Actualités :: Transhumance politique au Burkina : Vers une prise de conscience (...)

Un palier vient d’être franchi de fort belle manière. Après les multiples dénonciations dans la presse à propos de l’abject phénomène de la transhumance politique, il est fort heureux de constater que des populations elles-mêmes, trahies par ceux en qui elles avaient placé toute leur confiance, descendent dans la rue pour manifester leur mécontentement et exiger la démission de leurs mandataires, quand ces derniers s’apprêtent à déposer armes et bagages dans un autre parti.

Voilà des candidats pour qui les populations ont voté et qui, en retour, font la nique à leurs propres électeurs. Il est quand même trop facile d’invoquer des motifs du genre "pour convenances personnelles" pour migrer ainsi avec les voix des électeurs afin d’en faire autre chose. A-t-on demandé l’avis de ceux-là ? Le dernier cas malheureux en date, c’est le spectaculaire retournement de veste opéré par le maire de Faramana, Seydou Traoré.

Elu sous la bannière de l’ADF/RDA, l’Eléphant Traoré et bien d’autres "pachydermes" (des conseillers de la localité) ont préféré aller brouter dans les grasses prairies du parti au pouvoir. Un acte insalubre que des militants et sympathisants ADF/ RDA de la localité ont refusé de cautionner, allant même jusqu’à donner de la voix à l’occasion d’une marche-meeting le 10 octobre dernier dans la localité.

Si cette pirouette de ces élus locaux n’est ni plus ni moins qu’un acte d’escroquerie politique, faut-il vraiment s’étonner de ce qui est posé là comme un véritable problème de moralité politique au Faso ? Assurément, non, et pour cause. Tant qu’il y aura des candidats qui n’ont pour seul projet que leurs intérêts propres et immédiats, tant qu’il y aura des gens toujours prêts à suivre la direction du moindre vent, pour peu que celui-ci apporte les opportunités les plus délectables, le problème restera entier. Par ailleurs, tant que les mandats électifs seront attribués à des militants de la 25e heure (donc généralement peu fiables) ainsi qu’à des membres de partis sans aucune base ni aucune conviction idéologique ni politique, ce phénomène existera.

Enfin, tant que certains hommes politiques se donneront à un autre parti comme une marchandise vendue au plus offrant, après que l’étiquette aura été changée parce que le produit ne fait plus recette, cette plaie sera toujours là.

Il faut toujours s’attendre à ces gifles à la face de la jeune démocratie burkinabè tant que, avant de se voir attribuer des mandats électifs, les candidats n’auront pas fait la preuve de leur longue et indéfectible fidélité à leur parti.

Ce qu’on a vu à Faramana est un début de prise de conscience citoyenne portée par une contestation populaire, qui doit être saluée à sa juste valeur, parce que participant de l’assainissement de la morale politique au pays des hommes intègres, et constituant un pas de plus dans l’avancée de la démocratie burkinabè. Plaise donc au ciel que cet exemple fasse tache d’huile. Toutefois, pour rester logique envers elle-même, l’ADF/RDA devrait également se garder d’accueillir en son sein des militants d’autres partis, le CDP notamment, qui viendraient à frapper à sa porte sans s’être dessaisis au préalable de leur mandat électif.

Qu’on ne se voile pas la face. Un mandat électif, ça doit se mériter. Ce n’est pas un butin qu’on va monnayer. Au Burkina, la politique passe pour un domaine où tout est, avant tout, affaire d’argent. De l’argent à amasser au plus vite pour se hisser au plus haut de l’échelle sociale.

Certains diraient qu’on vient en politique comme on surgit de nulle part. Quelqu’un avait eu à dire que la politique, sous nos tropiques, avait plus que besoin d’être ennoblie. Encore faut-il qu’elle sache fonctionner sur certains principes qui soient eux-mêmes nobles. En cela, il faut admettre qu’une carrière politique se forge. En Occident, ceux qui ont mérité la confiance des électeurs ont su compter sur la durée. L’homme politique français Alain Juppé, ce personnage charismatique de la droite française, n’a pas, comme on le sait, surgi du néant. Son talent, doublé d’une constance politique et d’une fidélité à toute épreuve, a fait de lui un personnage adoubé.

Il est certain qu’un militantisme de bon aloi a plus de mérite qu’un opportunisme qui sait toujours trouver des raisons à ses perpétuelles incohérences.

Mais si, jusque-là, le phénomène du nomadisme politique persiste, c’est parce que la possibilité des candidatures indépendantes n’est toujours pas admise. Profondément meurtries par les crocs-en-jambe, les escarmouches et autres attaques, bien des créatures ont dû quitter la mare pour trouver refuge ailleurs, c’est-à-dire adhérer à d’autres partis, quand bien même elles n’en partageaient ni les idéaux ni les convictions.

Est-ce là la meilleure démarche ? Il ne fait, en tout cas, pas de doute qu’un militant fidèle, pénétré des convictions du parti et qui est parfaitement engagé, apporte, à sa façon, de la terre à la termitière démocratique en construction au Faso. Il ne viendrait à l’esprit d’un tel militant d’aller toquer à la porte d’un autre parti. Pas plus qu’il ne viendrait à l’esprit d’un autre parti de vouloir le débaucher.

Le Pays

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