Nucléaire : Le Burkina et la Russie signent un mémorandum d’entente

@passakziri
Messire Passakziri, tout d’abord, je vous remercie de la qualité de votre apport à ce débat sur le nucléaire et les réseaux électriques.
Je voudrais énoncer mes connaissances ou opinions sur quelques points par vous évoqués.
 Les hydrocarbures russes continuent à être utilisés non seulement par l’Allemagne, mais par d’autres pays de l’UE et même par l’Ukraine. Ils sont simplement camouflés sous des couches d’hypocrisie. Par exemple, on les baptise discrètement « gaz du Kazakhstan », « gaz d’Azerbaïdjan », « pétrole indien », « gaz d’Algérie », « huiles lourdes de Chine », « diesel turc », etc.
 Les réseaux européens sont très profondément interconnectés, en particulier entre la France, l’Allemagne, l’Espagne et même l’Angleterre (câbles sous-marins). Cela permet aux Allemands de compter sur les très puissantes centrales nucléaires françaises, sans le clamer sur les toits. Et les Français écolos se repaissent d’électricité éolienne espagnole ou d’hydroélectricité norvégienne, tout en faisant mine de ne pas tirer leur jus des centrales à charbon teutonnes ; centrales qui pourtant tournent à plein tout en enfumant l’Allemagne et ses voisins. J’ai remarqué que beaucoup de nos amis africains semblent ignorer la profonde intrication des économies européennes.
 L’interconnexion des réseaux ne devrait guère épater nos amis Ouest-Africains, car ils bénéficient eux aussi de l’hydro-électricité ghanéo-ivoirienne, des centrales pétrolières du Nigeria et même du réseau guinéen. Une grosse panne du réseau ivoirien, et hop !, plus de bière fraîche au Mali (ça, c’est une catastrophe !).
 La sécurité des installations nucléaires françaises a prouvé que l’atome civil est parfaitement utilisable sans le moindre mort ; oui, zéro virgule zéro morts depuis 70 ans. Mais les ingénieurs français sont notoirement paranoïaques. Pendant le dernier demi-siècle, les fumées et goudrons des centrales à charbon ont collé des milliers d’emphysèmes et de cancers, ces centrales fumantes ont été infiniment plus nocives que le nucléaire... sans compter les dégâts sur les forêts. Le nucléaire civil est victime des fantasmes sur les bombes atomiques ainsi que de l’incroyable incompétence des atomistes russes.
 Le développement de l’électricité africaine est vital, mais, [1], il ne peut pas se penser avec un esprit souverainiste étroit, et, [2], il doit être pensé dans un vaste cadre régional d’interconnexion.
 Rien n’interdit à long terme d’envisager du nucléaire, mais dans une zone africaine pacifiée, industrialisée, débarrassée du terrorisme et d’autres problèmes fichtrement plus urgents que l’acquisition de gros jouets diaboliques.