Message de Blaise Compaoré à la nation suite aux manifestations de février et de mars 2011

Je salue l’initiative du président du Faso à chercher à trouver une solution à la crise actuelle en faisant appel aux responsables confessionnels et traditionnels.

Mais, pour ma part, je pense que la démarche n’est pas bonne pour la simple raison qu’il n’existe pas d’étapes de résolution. Du coup, tous les pouvoirs de la société sont interpelés en même, et s’il y a un échec, que feront nous ?

Je crois à mon humble avis que toute société doit être organisée avec une séparation des pouvoirs et une hiérarchisation de ces pouvoirs quant à leur entrée en scène dans les affaires de la nation afin de leur donner une certaine crédibilité sans laquelle ils ne sont que des marionnettes aux yeux de la population.

Aussi, le bon sens voudrait qu’il ait les pouvoirs suivants et hiérarchisés de la façon suivante :
1- Le pouvoir politique
2- Le pouvoir confessionnel (religieux)
3- Le pouvoir traditionnel

C’est dans ce même ordre que les problèmes qui échappent au pouvoir politique, celui-ci demande l’intervention du pouvoir confessionnel pour la résolution du problème. Si les pouvoirs religieux n’arrivent pas à régler le problème, c’est le pouvoir traditionnel qui est interpellé comme dernière chance.

J’insiste sur la " dernière chance ", car c’est le fondement de notre société, de notre identité naturelle (ce qu’on ne peut renier)et qui est plus ancienne que tous les autres pouvoirs et qui a su résister à la présence des pouvoirs conquérants (gouvernance actuelle et pouvoir confessionnel) .
Le pouvoir traditionnel doit être notre dernier refuge comme c’est le cas dans certains européens (Espagne, Hollande, Angleterre, Japon, Danemark etc.) qui ont conservé leur pouvoir traditionnel.

Voilà pourquoi, je dis que la démarche n’est pas bonne car il n’y a pas de plan B comme disent les stratèges militaires à moins de compter sur l’étranger qui maîtrise mal les contextes socio-culturels des populations avec les conséquences que nous connaissons (guerre civile, génocide etc.).

Il est vrai que les militaires ont tort pour ce qui concerne le problème à l’origine de la crise. Mais, le pouvoir également a fauté gravement en acceptant libérer les soldats incarnés et encore plus grave en acceptant dédommagés les pillages sans même laisser entendre que cela ne restera pas impuni (cela aurait au moins donner l’impression qu’il y aura pas d’impunité dans cette crise) . Le pouvoir a foulé au pied toute la justice d’un pays qui se dit démocratique et républicaine en annulant une décision de justice alors qu’il existait toujours un recours.

La conséquence immédiate de cette faiblesse, c’est la généralisation de la crise à toutes les garnisons du pays puissent qu’ils savent qu’il n’y aura rien car le pouvoir a peur, peur parce qu’il n’est pas à 100% sûr de sa légitimité. Du coup, on profite poser tous les problèmes, toutes frustrations endurées depuis longtemps parce que justement il n’existe véritablement pas de cadre d’expression sans risque de se faire taper (sanctionner).

Cette crise même si elle n’est pas la bienvenue, elle a le mérité de révéler l’indispensable nécessité de la séparation des pouvoirs (Exécutif, judiciaire, législatif etc.) dans la gouvernance d’une nation démocratique seule gage d’une réelle stabilité.

Si j’avais une proposition à faire au gouvernement et aux députés, ce serait leur demander de convoquer une assemblée extraordinaire pour vote la séparation des pouvoirs. Et au président du Faso, je lui demanderais d’avoir humilité de se dire que ’il a suffisamment fait pour le Burkina Faso en 23 ans de pouvoir et que quoi qu’il fasse il ne pourra jamais satisfaire toute la population.

Ce qu’il a fait jusqu’à maintenant est suffisant pour un seul homme, car il y a beaucoup d’autres burkinabè qui connaissent plus que ce que lui il connait. Ceci n’est pas une insulte mais une vérité naturelle (dû à l’évolution normale) car on ne peut appliquer correctement ce qu’on connait à instant donné et apprendre les nouveautés à venir. c’est le rôle des générations futures et il faut leur donner la chance eux aussi de faire quelques pour leur pays en instaurant une vrai démocratie dans tous les sens.

J’invite le président à travailler à quitter le pouvoir à la fin de son mandat et d’éviter de faire comme Mr Gabgbod en côte d’ivoire.