé le tuteur qui dit n’avoir aucune trace de la demoiselle. Est-elle toujours en route pour le retour des congés ? A-t-elle été kidnappée par des malfrats ? Autant de questions qui frémissent sur les lèvres de tout un chacun. Après renseignement, Alizèta a pris ses jambes au cou et a rejoint l’auteur de la grossesse, un jeune de moins de 35 ans, déjà marié.

Selon les informations que j’ai reçues d’un membre de la famille, Alizèta a été promise quand sa mère était enceinte d’elle. Et pour tenir promesse, les parents avaient refusé qu’elle soit à l’école. C’est sa maman qui a tenu bon pour qu’elle puisse être à l’école. Et depuis lors, elle a franchi tous les échelons pour être aujourd’hui en classe de 4ème. De sources dignes de foi, les parents voulaient profiter de sa présence au village et de l’infraction commise (la grossesse) pour la marier. C’est ce qui a précipité sa fuite du village au domicile de son amant.

Ce refus catégorique de se soumettre à la volonté des parents est à leurs yeux une blessure à leur honneur, un affront, une transgression aux coutumes. En de pareilles circonstances, la maman est toujours accusée de complicité. Un ultimatum de 48 heures lui a été donné pour que la fille revienne en famille, à défaut, elle doit plier bagages pour une destination dont elle a le libre choix.

Informé de ce feuilleton qui chasse le sommeil loin des yeux, j’ai personnellement réfléchi sans trouver une solution salutaire à ce problème qui menace la scolarité de la jeune fille. Ce que j’ai pu faire pour le moment c’est l’encourager à terminer l’année scolaire sans gêne ni complexe de l’accident dont elle est victime.

Mais son esprit n’est pas tranquille à cause des agressions perpétrées contre sa maman. Faut-il obéir à la volonté des parents pour que la mère conserve son foyer ou faut-il dire non à ce mariage forcé et être pour le moment banni de la famille ? Ce sont ces questions qui tourmentent l’esprit de notre chère élève OUEDRAOGO Alizèta qui ne demande qu’un appui conseil.

KABORE Karim
Econome au CEG de Poura-Mine
abdoulkaka@yahoo.fr

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