Actualités :: Promesses électorales du président : L’incompréhensible passivité de (...)

Après le scrutin du 13 novembre 2005 où il a été réélu avec
80,35% des suffrages, le président Blaise Compaoré doit à
présent faire face à ses engagements électoraux. En effet, ils
sont nombreux les électeurs qui attendent de voir les retombées
de leur vote.

Routes, barrages, écoles et infrastructures
sanitaires, etc., ont été promis par Blaise Compaoré pendant la
campagne. La forte participation des candidats de l’opposition
aidant, cette campagne a été particulièrement prodigieuse en
terme d’engagements présidentiels. Depuis la formation du
nouveau gouvernement dit de "combat" du Premier ministre
Ernest Paramanga Yonli, l’heure ne semble plus à l’attente du
côté du pouvoir.

C’est dans ce contexte qu’une structure, le
Réseau d’informations, de suivi, et de critiques de la mise en
oeuvre du programme du président du Faso (RISC/PF), vient de
faire publier un tableau récapitulatif des promesses électorales
de Blaise Compaoré à travers les différentes régions du pays.

Si l’acte ainsi posé est à saluer en ce sens qu’il peut contribuer
à la tenue effective par le PF de ses engagements au profit des
populations, il soulève quand même un problème, étant donné
la nature des liens du RISC/PF avec le pouvoir. L’acte du
RISC/PF pose, en effet la question des acteurs concernés par le
suivi des engagements électoraux du président du Faso. A qui
incombe cette tâche ?

Si la réponse ne saurait être exclusive,
force est de reconnaître que ce travail de contrôle doit avant tout
échoir à l’opposition, et le cas échéant, à la société civile.

D’abord l’opposition car, la critique qui caractérise
essentiellement son discours, ne peut être convaincante et
efficace que lorsqu’elle se fonde sur des faits concrets du camp
adverse, c’est-à-dire du pouvoir. Et généralement, les
promesses électorales difficilement tenables du candidat élu
sont des prétextes objectifs pour des opposants à l’affût dans
les démocraties avancées.

Pour ce faire, tous les actes du
nouvel élu sont scrupuleusement notés par ses adversaires qui
les exhiberont le moment venu contre lui, en cas de
manquement. Une telle démarche des opposants leur confère
plus de crédit auprès des électeurs. En revanche, elle
déstabilise les tenants du pouvoir qui sont très vite assimilés à
des démagogues.

Conséquence : la majorité électorale peut
changer de camp et l’alternance est vite arrivée.
Au Burkina, l’opposition semble ignorer cette arme efficace de
conquête du pouvoir que constitue le contrôle des promesses
électorales.

Sinon, comment comprendre sa passivité vis-à-vis
des engagements de Blaise Compaoré, laissant ainsi des
structures non issues de ses rangs occuper le terrain ? En tout
cas, depuis l’investiture du président Compaoré, elle n’en a pas,
à notre connaissance, fait publiquement cas. Ayant constaté le
vide, le pouvoir a peut-être compris la nécessité de le combler
en suscitant des mouvements en la matière.

Mais cela est loin
d’être une panacée pour notre système démocratique. Car, les
bilans que ces mouvements affiliés au nouveau vainqueur
électoral, produiront sur les engagements présidentiels peuvent
être biaisés, en raison précisément de leurs accointances avec
les tenants du régime.

Or, l’opposition aurait pu jouer
valablement ce rôle et offrir une bonne image à la démocratie
burkinabè. Si une partie de cette opposition a pu créer, en vue
du scrutin du 13 novembre dernier, une structure pour suivre la
régularité et la transparence de la campagne, à travers la COTE,
pourquoi cet esprit de sentinelle de la démocratie ne prévaut-il
pas pour les promesses du président ?

Qu’à cela ne tienne,
l’on peut espérer qu’elle le fait peut-être en privé. Mais à en juger
par l’attitude de l’opposition lors de la dernière campagne
électorale, l’on peut en douter. En effet, rares sont les opposants
candidats qui ont axé leurs critiques sur les engagements
électoraux de Blaise Compaoré en 1998. La plupart des
présidentiables ont bâti leurs diatribes autour de ses
engagements circonstanciels.

Cela, à cause peut-être d’un manque d’intérêt de leur part par
rapport aux promesses de ce dernier ? Mais, en plus de
l’opposition, il y a d’autres forces sociales qui sont habilitées à
veiller à la réalisation des engagements des leaders politiques
élus à la tête de leur Etat. Il s’agit de la société civile.

Toutefois,
pour y répondre efficacement, celle-ci doit être organisée de
sorte à constituer un réel contre-pouvoir. C’est à cette condition
qu’elle peut véritablement contribuer à une meilleure défense
des intérêts des populations. Mais là encore, le Burkina fait
malheureusement figure de parent pauvre.

Les organisations
existantes n’ont pas le poids à même de leur permettre
d’infléchir l’action politique, faute peut-être de moyens, mais
surtout d’une identité claire et nette. Ce qui laisse le champ libre
au pouvoir pour susciter à sa guise des structures dites de la
société civile, mais qui n’ont pas toujours pour vocation réelle, la
défense de l’intérêt général.

C’est pourquoi, pour l’intérêt
supérieur de la Nation, il est temps pour certains acteurs clés
de la vie nationale, l’opposition et la société civile notamment, de
se donner les voies et moyens pour jouer valablement leur rôle
de contre-pouvoir. En tout état de cause, il n’y a pas de
démocratie viable sans une opposition forte et une société civile
organisée et responsable.

"Le Pays"

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