- Blaise Compaoré
Après avoir remporté brillamment l’élection présidentielle du 13 novembre 2005, Blaise COMPAORE devra faire face à un défi autrement plus « corsé » : la gestion de la victoire rendue ardue par tous ceux, nombreux, qui y ont apporté une part contributive.
Le dicton qui veut que la victoire ait plusieurs pères et que la défaite soit orpheline est plus que jamais d’actualité dans le Burkina Faso post 13 novembre 2005. En plébiscitant Blaise COMPAORE, ses compatriotes l’ont revêtu de l’onction populaire certes, mais lui ont donné comme le dit un autre dicton, « du fil à retordre ».
Bien sur, en nouant des alliances dans le cadre de ce scrutin, en sus de leurs amis « traditionnels » Blaise COMPAORE et ses conseillers savaient bien qu’à l’heure du partage des lauriers l’arbitrage serait ardu.
C’est que, entre les « cdpistes » convaincus qu’ils pouvaient à eux seuls lui assurer la victoire, ses « amis » qui ont décelé quelque froideur dans l’enthousiasme de ces mêmes cdpistes (ils ont été les premiers à réclamer la candidature de leur « ami » enlevant au CDP cette « prérogative » qui lui semblait dévolue) ses « autres amis » de la mouvance présidentielle et ses alliés circonstanciels de l’ADF/RDA tous affirment avoir été d’un « grand apport » dans cette victoire. C’est dire qu’ils attendent un retour certain de dividendes du « patron ». Lequel patron nonobstant son sang-froid légendaire et sa capacité à surprendre par des décisions audacieuses et inattendues n’en doit pas moins se faire des cheveux blancs.
Car, il faut en convenir avec les ABC, si le CDP a toujours soutenu le président du Faso, il a quelque peu péché par moments dans ce soutien par son « inaction ». Dans ce registre, la gestion de l’affaire Norbert ZONGO par le parti n’a pas toujours été heureuse, le parti majoritaire ayant, à un moment donné laissé la rue à ceux d’en face au point de faire croire à l’opinion nationale et au-delà, que la majorité avait changé de camp.
Une frilosité que le parti avait rattrapé certes, mais qui a convaincu le stratège qu’est Blaise COMPAORE qu’à défaut de s’en séparer, il fallait le « secouer » pour l’amener à sortir de certitudes trop facilement établies. Cette alliance avec l’ADF/RDA et cet « activisme » des ABC lors du scrutin de novembre dernier, s’inscrivent-ils dans cette logique ? Nul ne peut le dire en dehors du grand boss dont le flegme et le caractère peu disert, font penser que cette interrogation restera sans réponse.
De même, on ne conjecturera pas sur le futur gouvernement, même si les municipales qui se profitent à l’horizon (il est de plus en plus question de report) la forte implantation du CDP au niveau de l’intelligentsia et last but not the least, le fait que l’ADF/RDA ait circonscrit son alliance dans le temps et en ait défini clairement l’esprit, font penser que le « méga-parti » ne devrait pas perdre trop de plumes dans la composition de l’équipe gouvernementale.
De même du fait de leur caractère « hétéroclite » les ABC ne présentent pas le profil de « dirigeants » de la Nation même si on pourra à la « pêche » de certains cerveaux parmi eux. En définitive, Blaise COMPAORE ne devrait pas se faire trop de mouron, surtout qu’il connaît son monde sur le bout des doigts.
L’angoisse est plutôt du côté de tous ceux qui l’ont soutenu sans conditions, mais non sans intérêts comme on le devine aisément.
C’est dire que dans ce poker-menteur, il a tous les atouts en main et qu’il les abattra au moment opportun. Pour le grand bonheur de certains et le « déplaisir » des autres.
Par Alpha YAYA
L’Opinion
