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Situation nationale : La Transition ne peut plus être le bac à sable du RSP et de Diendéré

6 février 2015, 09:37, par Sidpawalemdé Sebgo

La belle facture de l’analyse n’enlève rien à sa nature : Partiale et guerrière.

Oui, les militaires du RSP s’y sont très mal pris pour revendiquer, et leurs exigences ne sont pas fondées. Ils n’ont pas vocation à désigner leurs chefs, ni à dire qui doit diriger le pays. Ceci dit, il faut raison garder, et rappeler aussi que les agent du ministère de la culture ont donné des "conditions" pour choisir leur ministre, lesquelles correspondaient clairement aux profils de certains d’entre eux. Depuis quand c’est l’agent qui désigne ses chefs dans l’administration ? Mais on n’a pas crié au scandale pour autant car c’est dans l’air du temps de revendiquer.

Mais de la même manière que certains disaient "s’ils brulent vos maisons, brulez les leurs", lancer aujourd’hui une fatwa contre ce corps créé par l’ancien président me semble ouvrir la porte à la violence. Et l’accusation de "peur des morts" contre la classe politique devrait plutôt être vu comme une vertu. Comment donc, il faudrait foncer dans le tas sans tenir compte du nombre possible de victimes ??? Et dans la même analyse, l’auteur reproche aux politiques d’avoir eu peur du nombre de morts contrairement aux militaires, mais estime que c’est la crainte du nombre de morts qui a contraint le RSP à "négocier" le départ de Blaise Compaoré. Quelle contradiction ?

Ne nous y trompons pas, les violences des 30 et 31 Octobre qui ont causé une trentaine de morts ne sont pas les pires possibles. Ceux qui ont vu des images de violence politico-militaire à Koudougou, Lomé, Abidjan, à Conakry ou à Bangui savent de quoi je parle. On sait quand et comment on commence mais on maitrise difficilement la suite. Remercions le ciel qu’il y ait encore chez tous les acteurs cette dose, même infime, de patriotisme (ou de calcul, selon) qui fait qu’on évite si possible l’hécatombe.

La réforme du RSP est souhaitable et possible. La chose serait plus "simple" si elle est conduite par l’un d’entre eux, et pendant la transition. Les difficultés rencontrées par Zida en disent long sur celles que rencontrerait un autre, surtout civil. L’erreur vient de la manière sournoise, silencieuse, arbitraire et agressive dont certains veulent régler la question. Même emblématique du pouvoir de Blaise Compaoré, le RSP comprend des hommes dont la majorité n’ont pas demandé à y être. Décider aujourd’hui de démettre, priver de tous avantages acquis, affecter et disperser aux quatre vents ces jeunes militaires, alors même que tous les donneurs d’ordre civils coulent des jours heureux et font campagne pour reconquérir le pouvoir est injuste et inapproprié. Pourquoi seraient-ils les seuls et premiers sacrifiés de l’ancien système alors que Blaise Compaoré lui même, ses ministres et députés, et ceux la même qui leur ont ordonnée à chaque fois de tirer sont libres et pas inquiétés ? Soyons logiques avec nous même ? A-t-on punis les agents des ministères de la culture ou des infrastructures pour avoir contesté leurs responsables ? Les étudiants de l’IDS pour avoir exigé et obtenu le départ de leur direction ?

Ces gens ont été formatés dans l’esprit d’être une élite, ce qui justifie les avantages qui leurs sont offerts. N’est-ce pas le cas d’un directeur, d’un haut gradé de l’armée, d’un étudiant boursier ? Les avantages d’un préfet, d’un haut commissaire ou d’un employé d’ambassade sont-ils liés à son niveau d’étude ou à la fonction qu’il occupe ? Faut-il critiquer le salaire versé à nos compatriotes travaillant en ambassade à l’extérieur, ou leur expliquer que s’ils rentrent au pays, ils ne peuvent plus gagner la même chose ?

Que la raison d’être de ce régiment ait disparu avec le départ de son créateur est déjà un problème pour ces militaires qui ne savent pas ce qu’ils vont devenir. Aux nouvelles autorités de leur expliquer les réformes prévues pour eux, en tenant compte des formations qu’ils ont reçues ou en leur en donnant de nouvelles. A eux aussi de comprendre que le temps ou ils obtenaient ce qu’ils voulaient du prince est révolu et que vouloir s’y accrocher par la violence et la menace est contre-productif.

Dieu garde le Burkina de la violence aveugle, même guidée par les bons sentiments, le courage et le patriotisme. Dieu aime le Burkina Faso !


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