ActualitésDOSSIERS :: Burkina : Solenzo libérée, mais la Boucle du Mouhoun toujours dans l’œil du (...)

Le Burkina Faso est confronté au terrorisme voilà déjà huit ans. Les premières attaques ont commencé à Samorogouan, le 9 octobre 2015. Depuis ce jour, le Burkina est fortement marqué dans tous les domaines de sa vie par l’insécurité avec plus de 2000 morts fin 2021, plus de 3300 écoles fermées à la même date. Un dixième de la population du pays a quitté ses terres et vit en déplacés dans des zones où la sécurité est provisoire et la subsistance incertaine. C’est la question sécuritaire qui est le mobile principal des coups d’Etat qui semblent le mode préféré de dévolution du pouvoir et nous en avons eu deux en huit mois.

L’armée qui devrait assurer la sécurité du pays est divisée et en manque de stratégie efficiente pour contrer la menace la plus sérieuse à l’existence du pays. Avec la fin de l’année, le chef de l’Etat, président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration deuxième formule, a pris la route pour se rendre dans une des régions où la lutte contre les groupes armés fait rage. Si ce voyage fait sens pour le capitaine président de la transition, Ibrahim Traoré, que disent d’autres de ces images du chef de l’Etat, sur pied de guerre, traversant le pays depuis la capitale, pour se retrouver dans les confins du Burkina à Solenzo ?

Pendant ce temps dans la même région, les hommes armés non identifiés, comme le discours officiel le dit, ont assassiné un prêtre et emporté son véhicule, tué un enseignant, chassé la population de la commune de Gassan. Toujours en cette fin d’année à Nouna, dans la Boucle du Mouhoun, un massacre a ciblé des victimes de la même ethnie : peulh. Que nous arrive-t-il ? Comprenons-nous vraiment ce qui se passe dans le pays ? Et les solutions que nous apportons sont-elles les bonnes ?

Quand on fait un coup d’Etat pour chasser les terroristes, quoi de plus normal que de se montrer en guerrier, en président combattant ? C’est ce que le jeune président a fait avec des journalistes embarqués dans son périple et une armada pour se protéger et combattre, s’il y a lieu, les ennemis. Les images nous ont montré la destruction de mines sur la route pour se rendre à Solenzo, et les orgues de Staline chantant pour détruire, selon le commentateur, une base terroriste.

Arrivé à Solenzo, nous avons vu les soldats qui ont repris ce chef-lieu de commune rurale aux groupes armés. Solenzo était la capitale du pays pour quelques heures, et le capitaine Ibrahim Traoré qui aime les symboles, a parlé aux Burkinabè, de Solenzo libérée des groupes terroristes, devant le Haut-commissariat où le chef de bande des partisans du drapeau noir avait installé ses pénates et hissé son fanion triste et sombre.

Le show était parfait, le MPSR2 et son président se battent pour la restauration de la sécurité du pays. Selon le président de transition, la tactique a changé mais pas encore la stratégie. Et de Solenzo à quelques encablures de la frontière malienne le président burkinabè a remercié certains pays voisins, sans les citer, grâce à qui des moyens terrestres et aériens ont été acquis.

C’est réconfortant de savoir que le Burkina a de bons rapports avec ses voisins. La lutte contre le terrorisme ne sera victorieuse que si tous nos voisins sont associés. Le Burkina n’a pas soutenu le Mali au début, et nous sommes aujourd’hui le pays le plus attaqué même si ce sont nos frères qui nous combattent. Le Burkina doit être en bonne intelligence avec tous ses voisins pour espérer gagner contre l’hydre terroriste, car ces bandits sans foi ni loi ne connaissent pas de frontière.

Nous devons tous réfléchir à sortir le pays de l’ornière

Mais nous ne gagnerons cette guerre que si nous savons quel est son nom ? Après tant d’années, nos services de renseignement ne savent pas qui sont ceux qui nous attaquent, ce qu’ils veulent etc. Tant que nous ne saurons pas contre qui réellement nous nous battons et que nous chercherons des boucs émissaires comme la stigmatisation de l’ethnie peulh nous n’aurons pas la solution. Il est important que l’Etat ne laisse pas impuni ce qui s’est passé à Nouna le 30 décembre 2022 et que toute la lumière soit faite sur les corps retrouvés des 28 personnes des secteurs 4 et 6 de cette ville.

Surtout que les associations de défense des droits humains incriminent des dozos qui seraient des VDP (Volontaires pour la défense de la patrie). Les supplétifs de l’armée doivent respecter le droit. Notre combat est une lutte pour des valeurs, nous ne devons pas copier les pratiques de l’ennemi. C’est pourquoi les dossiers Yirgou, Nouna, Inata, etc. doivent être jugés.

Notre armée a été interpellée par le chef de l’Etat : « Lorsque dans la journée, ils se battent pour chercher leur pain quotidien, que nous, nous soyons dans les brousses pour leur permettre de le chercher en toute sécurité. Et la nuit, lorsqu’ils seront endormis, que nous soyons encore dans la brousse pour leur permettre de dormir tranquillement ; c’est notre mission, la mission du combattant, mission noble. Et c’est ça la gloire, c’est ça l’honneur. »

Visiblement pour la population de Gassan qui a été chassée le 3 janvier 2023, la réaction de nos militaires n’est pas venue ; tout comme pour l’Abbé Jacques Zerbo, assassiné le 2 janvier dans le village de Soro de la commune de Gassan sur l’axe Dédougou Tougan à ne pas confondre avec le village homonyme de Soro de la commune de Toéni. C’est cette surchauffe de l’insécurité et de l’action des groupes terroristes qui sévit actuellement dans la Boucle du Mouhoun qui est la cause de la mort du professeur des écoles Adama Kékélé, aux environs de Tougan, toujours le 3 janvier 2023.

Nous avons beaucoup de difficultés avec nos ennemis qui savent multiplier les fronts et les cibles rien que dans une seule région, en peu de temps. Vivement que les forces de défense et de sécurité s’adaptent et trouvent la bonne tactique et la stratégie pour les vaincre.

Si la Boucle du Mouhoun qui est l’un des greniers du pays avait été préservé des attaques, l’inflation sur les produits vivriers n’aurait pas atteint son niveau actuel. Vivement que la stratégie qui est en voie de changement réfléchisse aussi sur la protection des unités économiques.

Toujours dans la Boucle du Mouhoun il y a longtemps que la vallée du Sourou est entre les mains de nos ennemis. Nous devons tous réfléchir à sortir le pays de la mauvaise passe, militaires comme civils. Aucune intelligence ne sera de trop.

Sana Guy
Lefaso.net

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