Accueil > ... > Forum 3118779

" Pauvre panafricanisme, pauvre anti-impérialisme !" Une tribune de Kwesi Debrsèoyir Christophe DABIRE

18 novembre 2023, 19:17, par SOME

Partie II
Dans tout ceci, le problème principal, c’est que tu ne nous poses pas les acceptions des mots et leurs liens entre eux. Il y a un impensé qui étonne. Cela est valable tant pour les termes démocratie, impérialisme, terrorisme, panafricanisme, anti impérialisme etc. Ainsi tu aurais pu nous dire en quoi ce panafricanisme anti impérialiste est de circonstance, opportuniste puisque il s’est ou a été congelé depuis la mort de Thomas sankara. Et en conséquence, éventuellement, nous dire pourquoi le peuple burkinabe a, tour à tour, embrassé et abandonné d’autres orientations, au lieu de poser une simple affirmation afin de conclure à
…un panafricanisme et un anti-impérialisme de circonstance et sans conviction qui ne vivent eux-mêmes, dangereusement, que de l’instabilité chronique et putschs interdits par les constitutions.

Nul ne condamne la critique et cette critique en tant que devoir de conscience implique ipso facto l’autocritique. Ce dernier aspect je ne le perçois pas chez toi, ni dans cet écrit, ni dans le précédent d’ailleurs, contre cette transition. Je ne vois rien. S’assumer, c’est assumer pleinement. Et là tu consens à assumer ton anti panafricanisme anti impérialiste quand tu ecris : …je critiquerai cette transition à partir de son propre idéal et depuis sa propre base idéologique qui n’est rien d’autre que le panafricanisme anti-impérialiste et anticolonialiste.

Tu ne nous dis pas en quoi …cette Transition nous ramène elle-même en arrière… ; tu affirmes qu’il manque (selon toi) cet esprit critique meta-critique qui t’obligerait à prendre en main ton devoir de critique. Cette circumlocution n’est qu’un combat contre l’idéologie panafricaniste anti impérialiste anti colonialiste de la transition que tu ne partages pas. Ce qui est ton droit. En cela, et contrairement à ce que tu dis, ton esprit critique n’est plus sceptique, mais dogmatique : j’attends des arguments et fondements solides. C’est là où on s’assume.

Non Debrseyir, les burkinabe ne sont pas versatiles ni inconstants ; ils sont restés fidèles à l’âme burkinabé : intégrité et dignité. Seuls ceux qui se disent intellectuellement mieux outillés que les autres se croient en devoir de leur dire comment se comporter. Voilà le malheur du Burkina. Sankara a échoué parce qu il a été abattu par ces intellectuels petit-bourgeois qui ne pouvaient s’empiffrer comme ils l’espéraient en prenant le pouvoir. Aujourd’hui l’impérialisme en bon archiviste se souvient, et revient à ses vieilles armes qui marchent. Le poisson commence toujours à pourrir par la tête. Après l’echec avec les politiciens professionnels, des institutions, des OSC, des médias, syndicalistes, on se rabat sur les intellectuels. Etc. On voit bien la tactique.

Ce panafricanisme, on le voit aisément, ne s’adosse et s’appuie sur aucun passé immédiat et récent de la politique du Burkina Faso, il ne bénéficie d’aucune continuité qui le rendrait crédible et convaincant… Mais non ! Habille toi d’un peu d’objectivite pour être convaincant et crédible, mon frère. Je comprends ta circumlocution pour ne pas égratigner directement et ouvertement l’icône nationale d’aujourd’hui en la personne de Thomas sankara, sinon tu verrais que ce panafricanisme anti impérialiste anticolonialiste d’aujourd’hui trempe ses racines dans et se nourrit du substrat du panafricanisme de Thomas sankara, et est le passé immédiat et récent de la politique du Burkina Faso.

Mais étant un anti anti-panafricaniste anti-colonialiste, tu ne veux y croire, ni te laisser convaincre. C’est ton droit. Tu tentes plutôt péniblement d’établir un raccourci entre révolution et panafricanisme et dissocier Traoré et Sankara. De pauvre, c’est plutôt ta posture meta-critique qui l’est. En quoi crier la révolution est la révolution ? Je constate que tu as occulté l’ère de la transition avec zida. Ta meta critique est bien sélective et transforme le stylo en exocet.

Le peuple a l’âme sankariste mais il n’y a pas pu avoir de sankariste pour le porter depuis 1987. Aujourd’hui le peuple sait reconnaître ceux qui le portent car il a tiré la leçon de l’assassinat de sankara. Et comme le dit un proverbe dagara, le petit poussin ne picore jamais le testicule de l’aveugle deux fois.

Elle [la mobilisation ciblée] fait surtout problème lorsque ceux qui la décrètent et imposent se réclament d’un panafricanisme anti-impérialiste qui discrimine entre les citoyens africains d’un même pays, perdant et trahissant et le « pan » et l’ « africanisme » qu’il est toujours reproché aux impérialistes et aux colonialistes d’interdire et d’insulter…
cette meta critique ne relève point de l’esprit critique car sinon il ne peut t’échapper que toute critique s’analyse en situation-contexte et dans une perspective plus globale.

Et si la mobilisation sous la révolution était nationale, c’est que le CNR avait travaillé à cela, elle n’était pas aussi spontanée que celle d’aujourd’hui. Et cela se comprend à l’époque et celle d’aujourd’hui se comprend aussi. Et si les civils n’ont jamais embouché l’antenne du panafricanisme, pourquoi ? On comprend que, logiquement et en tant qu’anti anti-panafricaniste anti-colonialiste, tu t’eriges contre la transition. Toute idéologie portée par le peuple doit être portée par les dirigeants (et vice versa) pour trouver vie, et c’est pourquoi le peuple occupe les places et carrefours pour maintenir la vie à sa révolution enfin portée par des dirigeants, après sankara. Le peuple a tiré leçon d’avoir laissé sankara pédaler seul pour monter la pente : il ne commettra plus cette erreur comme certains l’espèrent et y travaillent activement.
SOME

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés