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Détention du général Djibrill Bassolé : Maître Paul Kéré dénonce le non respect par le Burkina Faso de la décision des Nations Unies

13 décembre 2017, 14:48, par Sidpawalemdé Sebgo

Hum... Je n’ai pas les compétences juridiques pour apprécier la pertinence du maintien en résidence surveillée de Djibril Bassolet, ni d’ailleurs de l’avis de la cour de l’ONU (laquelle d’ailleurs ?). Mais de toutes les affirmations de Me Kéré, on ne peut s’empêcher d’être mal à l’aise devant un certains nombre de choses qu’on perçoit "entre les lignes" et qui donc nuisent sérieusement à l’objectivité :

1°) La référence à la "démission prématurée regrettable" de Blaise Compaoré (BC) semble indiquer que Me Kéré a été ou est toujours un "Blaisiste" convaincu, et l’idée que BC aurait pu revenir au pouvoir après un intermède de cinq ans indique aussi qu’il ne semble pas très porté sur l’alternance au pouvoir. C’est son droit mais cela ne peut que nuire à son souhait de convaincre le plus grand nombre de son objectivité dans l’affaire Bassolet. Le fait de défendre le général si ardemment article après article, et en passant d’encenser BC, alors même qu’il semble insensible à d’autres causes juridiques, peut faire penser que ses arguments sont plus ceux du partisan que ceux du juriste.

2°) Marius Ibriga et Augustin Loada sont des spécialistes du droit constitutionnel et non du droit international. De plus, depuis qu’ils ont occupé des postes de responsabilités, ils ont effectivement observé une certaine réserve dans leurs interventions publiques sur les sujets nationaux et internationaux. On voit difficilement en quoi l’attaque gratuite dirigée vers ses deux collègues juristes, accusés en somme de "silence coupable" participe à l’argumentaire de Me Kéré pour la libération de Djibril Bassolet ? En quoi sont-ils obligés de s’exprimer sur tel ou tel sujet ?

3°) La "perte de crédibilité internationale" que nous sommes sensés redouter, comme beaucoup de mes prédécesseurs l’ont relevé, est plutôt théorique. Plusieurs pays en Afrique et dans le monde ignorent royalement des décisions "internationales" sans s’en porter plus mal. Certains même ignorent des accords après les avoir eux-même signé ou font des lois opposées aux décisions de l’ONU. Mieux, certains des dirigeant de ces pays occupent des places de premier ordre dans l’ordre continental ou mondial actuel. Blaise Compaoré lui même a continué de briller à l’international alors qu’il ignorait certains dictats venus d’ailleurs. A titre d’ensemble, nous refusons depuis des années d’exécuter le mandat d’arrêt contre Omar El Béchir et nous ne sommes pas morts.

4°) Quand on regarde le forum, on est surpris de la réactivité et du nombre de défenseurs de l’article et de son auteur, de plus avec agressivité, les injures et le dénigrement se substituant à la courtoisie et aux argument contradictoires. On attaque la personne au lieu de contrer ses écrits. Comme si un "commando" d’activistes du net était à la manœuvre, ou comme si un ou deux individus changeaient de pseudo pour intervenir. Un avis ou une idée, par définition personnelle, a-t-elle besoin d’être autant défendue, ou les autres internautes sont-ils interdits d’avoir un avis contraire, sous prétexte de ne pas être assez connaisseurs du droit (à voir, on ne sait qui est qui), sinon ce sont les insultes assurées ? Ainsi, Kôrô Yamyelé peut-il mettre en garde contre la "vengeance terrible" si on contredit untel. Mais on est où là, ou la pensée unique d’un individu unique, fut-il professionnel d’un domaine, doit s’imposer à tous sans un mot ??? Même Dieu (BSSSN) trouve des gens pour le contredire et s’opposer à lui !

5°) Pour finir, mon avis (et je le partage) est qu’on libère Djibril Bassolet jusqu’à son procès, quitte à prendre des mesures conservatoires. Si les arguments pour son maintient en détention sont le risque de fuite et/ou d’actions contre les institutions, notre justice et nos FDS ne sont-elles pas capables de s’y opposer étant prévenues ? A moins de reconnaitre que c’est sont influence politique qui est redoutée et partant que c’est un prisonnier politique ? Par contre vouloir qu’on oublie carrément la procédure est impensable vu la gravité des accusations.

Si Djibril Bassolet est reconnu innocent, il pourra alors se "tester" aux prochaines élections, et situer tout le monde, y compris lui même, sur ses prétentions. Ablassé Ouédraogo, J.B. Natama ou Lionel Zinsou pourraient lui expliquer que les relations internationales et les moyens financiers (et les intellectuels Zorros de la plume !) ne suffisent pas pour accéder à la magistrature suprême d’un pays...
Cordialement...


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