ActualitésDOSSIERS :: Insécurité au Burkina : « Le gouvernement a intérêt à prendre à bras le corps la (...)

La région de l’Est semble connaitre une recrudescence des attaques terroristes. Pourtant, sa situation géographique est un atout pour les activités commerciales. Dans cet entretien accordé au journal en ligne Lefaso.net ce 2 février 2023, Marcel Ouoba, un ressortissant de la localité et par ailleurs rédacteur en chef de Gulmu-info, tire à nouveau la sonnette d’alarme et appelle le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, au respect de ses engagements sur le plan sécuritaire.

Lefaso.net : La région de l’Est semble agoniser. Quelle est la situation à ce jour ?

Marcel Ouoba : Le mot agoniser est très faible pour signifier la souffrance des populations. La région de l’Est se meurt. La situation dans la région de l’Est est telle que personne ne peut encore survivre ou vivre sans crainte si ce n’est dans la seule ville de Fada. Toutes les autres villes sont sous blocus et le monde survit grâce à l’aide et à l’accompagnement des organisations humanitaires. La situation est telle que toutes les routes après Fada sont un calvaire et un mouroir, le terrorisme monte de jour en jour, des innocents sont tués pour avoir eu le malheur d’être dehors lors du convoi de ravitaillement de la mine. Quoi dire encore lorsqu’on sait que l’éducation est quasi inexistante dans plus de 80% de la région.

Le mouvement U Gulmu Fi dans une déclaration rendue publique le 24 janvier 2023 dénonçait le silence des autorités dans la gestion de cette crise. Est-ce que vous confirmez cela ?

Ce n’est pas seulement le Mouvement U Gulmu Fi. Je l’ai dénoncé à plusieurs reprises et dans plusieurs médias aussi. Toutes les tueries, les bavures et les autres événements qui se passent dans la région se passent dans un silence absolu. Les gens sont enlevés dans un silence absolu dans la région. Rien ne peut expliquer ce silence. Toute la population souffre énormément de ce silence des autorités. Et comme vous le savez, cet état de fait entraîne les fake news, et les exagérations dans les événements.

Que fait la jeunesse pour que la région ne soit pas oubliée ?

La jeunesse est très active sur les réseaux sociaux à travers les dénonciations. Des activités d’interpellation sont en vue dans les jours à venir afin de sonner le tocsin pour que la région soit prise au sérieux. Parfois, on se demande si nous sommes des sous Burkinabè. De même nous interpellons ceux que nous connaissons aussi dans les instances de décision sur la nécessité de tout faire pour que la région ne tombe pas.

La région de l’Est est très vaste (17% du territoire national). Ne pensez-vous pas qu’il faille davantage de temps au gouvernement de la transition pour mettre en place une vraie stratégie de lutte ?

Le temps… Cela fait sept ans qu’on attend que le secours nous vienne du gouvernement. Les gouvernements se sont succédé et nous sommes toujours dans le même scénario. Jusqu’à quand devrons-nous encore attendre ? A l’Est, l’année dernière plus de 100 jeunes ont été enlevés, le gouvernement a gardé un silence total. Cette année, 20 autres jeunes ont été enlevés, toujours le même silence. Pensez-vous que la région de l’Est est moins importante que celle du Sahel, du Nord et du Centre-nord ? Pourquoi dans la région de l’Est, il n’existe pas d’escorte pour les zones comme Pama, Gayéri et Bogandé ? Quand il s’agit de la mine, tout un régiment est mobilisé pour conduire le matériel avec tous les problèmes qu’on connaît.

En tant que fils de la localité, quel est votre cri de cœur à l’endroit des autorités de la transition ?

Nous sommes aussi des Burkinabè comme les autres. On est tous soumis aux mêmes lois. Par conséquent, qu’on nous traite de la même façon.

Est-ce que vous avez déjà été victime de menaces pour le simple fait d’avoir mené à bien votre travail de journaliste ?

Cela est quotidien chez moi. Quand on est journaliste et qu’on vit dans une région où rien ne va, il est difficile de se taire. Et quand on ne se tait pas, on est pris pour cible à travers des messages haineux ou des menaces téléphoniques et bien d’autres types de menaces. Actuellement je suis contraint de vivre caché.

Votre mot de fin ?

N’attendons pas qu’il soit trop tard pour agir. Le gouvernement a intérêt à prendre à bras le corps la situation de la région de l’Est avant que le pire n’arrive.

Interview réalisée par Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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