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Burkina Faso : Sawadogo Abdoulaye est le cerveau présumé de la cellule terroriste démantelée à Rayongo

24 mai 2018, 02:01, par Ciceron

Je voudrais commencer mon propos en félicitant les services de renseignements et les FDS pour avoir démantelé cette cellule terroriste. Je salue surtout la mémoire du gendarme Maréchal des logis-Chef Ouedraogo François de Salle, tombé en défendant la patrie. Il n’y a pas de plus grand sacrifice pour un patriote que de donner sa vie pour son pays.
Cher François, sois rassuré que nous ne t’oublierons jamais toi et tous tes frères d’armes tombés sous les balles assassines de ces terroristes. C’est d’ailleurs pour toi que je sors de mon silence pour éclairer l’opinion publique sur ce que je considère comme une opération flouée, au vu des éléments qui ont été portés à notre appréciation.

Il ressort en effet de la lecture de ce communiqué que les investigations des services de renseignements menées après les attentats du 02 Mars 2018 ont permis la découverte de la planque des terroristes dans le quartier de Rayongo. Il aurait été décidé par la suite une intervention d’interpellation dans la nuit du 21 au 22 Mai 2018 qui a occasionné des échanges de tirs qui à leur tour ont abouti à la mort de 3 terroristes, à l’arrestation du quatrième, et malheureusement au décès du gendarme Ouédraogo.
Ainsi sont les faits.

Cependant, de tels faits ne devraient laisser personne indifférent. En matière de contre-terrorisme, tous les experts vous dirons que l’approche utilisée ici n’a pas été la meilleure. Il est en effet de rigueur lorsqu’on identifie une cellule terroriste, surtout si tous les membres de celle-ci sont regroupés dans une seule et unique planque, de la mettre sous surveillance et de procéder à l’interpellation dans les conditions les plus discrètes et sécurisées possibles en jouant sur l’avantage de pouvoir planifier cette interpellation.

Pourquoi la surveillance ?
La surveillance a un double objectif. Le premier est de mettre à jour les complicités éventuelles, voire même remonter tout le réseau, en observant les différents contacts de cette cellule terroriste. Le second est d’identifier de manière formelle leurs cibles lors des repérages que les terroristes seront amenés à faire. Cela peut même permettre d’identifier des faiblesses dans le dispositif sécuritaire de ces cibles que les terroristes planifiaient d’utiliser pour leur attaque.

Quant à l’interpellation, elle ne doit intervenir que quand des éléments tendent à suggérer que le système de surveillance a été percé (découvert par les terroristes) ou que l’attaque est imminente. Cela est fait en vue de donner suffisamment de temps à la surveillance de porter des fruits. Bien sûr ce besoin doit être aussi confronter aux délais nécessaires pour bien planifier l’interpellation, une interpellation précipitée étant bien souvent contre-productive et surtout dangereuse. Et là réside toute la problématique dans notre cas de figure.

Il est franchement inconcevable que les services chargés du contre-terrorisme aient cautionnée une telle interpellation. Rendez-vous compte, aller taper à la porte de terroristes en plein milieux de la nuit ? S’ils ne savaient pas qu’on venaient pour les arrêter, l’heure a dû finir de les convaincre qu’il s’agissait bien d’une interpellation. Comment voulez-vous alors qu’ils réagissent ? Étant chez eux avec des armes à dispositions ? C’est clair que cette confrontation ne pouvait que se terminer en affrontement.
S’il est tentant de vouloir éliminer du premier abord les terroristes, cela n’apporte en fait que des satisfactions à court terme. D’autres les remplaceront car vous n’auriez pas remonter le problème jusqu’à sa source. Raison pour laquelle il faut en capturer vivant le plus possible pour leur extraire des informations.
Mais la principale raison qui fait que l’affrontement ne doit intervenir qu’en dernier recours est que cela met inutilement la vie de nos FDS en danger. La preuve le Burkina vient de perdre un de ses braves fils. Des enfants sont orphelins à cause de cette décision illogique. Et des combats bien plus utiles que le gendarme Ouédraogo aurait pu mener dans le futur, il ne pourra plus le faire.
La logique la plus élémentaire aurait été d’interpeller ces terroristes hors de leur planque ! Loin des leurs armes. Il aurait juste fallu attendre qu’ils sortent ne serait-ce que pour acheter leurs produits de première nécessité (nourriture, crédit de communication etc) ou lors de leur repérages obligatoires pour les arrêter ! On aurait même pu inventer des scénarios avec le bailleur de leur maison, ou avec des agents fictifs de l’ONEA ou de la SONABEL pour les arrêter sans qu’un seul tir ne soit tiré. François de Salle serait alors toujours en vie.

Le fait que l’affrontement ait été privilégié dans le cas en présence me fait penser que ce ne sont pas les experts en sécurité qui ont pris cette décision, mais plutôt des politiciens. Rappelez vous que ces événements sont survenus juste après la décision du gouvernement de prendre enfin le « taureau par les cornes ». Décision qui a alors reçu un avis mitigé de l’opinion publique, certains critiquant à juste titre le retard dans l’initiative. La réaction des politiciens a donc été d’instruire une action aux grands éclats, comme pour montrer à tous qu’ils ont bien pris le taureau par les cornes : Envoyer les gendarmes de nuit pour interpeller des terroristes chez eux, sachant pertinemment que cela résulterait en affrontements. Malheureusement le pauvre François en est mort. Cela fait surtout mal parce que comme vous le voyez ce décès était évitable.

L’histoire retiendra donc que François de Salle Ouedraogo a été sacrifié pour satisfaire un calcul politique. Ce qui est bien terrible, mais qui illustre parfaitement ce que nos politiciens sont capables de faire pour garder le pouvoir.

Que Dieu bénisse sa famille et protège le Burkina Faso.

Ciceron (1er du nom sur ce forum)


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