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Politique : Que s’est-il passé ce 18 septembre ?

8 octobre 2010, 02:53, par Mechtilde Guirma

En effet Monsieur Wang yu, j’étais à cette conférence ce matin du 18 septembre à la commune de Nongremassem pour le cinquième ou quelième anniversaire de l’UFB. Alice a donné sa conférence, mais comme cela ne m’intéressait tellement pas, je n’ai pas retenu le titre. Celle qui m’a le plus intéressée c’était celle du directeur de cabinet du président dont le thème était « du processus démocratique » ou de « l’élargissement de la démocratie », quelque chose comme cela je ne me rappelle plus très bien. Et ce qu’il disait en substance, c’était de barrer la route aux réactionnaires : « les UNDD et que sais-je » a-t-il précisé. Remarquons qu’à l’époque, Blaise avant qu’il fasse l’offre aux partis politiques à rentrer dans l’ODP/MT, et aux religieux et coutumiers à s’impliquer dans le processus démocratique, il avait exigé de maître Hermann qu’il change le nom et par voie de conséquence le sigle de son parti. D’UNDD, maître Hermann s’était reconverti en MDP je crois. Donc ce jour-là, il y avait comme une intention manifeste de rejeter la candidature de maître Hermann après l’admission de la CNPP. Ce qui m’a parut profondément injuste, le conférencier ajouta qu’il y avait dans la Nation burkinabé, deux camps. Le camp des « révolutionnaires conséquents » qui veulent le bien du pays, et les réactionnaires qui veulent revenir et qu’il était urgent de les éliminer le plus vite possible et de leur barrer la route. C’est pourquoi il invitait les femmes à faire des revendications. Et que par exemple, si les femmes demandaient 100 (ou 1000) maternités et qu’on ne leur donne que trente c’est déjà beaucoup. Mais qu’il faudrait qu’elles fassent des revendications. Du coup cela me ramener aux heures sombres de la fameuse révolution de Sankara où la porte-parole (dont nous avons nettement repéré la voix et reçu confirmation après investigation)de la DMOF (Bureau de Mobilisation des Femmes) précurseur de l’UFB avait demandé expressément « l’exécution » des prétendus comploteurs que furent Didier, Anatole, Barnabé et les autres infortunés.

À cet appel donc du conférencier, il y eut un silence dans la salle et l’on pouvait entendre voler les mouches. Personne ne voulut intervenir, malgré l’insistance d’une femme membre du bureau de l’UFB. Mais sentant son regard sur moi qui toujours allais à contre courant de leurs idées, toujours égale à moi-même je pris alors la parole et je dis en substance ceci : « Moi, je ne m’y connais absolument rien en démocratie, c’est pourquoi je ne peux pas porter de jugement de valeur sur la conférence de Monsieur le Directeur du Cabinet de la Présidence qui lui est un érudit. Cependant en matière de la gestion du pouvoir dans nos sociétés traditionnelles, la femme ne demande jamais de verser le sang et qu’en ce concerne le cas qui nous préoccupe en ce moment, il faudrait que le front politique (comme le conférencier avait désigné le gouvernement à l’époque) fasse en quelque sorte que le feu ne s’allumer tant au front politique qu’au niveau du front social ». Ce que j’ai retenu comme réponse c’etait quand il a dit que s’il a donné l’exemple des maternités, c’est une façon de parler, et qu’en d’autres circonstances, il faudrait retenir qu’on ne peut pas permettre « aux loups de vivre avec les agneaux ».

Une certaine Eulalie prie alors la parole et commença par s’excuser de ne parler qu’en moré et de façon ironique et cynique expliqua que c’est parce que son français est rudimentaire. Alors elle commença dans son jargon à s’étaler dans la condamnation de tous ces réactionnaires qui corrompent le peuple avec de l’argent, disant qu’elle même si elle gagne cet argent elle ne refuserait pas mais qu’il faudrait que le « front politique », donne la manière et les consignes des revendications, afin que les femmes puissent faire des « propositions conséquentes » pour barrer la route à tous ces réactionnaires car ils ne font que tromper le peuple. Je vis du noir à tel enseigne que je n’écoutais plus les réactions qui fusaient maintenant un peu partout d’autre pour appuyer Eulalie d’autre pour parler de façon neutre. Puis je me ressaisis et préparais une autre question telle que celle-là par exemple : « Le conférencier peut-il nous indiquer ou expliquer quelle l’instance dans le front politique est habilitée à désigner les révolutionnaires conséquents et les réactionnaires ». Sans doute avait-il deviné mon intention de poser encore des questions puisque à présents les débats étaient engagés. Il me court-circuita en ces paroles : « Oui posez des questions, mais pour faire des propositions conséquentes » et que celles qui n’en avaient pas peuvent déjà quitter la salle. À partir de ce moment, j’ai compris que le sort en était déjà jeté, il ne restait que la mise en scène des préparation aux exécutions.

Alors silencieuse devant tout le monde (j’étais assise presque devant), je me suis levée et sous les haussements des épaules et le bruit fait par leurs langues (siunsgo) des femmes, j’ai quitté la conférence en quittant la salle. Ce fut le lendemain en arrivant au Stade du 4 Août où Alice avait invité les femmes au lancement du projet Bantaaré, que des femmes m’ont soufflé qu’à l’auble de ce 19 septembre 1989, Henri Zongo, et Boukary Lingani et deux autres de leurs camarades ont été passés par les armes. Restée assise derrière près de la porte, ce fut un quart d’heure après l’ouverture des travaux, que j’ai quitté cette fois discrètement la salle pour regagner mon domicile.


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