Burkina/Énergie : Zéphirin Diabré sur la décision des autorités de la Transition portant construction de centrales nucléaires

Oh, mais mon propos n’est pas d’empêcher la réalisation de projets, c’est au contraire mon job que de les faire aboutir. C’est aussi ma fonction d’alerter sur des voies plus pertinentes et réaliste.

L’idée du canal est réalisable. On peut se baser sur des projets récents pour l’estimer à la louche : l’Égypte a doublé une section de 72 km du canal du panama en 1 an en 2016 pour 8 milliards de $. L’altitude max de Suez : 20 mètres au-dessus du niveau de la mer. Donc, au niveau de la mer, il faudrait mobiliser 88 mdrs de $ sur 10 ans. Sauf que l’altitude moyenne du Burkina 400m, supposons qu’il existe un parcours qui divise de moitié cette altitude, à 200m ... Le projet est à 30 ans et mobilisera très probablement plus du double de cette somme.

Est-ce que le Burkina a 200 milliards de $, hors inflation sur 30 ans ? Est-ce que les futurs gouvernements poursuivront l’investissement ? Est-ce qu’on peut baisser la facture en promettant (beaucoup) à des acteurs privés/étrangers ? Sur ce dernier aspect, je suis presque certain que le Burkina peut largement baisser la facture en faisant appel à des investisseurs étrangers, sans compter qu’il devra compter avec ses voisins. Une façon de faire est de privatiser le projet avec un bail de 50 ans... qui n’annulera pas les apports publics (hélas). Tout ça c’est politiquement compliqué.

Là encore, ça n’enlève rien à la pertinence d’un tel projet d’infrastructure qui pourrait désenclaver le pays, et les bénéfices seraient très grands, mais ça n’empêche pas d’être lucide sur le temps et les moyens, à mettre en place et se poser des questions sur les priorités.