Actualités :: Gouvernement-Syndicats : Arrêter le jeu de cache-cache

Contrairement à la coutume, les organisations syndicales ont décidé, cette année, d’amputer la célébration de la Journée internationale du Travail, d’un acte empreint de symbole : la traditionnelle remise du cahier de doléances des travailleurs au ministre du Travail et de la Sécurité sociale.

Pour exprimer leur ras-le-bol face à ce qu’ils qualifient d’immobilisme et d’indifférence des autorités politiques, et face à des murs de silence qui, depuis des années, sans cesse se dressent devant eux, les représentants syndicaux viennent en effet de se passer de ce fameux cahier ; un concentré de préoccupations dont ils présument que, tout comme les précédentes, elles iront alourdir les tiroirs du ministère de tutelle et resteront finalement sans suite.

Cette décision pour le moins inhabituelle mais somme toute pas surprenante, consacre, selon toute vraisemblance, une rupture de confiance entre les partenaires sociaux. Le dialogue social, celui-là même dont les syndicats avaient cru, à un certain moment, qu’il avait pris suffisamment d’envol pour produire des résultats acceptables pour tous, et dans lequel ils avaient placé beaucoup d’ espoirs, mais qui, au fil du temps, passait pour un jeu de cache-cache, a finalement pris du plomb dans l’aile. Passé donc le temps où ces organisations syndicales accordaient aux autorités une présomption de bonne volonté tant la concrétisation des engagements tarde, jusque là, à se manifester.

En optant de laisser dans les tiroirs la synthèse de leurs préoccupations, les organisations syndicales traduisent sans doute là leur volonté d’envoyer aux autorités un signal fort et de revêtir leur acte d’un symbole profond. Les dirigeants le percevront-ils comme tel ? En tout état de cause, ils jouent leur crédibilité.

Acceptera-t-il de lâcher du lest ? Si tel n’est pas le cas, si le gouvernement refuse d’accéder à la requête des syndicalistes, c’est qu’il n’est pas loin de croire qu’il est en position de force et qu’il estime que le rapport de forces entre lui et le monde syndical est en sa faveur. En mesurant la force de frappe des syndicats, dont on a l’impression qu’elle s’est émoussée au fil du temps, les autorités seraient peut-être confortées dans l’idée qu’il n’y aura pas péril en la demeure si elles font la sourde oreille ou si elles optent pour le dilatoire.

Car, divisés, souvent infiltrés, paralysés par des querelles internes et intestines, et en fin de compte affaiblis, bien des syndicats aujourd’hui, ne font plus peur. L’opposition qui aurait pu leur porter main forte a, en ce qui la concerne, été si laminée lors des dernières consultations électorales qu’il serait quasi insensé de compter sur elle. Déjà qu’elle n’a pas fini de digérer sa cuisante défaite électorale, comment lui demander de fouetter d’autres chats ?

Grisé par les victoires électorales qu’il vient de remporter et conforté dans l’idée que les populations sont avec lui, le pouvoir court le risque de ne pas se livrer à une introspection profonde et à une remise en cause suffisante. Il pourrait faire de l’auto-satisfaction par rapport au bilan de sa gestion écoulée et manoeuvrer comme il l’entend. Pourquoi se sentirait-il par exemple obligé de lâcher du lest, en termes de satisfaction de revendications syndicales, surtout quand la lutte syndicale s’apparente à un jeu difficile dans lequel il faut faire le minimum de concessions de peur que le camp d’en face n’en réclame trop ? Si les victoires avaient été remportées de haute lutte par le pouvoir, elles auraient certainement contraint ce dernier à une autre lecture du bilan de la gestion du pouvoir écoulée.

Cela dit, le programme politique de Blaise Compaoré, "Le progrès continu pour une société d’espérance", auquel les populations ont, en principe, massivement souscrit à l’occasion de l’élection présidentielle du 13 novembre 2005, ouvre sans doute une nouvelle ère. Espérons que passée l’euphorie de la victoire, les promesses seront tenues. Si, comme il a été dit, dans le partage des fruits de la croissance, personne ne sera laissé pour compte, on ose souhaiter que tous les Burkinabè, sans exception aucune, ne seront pas oubliés, y compris les syndicats. Des syndicats en qui les pouvoirs publics devraient cesser de voir toujours une volonté de les nuire. D’autant que cette perception des choses peut conduire à un certain raidissement.

Aussi faudrait-il que ces pouvoirs arrivent à se départir de l’idée que les marches et manifestations des syndicats sont comme un affront à leur endroit, une sorte de guerre déclarée dont la bataille devrait, pour eux, se gagner à l’usure. Que demandent les travailleurs ? Rien plus, en principe, que leurs conditions de vie soient améliorées. Gageons que les demandes des organisations syndicales, qui seront portées directement aux oreilles des gouvernants lors des négociations des 4 et 5 mai prochains, trouveront une écoute attentive, dans l’intérêt et, de l’Etat, et des travailleurs.

Le Pays

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