Actualités :: Front social : 2006 une année comme les autres ?

"2006 sera une année sociale ou ne sera pas". Sur la base de quels critères un quotidien de la place réputé sérieux a-t-il pu jeter un si gros pavé dans la mare en début d’année ? Pourtant ce diagnostic hasardeux à la limite du pessimisme fait des émules.

En effet, la semaine dernière lors d’un débat sur la formation du nouveau gouvernement radiodiffusé par une station FM de la place, on a pu entendre un confrère jouer à l’oiseau de mauvais augure en affirmant que la paix sociale dont nos gouvernants se prévalent tant, ne tiendrait qu’à un fil d’araignée.

Personne n’est contre la paix sociale mais l’opposition, suivant son analyse, ne resterait pas les bras croisés devant l’arrogance du pouvoir et les injustices sociales. Injustice sociale, le mot est lâché comme un prêt-à-porter pour habiller d’hypothétiques contestations supposées marquer l’année 2006. On aurait voulu lire ou entendre une argumentation soutenue mettant en relief les germes de ces éventuels troubles sociaux annoncés comme imminentes.

Mais rien de tout cela ! On nous donne plutôt à entendre du déjà entendu : cherté de la vie, revendications sectorielles des travailleurs licenciés après la liquidation de leurs entreprises. De fait, on a pu lire cette semaine dans la presse une lettre ouverte des ex-employés de l’ONBAH, de Faso Fani, de la CEMOB, des sociétés liquidées, qui interpellaient pas moins que le président du Faso lui-même sur des droits de travailleurs non payés par les liquidateurs.

On a aussi lu l’interpellation des centrales syndicales à l’endroit de la direction générale de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) sur la gestion de l’institution. Quoi de plus normal que ces démarches de la part des travailleurs et leurs syndicats ! Elles sont habituelles et annuellement remises à jour selon la circonstance.

2006 ne semble donc pas déroger à la règle. Les travailleurs et leurs syndicats continueront à revendiquer leurs droits, à faire des grèves, des meetings, des marches pour mettre la pression sur le gouvernement et le patronat. Le gouvernement qui n’a jamais refusé le dialogue devrait poursuivre dans cette logique.

Entre le souhaitable exigé par les travailleurs, l’Etat défendra le possible suivant les moyens qui sont siens et les lois qui régissent les conventions du travail. Entre les deux "extrêmes", gouvernement, patronat d’une part, centrales syndicales d’autre part ont par le passé trouvé un modus vivendi. Pourquoi alors 2006 serait différente des autres années ?

A priori, il n’y a aucune raison que cette année soit plus perturbée que d’autres. Certes, il y a les élections municipales qui représentent des enjeux importants. La tentation peut être grande pour des politiques en perte de vitesse de pousser les syndicats et les associations de la société civile dans la rue. Leurs objectifs à court terme seraient alors de profiter d’éventuels remous sociaux pour attirer à eux les électeurs.

Mais ce qu’ils n’ont pas pu réaliser en 2005 pendant la présidentielle, le pourront-ils pendant les municipales ? En effet on connaît le sort réservé au mot d’ordre d’un certain Collectif pour la défense de la Constitution (CODECO) qui en appelait à des manifestations de rejet de la candidature de Blaise Compaoré. On connaît également l’échec du boycott actif du scrutin prôné par Hermann Yaméogo de l’UNDD. Ces deux exemples les plus proches nous fondent à affirmer que les syndicats et les mouvements associatifs de la société civile burkinabè prennent de plus en plus du recul par rapport au politique. C’est l’une des conditions sine qua non de leur crédibilité.

Alors on se risque à penser que des syndicats sérieux en dialogue permanent avec un patronat et un Etat sérieux ont beaucoup de chance de parvenir à des accords acceptables. C’est le prix à payer pour que 2006 nous préserve cette paix sociale indispensable au progrès économique et social d’une nation. Qui a dit que "la paix ce n’est pas un mot, c’est un comportement" ?

Djibril TOURE
L’Hebdo

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