Actualités :: L’incontournable dialogue social

Les organisations syndicales ont appelé les travailleurs des secteurs public et parapublic à observer un arrêt de travail de 48 heures du mardi 23 mai au mercredi 24 mai 2006 pour, disent-elles, revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail.

En réponse, le gouvernement rappelle, entre autres, qu’est interdite toute grève avant épuisement des procédures de conciliation et d’arbitrage, conformément aux dispositions du code de travail en vigueur. En vérité, ce rappel du gouvernement est une mise en garde contre une grève dont il ne voit pas le bien-fondé.

En d’autres termes, cet arrêt de travail que les organisations syndicales projettent pour bientôt est illégale. Si notre appréciation de la réponse du gouvernement et nos souvenirs sont exacts, ce serait la première fois depuis ces dernières années que le pouvoir pourrait aller loin dans « l’affrontement » avec les syndicats.

Pendant longtemps, le gouvernement et les organisations syndicales ont entretenu des relations certes difficiles (quoi de plus normal d’ailleurs !) mais courtoises et en certains points fort fructueuses. Mais l’atmosphère a commencé à se détériorer quand les organisations syndicales ont exprimé leur ras-le-bol le 1er mai dernier, jour de la fête du travail, en ne remettant pas, contrairement aux habitudes, leur cahier de doléances au gouvernement. Pourtant, ce ne sont pas les revendications qui manquent.

Les syndicalistes entendaient ainsi manifester contre ce qu’ils appellent le mépris, l’indifférence, l’immobilisme des pouvoirs publics face aux demandes des travailleurs. Le gouvernement, s’en défend et affirme être à l’écoute des travailleurs dont il comprend par ailleurs le bien-fondé des revendications. Il se dit toujours ouvert au dialogue et à tout ce qui peut renforcer la démocratie au Burkina Faso.

Le retrait des organisations syndicales de la table des négociations le 4 mai dernier pour protester contre l’augmentation du prix de l’essence est révélateur de la crise de confiance entre le pouvoir et les représentants des travailleurs. Alors que les négociations étaient placées sous le signe de l’espoir avec les promesses fermes que le gouvernement entendait faire pour améliorer les conditions de vie des travailleurs, les malentendus ont fini par l’emporter sur l’essentiel.

En dernier ressort, personne ne gagne dans cette situation où il faut savoir raison garder. La réalité, c’est que l’augmentation vertigineuse et continue du prix de l’essence porte un coup rude au pouvoir d’achat des populations. Le directeur général de la Société nationale burkinabè des hydrocarbures, on s’en rappelle, avait averti que les cours du pétrole ne baisseront pas en 2006. Mais pas au point, pensait-on, de réduire autant le niveau de vie des gens.

Le pétrole (c’est même un truisme) joue un rôle important dans la vie économique des pays. Sans débouché sur la mer, sans pétrole, le Burkina Faso a plus de difficultés à s’approvisionner en pétrole, un produit stratégique dont la flambée des prix, comme nous le constatons actuellement, pèse énormément sur le cours de la vie des populations. Depuis ces dernières années, le prix de l’essence à la pompe ne cesse de monter en flèche au Burkina alors que le pouvoir d’achat des travailleurs est resté le même. Il faut s’attendre à ce que la persistance de la flambée de ces prix ait des effets d’entraînement.

On pourrait assister à une augmentation en cascades des prix d’autres produits et services tout aussi essentiels. La lutte contre la pauvreté ne se fera pas sentir de sitôt ; bien au contraire, les efforts dans ce sens seront annihilés. Il ne sert à rien de dire aux Burkinabè que leur pays ne produit pas du pétrole. Les Burkinabè le savent, eux qui demandent seulement que le gouvernement agisse sur les taxes pour leur éviter une vie encore plus difficile.

Le gouvernement ne doit pas prêter le flanc mais se donner les moyens de réduire le coût de l’essence. Les Burkinabè ne le comprendraient pas s’il dit et fait le contraire. Il faut souhaiter que les syndicats et le gouvernement reprennent le dialogue pour sauvegarder la paix sociale qui nous a permis jusque-là de venir à bout des situations les plus difficiles au lieu d’observer un face-à-face tendu et dangereux.

Bessia BABOUE

Sidwaya

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