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Crise au ministère de la santé : Le Président du Faso devrait user de son pouvoir régalien pour préserver la santé des populations

6 octobre 2016, 23:56, par Moi aussi

J’ai suivi le long feuilleton qui se joue au ministère de la Santé et c’est partant de cela que j’ai décidé de publier mon post. Il résume une opinion qui prend en compte l’esprit, la moralité, la mentalité, les pratiques et la nature de malheureusement 98% des burkinabè (j’exagère peut-être). Elle part également d’une profonde réflexion et d’observations.
De ce long processus, j’ai appris à lire entre les lignes et j’ai retenu une constante qui est qu’au Burkina, la bonté est inversement proportionnelle à la popularité. Curieux dans une société saine n’est-ce pas ? Autrement dit, plus on est impopulaire, plus on est bon, juste et honnête.

Ma trajectoire de raisonnement empruntera le raisonnement par l’absurde, méthode de raisonnement que les ‘‘matheux’’ connaissent très bien.
Sur cette plate-forme, des internautes ont régulièrement dit à tort ou à raison que ‘‘le burkinabè est mauvais’’ et cette assertion n’est pas fortuite. En effet, je constate que le burkinabè aime les passe-droits, l’affairisme, le favoritisme, la concussion, la magouille, la délation, le laxisme, la corruption tant qu’il est l’heureux bénéficiaire et devient instantanément aigre et un farouchement dénonciateur de tout cela quand il n’en est pas bénéficiaire. Tout se passe comme si le burkinabè avait un sens du jugement sélectif.

Considérons cela comme un postulat. S’il est admis, il va sans dire que quand dans votre service, que vous soyez chef ou simple agent, si vous combattez ces vices de notre société, vous vous mettrez immanquablement tous les collègues sur votre dos.
Je vais être plus concret par l’exemple d’un Directeur de service qui décide :
-  Que les agents de son service doivent être à l’heure au service et partir seulement après la descente,
-  Que pour le voir, il faut une audience afin qu’il puisse respecter le planning qu’il s’est imposé pour évacuer ses propres tâches,
-  Que les absences pour raisons sociales seront contrôlées afin que le service reste performant dans ses obligations,
-  Que les sorties avec les véhicules de service se feront désormais après autorisation accordée par lui et lui seul, parce que ceux qui ont cette charge sont laxistes,
-  Que la gestion du carburant du service se fera désormais également sous son contrôle exclusif,
-  Que chaque trimestre, il fera une évaluation du rendement de chaque agent, évaluations qui concourront à la notation et à l’avancement des agents.
Vous pouvez être sûr qu’il ne sera plus en odeur de sainteté avec son personnel. Alors, il trouvera des amulettes, des gris-gris ou des talismans au seuil de son bureau ou à la portière de sa voiture. Il connaîtra toute forme d’intimidation, de pressions psychologiques, de railleries ainsi que les potins les plus abjects sur lui.
De ce qui précède, il apparaît que quand quelqu’un est unanimement contesté ou désaimé dans son service, il y a de très fortes probabilités qu’il soit contre le laxisme et les vices cités plus haut. Même s’il y a de rares personnes qui le soutiennent, ces derniers subiront à leur tour des intimidations et des isolements à tel point qu’ils se raviseront ou feront profil bas.
J’ai appris donc à acter quand j’arrive dans un service, que l’avant-gardiste, le progressiste et l’ami du Peuple est celui sur qui tout le monde tire. A contrario, la personne adulée est une pourriture de la pire espèce du point de vue de la gouvernance, de l’équité, de la loyauté envers l’Etat, son employeur et le Peuple qu’il sert.

Et comme culturellement, notre société encense les personnes supposés aimés et les plébiscite au quart de tour, on a vite fait de voir des couards préférer laisser faire pour être appréciés. Ils préfèrent rompre leur devoir vis-à-vis de l’Etat que d’être frappés d’isolement par leurs collègues. Ces lâches tiennent plus à une vie peinarde qu’à une vie où ils sont voués aux gémonies.
Résultat, démarquons-nous de tous ceux qui sont adoubés dans les services.

La chute de mon propos est alors la suivante, si on accepte le postulat, des gens mauvais ne peuvent pas aimer quelqu’un qui ne partage pas leurs visions. Ainsi, si ‘‘le burkinabè est mauvais’’, celui qu’ils aiment est forcément mauvais. Simple logique mathématique. Et si notre pays grouillait de gens bons au sens religieux, nous ne côtoierons pas cette misère.

C’est pourquoi, ‘‘l’impopularité’’ du Ministre de la Santé que je ne connais pas, suscite en moi des interrogations. En effet, si le jeune et volontariste Ministre veut bousculer les pratiques anciennes afin d’instaurer un nouvel ordre, vertueux celui-là, dans l’intérêt supérieur de nos masses laborieuses, il devra faire face à des moulins à vents. Actons que si ce qui a été fait jusqu’aujourd’hui était vertueux, ça se saurait et il n’aurait pas eu d’insurrection. Et si la pratique d’hier manquait de vertu, il faut croire que la nouvelle qu’il incarne pêchera moins ! Aussi, je lui tire mon chapeau et lui souhaite beaucoup de courage et d’abnégation. Qu’il sache que, se sacrifier pour l’intérêt de la majorité, c’est se hisser au rang des personnes dont la vie a eu un sens et il doit en être fier. Notre pays n’a malheureusement pas connu beaucoup d’hommes politiques de cette trempe.

Désolé d’être à contre-courant de la pensée majoritaire mais je suis certain que certains burkinabè iront dans mon sens. Surtout ceux qui refusent de se mentir.


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