ActualitésDOSSIERS :: Procès Vincent Dabilgou : « Dans les partis politiques, on ne demande pas (...)

« Détournement de deniers publics, abus de fonction et complicité de financement occulte de parti politique », tels sont les chefs d’accusation retenus contre le prévenu Malick Koanda, directeur général de la Société nationale de gestion du patrimoine ferroviaire du Burkina Faso (SOPAFER-B), au moment des faits. A la barre ce jeudi 15 juin 2023, le prévenu dit ne pas reconnaître les faits qui lui sont reprochés.

Invité à se prononcer sur les chefs d’accusation qui pèsent sur sa personne, le prévenu Malick Koanda a tenu d’abord à retracer sa version des faits qui remontent à 2020.

« Jean Gabriel Séré est passé me voir à mon bureau et m’a dit que le ministère a reçu des fonds dans le cadre du projet Burkina-Ghana. Il m’a fait savoir qu’en plus des dépenses inhérentes au projet, il y avait des dépenses connexes. Demandant plus de précisions sur ces soit disant dépenses connexes, il m’a dit que c’est un soutien du ministère dans le cadre du projet, vu que c’est la SOPAFER-B qui supporte les charges de carburant. Je n’ai pas trouvé d’inconvénient à ça. C’était un don. Je lui ai donc fait savoir que nous avons nos prestataires pour ce cas de figure mais il m’a signifié que le ministère a déjà son prestataire. C’est là qu’il m’a présenté le contrat en la matière que j’ai signé. Cependant, contrairement à ces propos qui disent que c’est en période de pré-campagne que j’ai signé le contrat, je précise tout de suite que ce n’est pas le cas. Je l’ai signé en janvier 2020. Quand je l’ai signé, je m’attendais à ce que le contrat me revienne. Il ne m’est plus jamais revenu. Je pensais à la longue que c’était une histoire classée vu que c’est le ministère qui achetait le carburant. C’est plus tard que M. Séré m’envoie un audio pour me dire que je devrais m’expliquer auprès de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) pour avoir acheté du carburant, alors que c’est le ministère qui a acheté le carburant en question. Personnellement, je ne reçois pas de carburant. Comment je peux expliquer que j’ai reçu du carburant alors que je n’ai pas reçu de carburant ? C’est plus tard que j’ai constaté que c’est lui (Jean Gabriel Séré) qui a signé les bordereaux de livraison. Après l’ASCE-LC m’a appelé pour me montrer un lot de documents, parmi lesquels le contrat que j’ai signé, me disant que le carburant qu’on a acheté a été utilisé pour la campagne. J’ai fait comprendre à l’ASCE-LC que même si ce carburant a été utilisé pour la campagne, c’était complètement à mon insu », a relaté le prévenu.

De la lecture des procès-verbaux, le procureur relèvera qu’à l’approche de la campagne, M. Koanda a reçu de l’argent de la part du ministre pour l’acquisition de motos. Ces motos en question ont été stationnées à la SOPAFER-B. A la question de savoir d’où provenait cet argent qui a servi à l’achat des engins, M. Koanda répondra : « Dans les partis politiques, on ne demande pas d’où vient l’argent. Ça ne se passe pas comme vous pensez. Cela fait trente ans que je suis dans la politique et on ne demande pas. C’est le président qui sait d’où vient l’argent et une fois qu’on l’a, on va à la conquête de l’électorat », a-t-il laissé entendre.

Pour l’Etat burkinabè, M. Koanda savait pertinemment que ce contrat ne serait jamais mis à la lumière du jour, car devant servir à des fins autres que la fourniture en carburant. « Sinon, comment expliquer que vous ayez pu signer un contrat de 131 millions de FCFA sans le lire ? Ensuite, vous dites que vous avez signé le contrat en janvier alors que les documents pour que le carburant vous soit livré ont été signé en mars, décembre. Comment cela est-ce possible ? » s’est demandé l’Etat.

A ces questions, le prévenu répondra avoir eu simplement confiance. « J’ai fait confiance à M. Séré. J’ai eu même une confiance aveugle je dirais. Seulement, c’est un don. Pour le don, c’est celui qui le fait qui y met ces conditions et d’ordinaire, ce sont des conditions qu’on peut respecter. Je ne pouvais pas savoir que dans ce contrat, il était stipulé que nous avons reçu l’argent en espèces pour ce qui est du carburant. Quant aux dates diverses contenues dans les documents montrant quand est ce que cela a été signé, je tiens à préciser que j’ai signé ces documents et le contrat le même jour, c’est à dire en janvier 2020. Même s’il est mentionné que c’est en mars ou en décembre que j’ai signé ces documents, c’est en janvier 2020 que je les ai signés tous en même temps. Il arrive qu’on fasse cela d’ordinaire et c’est juste pour montrer aux prestataires à quelles dates nous voulons qu’on nous livre le carburant. Cela ne veut pas dire que c’est à cette date précise que j’ai signé. D’ordinaire nous procédons ainsi et le prestataire sait à la date indiquée que nous devons être livrés ».

Pour le procureur, ce procédé cache en lui-même des faussetés car la SOPAFER-B est une structure autonome et des dires du prévenu, jamais une donation ne s’est faite suivant ce procédé. « Le minimum pour vous serait que vous lisiez le contenu de ce qui a été écrit dans le contrat, vu que vous ne recevez pas de donation de la sorte », a pesté le procureur.
Après avoir écouté les parties, le tribunal a suspendu l’audience du jour. Le procès reprendra le vendredi 16 juin 2023, à 9h.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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