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La vérité des enlèvements pour le front au Burkina Faso

21 décembre 2023, 10:05, par SOME

En ce sens, la réquisition se distingue de l’enlèvement qui, lui, est une contrainte sans liberté ni adhésion ; on est forcé d’aller au front, manu militari. L’enlèvement pose question, pas d’abord à l’égard des libertés, mais quand il prétend « mobiliser » en excluant tout engagement, toute initiative de ceux, pourtant citoyens, que les forces de l’ordre kidnappent : les citoyens kidnappés ne s’engagent en rien à rien, ce qui est terrible quand il s’agit de défendre sa patrie en danger : en les enlevant, l’Etat leur enlève en même temps la capacité de s’engager pour défendre leur pays auquel eux aussi sont pourtant attachés. De ces citoyens enlevés, l’Etat en fait déjà des traitres, avant même qu’ils aillent au front.

Au final que vise ce paragraphe bourré de contradictions où l’on se contredit et se dédit dans la même phrase ? Qu y a t il de consistanti, une fois débarrassé du spécieux du langage, sinon le fait d’embrouiller ce que l’on ne veut pas dire ouvertement et en plus simple ?

L’enlèvement contrairement à ce que l’auteur prétend démontrer, pose d’abord et surtout une question de liberté : le semantisme des mots constitue leur essence. Kidnapping, enlèvement, « mobilier », engagement, initiative, citoyen, patrie etc. tous ces mots et expressions qui se contredisent d’une ligne a l’autre, ne visent qu à imposer une des idées fausses, et tromper le lecteur peu avisé.

Le traitre au front est appelé déserteur. Le traitre en dehors du front il est appelé « apatride, collabo » etc. Il reste à démontrer la véracité de ces enlèvements et la responsabilité de l’état qui serait en cagoule. Pourquoi l’état en trouverait il la raison puisque la réquisition relève de ses prérogatives et qu il l’a décrétée ? L’amalgame qui est tenté avec le fameux SAC ou la Cagoule en France est tout autant inapproprié car ces organisations ne provenaient pas de l’état.

D’ailleurs Pourquoi agir et enlever en cachette alors même que l’obligation d’aller au front est publiquement, c’est-à-dire au grand jour, décrétée comme réquisition ? Lors même que tel serait le cas, on ne saurait les appeler « enlèvement ». Mais on comprend cette démarche : c’est une tactique qui fait partie de la guerre asymétrique.

Evoquer ici la raison d’Etat égare à coup sûr, puisque celle-ci ne donne jamais ses raisons et n’a pas d’autre justification ni raison qu’elle-même (la raison d’Etat est sa propre raison, une raison sans raison, sans pourquoi), alors que l’on pourrait être tenté de justifier les enlèvements de Burkinabè par le décret de réquisition (on les kidnapperait pour se conformer au décret à appliquer), mais à tort : encore une fois, l’acte public et légal du décret du 19/04/2023 (la publicité ne va pas sans la légalité, et vice versa : « nul n’est censé ignorer la loi ») ne peut justifier d’agir en hors-la-loi, en cachette, comme le ferait un délinquant.

Encore une fois, quelle est la consistance de ce paragraphe au delà de la phraséologie verbeuse ? On ne peut pas vouloir venir dire qu une loi (le décret) est illégale tout en reconnaissant sa légalité. Excepté que l’on poursuit d’autres objectifs, dont l’un des plus immédiats reste de contester la légitimité des décideurs et en faire des délinquants.

On avance par la critique et l’autocritique. Mais la critique se fait sur des bases objectives (la plus objective possible). Tel n’est point du tout le cas ici.

Prendre l’exemple d’Israël comme modèle de mobilisation, c’est faire montre d’une ignorance crasse au mieux, ou d’une mauvaise foi des plus manifeste au pire. Il y a un minimum à appréhender de la dynamique sociale en Israël pour en parler, au lieu de s’accrocher à la propagande d’état. Quant à l’exemple de la Russie, la encore il faut prendre en compte les raisons invoquées par l’état russe et la manière dont l’état conduit cette guerre qu il appelle « opération spéciale » . Il faut aussi se documenter plus avant de discourir dessus, afin de ne pas déverser des contrevérités. Je m’étonne aussi que tu omettes le cas de l’Ukraine. Cela serait il gênant pour ton argumentation ou est ce une simple ignorance de ta part ?

La transposition à la situation que vit le Burkina ne peut qu’être fausse, conséquence d’un biais idéologique dès le départ : casser cette dynamique de la transition et instaurer la division au sein de la société burkinabe afin de la dissocier de son soutien populaire aux dirigeants et son armée. C’est cela transformer son clavier en arme de guerre. Cela nous ne l’admettrons jamais.
SOME

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