Actualités :: Municipales 2006 : En attendant les « roitelets »...

Comme pour réconcilier les Burkinabè entre eux et leur permettre de bien se remettre des courbatures des trois semaines de campagne électorale, les vannes célestes ont été très généreuses le jour du scrutin devant consacrer la communalisation intégrale du pays. Un très bon signe, disent les anciens, qui se sont cependant gardé de faire des prévisions post-électorales.

Ici et là, on s’accorde pour dire que tout s’est déroulé sans accroc. Il est vrai que de grands progrès ont été accomplis dans le sens de la tolérance, mais force est de constater que le goût des empoignades politiques fait partie de l’héritage des Burkinabè. Certaines régions, le Centre-Ouest notamment, avec Bobo-Dioulasso, Ouahigouya, le Sahel et, dans une moindre mesure, les Cascades, pourraient être classées comme zones politiquement intéressantes à observer.

A l’évidence, le Congrès pour la démocratie et le progrès n’aurait pas grand souci à se faire pour ce qui sera de la quantité de conseillers engrangés ; quitte à perdre quelques plumes et être contraint de laisser le paysage communal paraître comme un manteau d’Arlequin. Dans les coulisses de ce parti pourtant, des candidats n’hésitent pas à avouer qu’ils ont glissé leur bulletin dans l’urne en pensant plutôt à Blaise Compaoré et non pas à ces ’’mêmes vieilles têtes’’ dont certaines, il est vrai, ont encaissé des coups peu honorables. N’est-ce pas la raison pour laquelle les derniers jours de la campagne semblaient chauffer à blanc dans certains secteurs de la ville de Ouagadougou ?

Sur les milliers de conseillers que comptera le pays, le CDP semble en mesure d’en prendre un peu plus des deux tiers : les mécanos savent qu’il est difficile de desserrer un écrou même rouillé ; il faut y mettre de l’huile... et attendre !

De toutes les formations politiques qui ont battu campagne pour les municipales, l’on en comptera, tout au plus, une dizaine dans le jeu de la communalisation, le CDP et l’ADF-RDA étant les locomotives. Pour ce parti qui teste sa capacité de mobilisation pour l’avenir, les espoirs de gains pourraient être revus à la baisse.

Les détracteurs voient là un mauvais choix des acteurs, mais l’on pourrait le dire pour la majorité des partis politiques. Il est vrai que, pour paraphraser le chevalier français Bayard, « ce n’est pas la valeur des murailles mais celle des hommes qui rend les forteresses imprenables ». Cela pourrait d’ailleurs se vérifier dans des zones comme le Passoré, le Sahel et les Cascades...

Si aucun déséquilibre n’a été constaté dans le traitement réservé aux partis politiques, des observateurs auront cependant noté cette fâcheuse tendance du parti majoritaire à s’identifier à l’Etat qui est, en principe, indépendant et attentif à toutes les opinions, même les plus divergentes...

Ce qui aura abondamment alimenté les débats post-scrutin et qui pourrait rester longtemps encore objet de polémique, c’est le fichier électoral.

’on aurait moins voté cette fois qu’à la présidentielle. S’est-il agi d’absentéisme politique, d’abstentionnisme « forcé » ou d’autre chose ? Comme l’a dit un électeur brandissant sa carte mais qui n’avait son nom nulle part, « ce n’est pas de notre faute ». Ces erreurs du fichier électoral que d’aucuns auront qualifié d’« anomalies » déçoivent, de scrutin en scrutin, nombre d’électeurs qui s’attendaient à mieux !

Hélas, en dépit d’un battage médiatique ayant même bénéficié de la promotion d’une production de prestige, le résultat a été très en deçà des attentes ; des « erreurs » que les mille et une explications du président de l’institution n’ont guère pu justifier après la clôture du scrutin. Visiblement, la CENI a raté le coche avec son fichier électoral...

Une analyse du scrutin par région montre que les électeurs, dans certaines d’entre elles, auront réagi plus grâce à des ressorts socioculturels qu’idéologiques ou de programmes. Qu’en sera-t-il lorsqu’ils se trouveront confrontés aux dures réalités socio-économiques ?

Si l’on s’en tient au calendrier officiel, tout devra être en place en juin-juillet. Ce sera alors le temps des ruptures, qui n’iront pas sans accrocs ni crises diverses si l’on ne procède pas rapidement à l’instauration d’un climat de confiance alliant la délégation des pouvoirs aux moyens afin de permettre de mieux utiliser les compétences et les opportunités.

Par ailleurs, les nouveaux élus pourraient tirer leçon de ce qui s’est déjà produit et qui a abouti à certaines décisions administratives : il est évident que ceux qui pensent « ma poche, mon parti, ensuite ma communauté » ne devraient pas trouver place dans le jeu. Malheureusement, et jusqu’à preuve du contraire, la tyrannie des bureaux politiques est toujours présente, et les débats initiés par le CSC à la télévision auront démontré que dans la majorité des cas, l’omnipotence des maires n’est pas un vain mot...

L’on s’attend cette fois à des records de plaintes et de recours devant les tribunaux. Il faut seulement souhaiter que les partis politiques ne versent dans une « Berluscomania » maladive qui pourrait entraîner d’autres problèmes. Quoi qu’il en soit, il faudra empêcher la décentralisation de se muer en une néo-centralisation contrôlée par des partisans patentés et des responsables qui n’hésitent pas à prendre la place de ceux qu’ils devraient servir...

A. Pazoté

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