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Crise au PAREN : Carlos Toé maintient le silence, en attendant la session du bureau politique

23 août 2016, 10:53, par Sidpawalemdé Sebgo

Il semble clair maintenant que le Pr Laurent Bado n’entend pas laisser qui que ce soit décider à sa place de ce qui se fait ou pas au PAREN, et qu’il attaquera, humiliera, insultera et exclura tous ceux qui auront le malheur d’être seulement soupçonnés de remettre en cause "ses prérogatives" ou de prendre des initiatives sans son aval. A la lumière de cette révélation, que feront les militants de PAREN et les deux principaux incriminés lors et à la suite de la session du bureau politique qui se tiendra Mercredi ?

Selon la configuration de ce bureau politique et la lecture politique et sociologique que fera Tahirou Barry de cette crise, on peut voir quatre scénarios se dessiner : La révolte, la division, l’implosion ou la descente aux enfers.

1°) La révolte, si une majorité de membres du bureau politique sont libres de leurs analyses et de leurs actes. Car il apparaitra à tous qu’un tel manque de démocratie et de reconnaissance du PAREN, entérinée par le sommet entrainerait une perte importante de militants à tous les niveaux et donc la perte du parti. Si les textes du parti le permettent, sans doute ils mettrons Laurent Bado sur la touche, par un vote majoritaire contre ses propositions d’exclusion et de "nominations" d’un nouveau bureau exécutif. Car il ne faut pas se le cacher, les résultats du PAREN en 2015 et 2016 sont les meilleurs que ce parti ait jamais eu depuis sa création, et traiter ceux qui ont obtenu ces résultats ainsi ne devrait pas plaire à tous. A savoir si certains ne doivent pas trop à Bado pour oser le désavouer et si les "garde-fous" que le vieux a mis dans les textes du parti permettrons cette "mise à la retraite". Un tel scénario renforcerait Tahirou Barry et Calos Toé et les laisserait plus libres de rajeunir le parti pour de nouveaux challenges. Mais si Toé semble droit dans ses bottes, Barry par contre semble moins enclin à s’opposer frontalement à son mentor. Franchira-t-il le pas "œdipien" ?

2°) La division : Si le bureau est plus partagé et que Tahirou Barry et ses partisans privilégient le respect et les "droits" du fondateur, on pourrait assister à une vague de démissions en réaction aux tentatives d’exclusions en masse que projette Bado. Car quelle image aurait Barry s’il laisse exclure ses soutiens sans réagir ? En ce moment, la démission du PAREN devrait aussi entrainer des démissions de l’assemblée nationale et du gouvernement. Ce scénario aurait deux conséquences pour le clan Bado et le clan Barry. Pour les premiers ce serait une aubaine dans un premier temps, par la récupération des postes laissés vacants. Mais la saignée des acteurs clés des succès passés et de nombreux militants se traduiront par la déroute aux prochaines élections et la quasi disparition du parti. Pour le clan Barry, il parait évident qu’une démission aurait pour suite la création d’un nouveau parti. Si la perte des postes actuels sera un coup dur, le retentissement positif dans l’opinion devrait leur valoir un avenir politique en 2020.

3°) L’implosion est un risque majeur si le jeu des acteurs ne se décante pas rapidement. Comme pour l’ADF/RDA ou le PAI, une longue guerre autour le la "propriété" du PAREN risque d’entrainer la disparition précipitée du PAREN. Car n’oublions pas que le MPP est à l’affut, en mal de majorité à l’assemblée. Un affrontement judiciaire autour du parti entraine toujours l’une ou l’autre des parties à chercher de l’aide ailleurs. Il suffirait que l’une des parties s’appuie sur l’appareil d’état pour avoir la reconnaissance officielle et cela pourrait se traduire par une fusion avec le MPP ou un autre parti de la mouvance car c’est la seule solution pour ne pas perdre ses députés et couper définitivement les ailes à l’autre partie.

4°) La descente aux enfers serait le pire des scénarios, celui dans lequel les jeunes du parti, partisans de Barry et de Carlos décident de baisser la tête, acceptent sans broncher les exclusions prononcées par Bado et font profil bas dans le parti à partir de cet incident. Sachant que la gouvernance de Bado ne peut plus donner de victoires au PAREN, et que cette victoire lui permettra d’imposer des gens sans personnalité, sans idées et sans ambitions à la tête du parti, non seulement le parti mais aussi ces jeunes combattifs et motivés connaitront en même temps que Laurent Bado une dégringolade politique qui risque de ne pas excéder le temps restant du mandat électif.

Pour ma part, en tant qu’ insurgé, je me sentirais frustré que le "plus rien ne sera comme avant" se traduise par l’affirmation incontestée de la gérontocratie et de l’autocratie dans un des partis de l’ex-CFOP, et qu’on accorde à Laurent Bado au PAREN ce qu’on a refusé à Blaise Compaoé à Kossyam, le privilège de changer les personnes et les règles selon son bon vouloir alors que lui même s’éternise.

Soit les militants s’affirment comme n’étant pas de simples caisses de résonance du fondateur du parti et ses marionnettes, soit ils le laissent avec "sa" chose et il devra constater que sans les autres ce n’est qu’une coquille vide. Il aura le plaisir éphémère de faire siéger un de ses proches à l’assemblée (puisque finalement il semble que ce soit ça la grande frustration qu’il ne peut pas encaisser) avant de constater la mort de son parti bien avant la sienne. A quoi cela sert-il de reprocher à Blaise Compaoré de vouloir céder le pouvoir à son frère si c’est pour accepter que Laurent Bado fasse siéger à l’assemblée sa fille ou son neveu à la place de ceux qui se sont sacrifiés depuis 15 ans pour faire rayonner le parti ? Remarquez d’ailleurs que l’exclusion de Toé du parti lui laissera le loisir de choisir un autre suppléant, comme quoi il n’a pas encore renoncé à son projet de succession "choisie". Serait-ce la vraie motivation de cette "crise" créée de toutes pièces ?

Alors membres du bureau politique du PAREN, révoltez vous pour la survie de votre parti ! Vous ne pouvez pas avoir affronté les balles du RSP pour vous opposer à Blaise Compaoré et vous laisser dicter tout par votre fondateur, qui lui n’a que sa plume et ses injures ?


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