ActualitésDOSSIERS :: Procès Sankara et compagnons : Boukari Kaboré s’inquiète pour son riz, en (...)

L’interrogatoire du témoin Boukari Kaboré, l’ex-commandant d’une des unités les plus redoutées sous la révolution démocratique et populaire, le BIA (Bataillon d’Infanterie aéroporté), s’est achevé ce mercredi 17 novembre 2021.

Avant de quitter le prétoire, le président du tribunal lui fit savoir qu’il doit rester sur place, à la disposition de la juridiction, pour d’éventuelles confrontations. Une réquisition qui a fait tilter Le Lion. "Euh...! Il y a mon riz-là, je n’ai pas encore fini de récolter. Le maïs-là est fini, mais le riz reste (attend d’être récolté, ndlr)", s’est écrié Boukari Kaboré, l’air néanmoins détendu et comique.

Avant ces propos de conclusion à sa déposition, Boukari Kaboré alias Le Lion a continué à "dérouler son cliché" (selon sa propre expression) au tribunal, en répondant aux questions des parties (son passage a pris fin à 10h50).
Ainsi apprend-on que pendant les évènements, il était chez lui à Poa, à une trentaine de kilomètres de Koudougou (base du BIA) pour demander des prières aux fins de décrisper la situation (la tension) qui prévalait.

Son agenda avait prévu qu’il reparte autour de 18 h à Koudougou avant de venir à Ouagadougou pour la fameuse réunion de 20h.

Le sang toujours "bouillant", les propos autoritaires et très verbeux (à telle enseigne que des avocats et/ou le président du tribunal lui demandent parfois de passer certains détails pour aller à l’essentiel), Boukari Kaboré est resté debout jusqu’à la fin de sa partie. Lorsque le président du tribunal lui fit savoir qu’il a jusqu’à deux chaises à sa disposition et qu’au besoin, il pouvait s’asseoir, Le Lion déclinait gentiment avec sourire : "non non ! C’est Le Lion-là !".

Boukari Kaboré dit avoir perdu onze de ses éléments (il a cité tous les noms) dans ces événements, mais pas dans l’assaut contre son unité.

"C’était des assassinats ciblés", affirme Le Lion. Ce qui fait constater à Me Guy Hervé Kam des parties civiles que ces propos du témoin corroborent ce qu’a dit Alain Bonkian dans les éléments vidéos projetés). Ce dernier avait dit que l’assaut sur le BIA a fait zéro mort. "Le travail, c’était Bonkian le patron et Somé Gaspard était l’exécutant", présente Le Lion.

Des propos du témoin, Me Ambroise Farama retient également que l’affectation de Boukari Kaboré à Bobo-Dioulasso (il y avait été affecté, quelques semaines avant les évènements) et celle de Daouda Traoré (le premier témoin) à Fada N’Gourma s’inscrivaient dans les préparatifs du coup d’État. Du reste, Boukari Kaboré affirme que le coup d’État a été "minutieusement" préparé. "Mais est-ce qu’il a été minutieusement exécuté ? Là, je ne crois pas", relativise Boukari Kaboré.

Avant de se retirer de la barre, Le Lion a été confronté avec le général Gilbert Diendéré sur d’une part, les deux rencontres qu’il aurait tenues les 14 et 15 octobre 1987 avec les éléments de la garde présidentielle d’une part, et d’autre part sur ce supposé message qui lui aurait été transmis au cours d’une de ces rencontres et qui parlait d’un coup d’État annoncé pour 20h.

Sur cette question de Me Prosper Farama, Gilbert Diendéré rétorque que les informations rapportées à Le Lion ne sont pas exactes. Il apporte ensuite des précisions à son objection, en soulignant qu’il a effectivement tenu "une rencontre le 14 octobre de 9 h à 12h. C’était une assemblée générale avec les CDR (Comités de défense de la révolution), avec pour objet, la mise en place du bureau de cette entité, dit-il.

Le 15 octobre, au petit matin, une autre rencontre, plus restreinte, s’est encore tenue. Elle a regroupé les éléments de la sécurité rapprochée des deux personnalités, Thomas Sankara et Blaise Compaoré. Elle visait, poursuit le général Diendéré, à faire en sorte d’éviter des problèmes dans leurs rangs". Gilbert Diendéré a déclaré qu’il n’a reçu aucun message, à aucune de ces réunions, faisant état de ce qu’il y aurait un coup d’État à 20h (le jeudi 15 octobre 1987).

Invité à d’éventuels commentaires à cette réponse de Gilbert Diendéré, Le Lion réitère que ce sont des informations qui lui ont été rapportées, notamment par Henri Zongo (un des quatre leaders de la révolution). Il ajoute également que le message aurait été lu à haute voix en présence d’autres personnes, dont Dr Alain Zoubga, Laurent Sedogo et feu Émilie Gouba (Alors haut-commissaire de la province du Boulkiemdé, dont Koudougou est le chef-lieu).

Boukari Kaboré est remplacé à la barre par le colonel à la retraite, Pierre Ouédraogo. Il était le secrétaire général national des CDR, présentés comme l’organisation authentique du peuple dans l’exercice du pouvoir révolutionnaire.

O.L.
Lefaso.net
Photo : Droit TV

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