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La mosquée des sunnites de Orodara a été saccagée

17 juillet 2016, 22:52, par Jacques Zanga Dubus

Deux points techniques : le terrain n’a pas été légalement acquis. Les conditions légales d’attribution d’une réserve foncière supposent une enquête de faisabilité qui n’a pas été faite. En outre, la construction d’une mosquée au Burkina Faso est soumise à l’accord des chefs traditionnels et coutumiers, et de l’administration. Seule l’administration a donné son autorisation (provisoire).

Monsieur Abu Imrane : Vive le dialogue en effet, mais depuis que les Sunnites sont allés en justice, ils refusent tout entretien. Ne parlons pas de dialogue avec les coutumiers, les tentatives de conciliation à l’amiable à l’initiative des coutumiers se sont multipliées depuis 2002, par l’entremise des autorités administratives, et n’ont jamais débouché sur quoi que ce soit d’autre que des refus tranchés. C’est un fait, le mouvement sunnite local refuse tout dialogue depuis quatorze ans. Et la tension a monté d’un cran à chaque refus, mais aussi à chaque occasion de la célébration du culte de dwò, une fois par an.

Monsieur Edward Traoré : j’ignore ce que signifie "une correspondance particulière", puisque c’est un ajout du site LeFaso.net, ainsi que le titre modifié sans mon accord. Le titre de l’article, "On ne défend pas l’indéfendable", exprimait clairement la réflexion que cette affirmation imposait.
Votre "morceau choisi" est très loin d’illustrer "des raccourcis approximatifs concernant l’histoire de l’islam", mais il pose très exactement la question qui se pose à Orodara, car bien qu’il s’agisse d’une opposition entre une religion importée et la religion coutumière, il s’agit aussi d’un conflit entre frères de même ethnie. C’est le propre frère du président du mouvement sunnite local qui m’a posé la situation en ces termes : "Si la maison de ton voisin brûle, tu te précipites pour l’aider à éteindre le feu, n’est-ce pas ? Mais si c’est ton frère qui met le feu à la maison familiale et qui l’active pendant que la famille essaye d’éteindre le feu, comment est-il possible de l’éteindre ?"

Citoyen : l’objet de cette correspondance est une information sur des faits survenus, suivie d’une réflexion sur la réaction d’un sunnite à notre endroit : "On ne défend pas l’indéfendable". D’où le questionnement sur "qu’est-ce qui n’est pas défendable ? " Et la conclusion de la réflexion est très bien exprimée par la dernière phrase de l’article : "le “fond” [des récriminations des Sunnites à l’endroit des coutumiers] est ouvertement indéfendable, en totale contradiction avec la tolérance prônée par le mouvement sunnite du Burkina Faso : “il n’y a de dieu que Dieu”, pris à la lettre, suppose la destruction des fétiches. Et ça, ce n’est pas défendable dans un état où le Droit prône la liberté de culte."

Sultan du Faso : le Coran n’a pas été écrit sous le règne du prophète. Ses compagnons apprenaient par cœur les révélations au fur et à mesure que Mahomet les leur transmettait. C’est après sa mort, quand il a été acquis qu’il n’y aurait plus de révélations, que les compagnons du prophète ont entrepris de transcrire, non pas ensemble, mais chacun de son côté. C’est ainsi que plusieurs "livres" ont été constitués, livres entre griffes car un seul livre, tâché de sang, est sorti des luttes internes entre musulmans shiites et sunnites.
Mais vous avez raison, seule la tolérance et le pardon peuvent garantir le vivre ensemble. Alors, allez donc dire aux Sunnites d’Orodara d’être tolérants ! Tant d’autres ont échoué avant vous depuis quatorze ans !

Brak : Vous dites que je ne connais rien de l’islam, mais j’en connais davantage que bon nombre de musulmans, qui ne savent lire ni l’arabe, ni le français, et ne connaissent donc rien du contenu du Coran que les prières qu’ils psalmodient sans en connaître le sens, ou en leur donnant le sens qui leur convient (et c’est en fait ce que font tous ceux qui prient, dans quelque religion que ce soit, chacun adapte la prière à ses problèmes personnels). Je connais aussi bon nombre de musulmans lettrés qui n’ont jamais lu le Coran...

Monsieur Arouna Zongo : Ah, la posture scientifique ! Je ne suis pas de ceux qui prennent la pose, et je ne suis pas plus scientifique que journaliste. Faudrait-il pour autant que je me taise ? Mais on se tait trop au Burkina Faso, et c’est le silence des gens bien, et leur hypocrisie qui font le lit des extrémismes rampants qui se montrent de plus en plus menaçants.

Sanfo : Quatorze années de tentatives de réconciliation, systématiquement refusées par les Sunnites. Mais de quelle réécriture de l’histoire du monde musulman parlez-vous ? Un article n’est pas le lieu de si longs développements qu’ils permettraient en une très longue page d’écrire l’histoire du monde musulman ; elle ne tiendrait pas en un livre qu’une vie ne suffirait pas à écrire, alors, en effet, j’ai usé de raccourcis, seulement pour rappeler que la violence dans le monde musulman a toujours été du fait des sunnites extrémistes, qui veulent imposer "leur" vérité. Mais il ne faut jamais perdre de vue que nous vivons dans un monde relatif, et la vérité de l’un est le mensonge d’un autre !

Messieurs QUID, Wedaga, Partisan de la non violence, Bush, AD et Adolpho, merci pour vos interventions variées, raisonnées ou vives.


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