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Burkina - MPSR 2 : Bien communiquer fait partie de la bataille pour gagner la guerre

19 novembre 2022, 11:10, par kwiliga

Bonjour Sana Guy,
En général, je cautionne vos propos, trouvant souvent que le fond comme la forme de vos articles, vont plutôt dans le sens de ce que je soutiens.
Hors, ici, ce n’est absolument pas le cas et, si en conclusion de votre article, vous exhortez notre putschiste président de la transition à développer son sen de l’écoute, je ne peux que vous inciter à faire de même.
En effet, dans le parallèle que vous tentez d’établir entre les discours de Damiba et celui de Traoré, il est, me semble-t-il des choses que vous confondez et d’autres que vous omettez.
Vous écrivez :
- "le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba a fait un discours étrange de bilan de la lutte contre l’insécurité où il rendait tout le monde responsable de la situation du pays" Et c’est tout à fait vrai.
- "Nous sommes tous responsables ; les Burkinabè sont appelés à faire leur introspection et à faire leur mea-culpa" Propos que vous attribuez à Traoré. Hors, ce n’est pas ça qui est dit. Dans ses propos introductifs, le président s’adresse bel et bien aux occupants de la salle, représentants politiques et d’OSC, en leur disant : "vous êtes les acteurs de la société burkinabé" et c’est eux et eux seuls, qu’il invite au mea-culpa et à l’introspection. Si vous vous êtes senti directement concerné, ce n’est certainement pas le cas de millions de burkinabè, qui savent bien que quantité de problèmes de notre pays, proviennent de la mal-gouvernance et de l’égoïsme d’une petite caste de privilégiés. S’il incrimine ensuite davantage les citadins que les ruraux, il le fait en expliquant que la désinformation en est la cause profonde, que les gens de Ouaga, continuent de vivre tranquillement, parce qu’ils ignorent à quel point la situation du reste du pays est dramatique.
Vous écrivez ensuite : "Le président de la transition semble se plaindre de ceux qui font la fête à Ouagadougou pendant que les gens meurent ailleurs" Et donc, vous réprouvez cela. Et bien, à l’inverse, j’approuve pleinement ces propos, qui ne relèvent pas d’une quelconque morale religieuse, comme vous aimeriez à le laisser entendre, mais bien des simples réflexes humains de compassion et de solidarité que nous devrions tous avoir quand nos frères et nos sœurs meurent sous les balles des terroristes, vivent dans des conditions insupportables ou sont obligés de fuir.
Et de conclure ce chapitre par un "sans travailler pour obtenir leur pain", mais comment donc avez-vous pu vous livrer à une telle interprétation des propos de ce discours ?
Vous poursuivez par : "Cela démotive le peuple de savoir que nos troupes sont abonnées aux médias et aux réseaux sociaux et avalent toute la daube qu’ils proposent". Ce qui signifie donc que vous, journaliste, dont la fonction devrait-être de se mettre au service de la vérité, venez ici reprocher au premier représentant de l’état, de justement tenir au peuple, ce discours de vérité. Cela me semble révélateur d’une grande contradiction avec les missions d’information qui sont les vôtres.
Et de rajouter : "les motiver avec les primes et leur paiement régulier", mais pour une fois que quelqu’un essaie d’amener une autre forme de motivation que la vénalité, on ne va tout de même pas le lui reprocher.
Vous vous permettez même ce qualificatif : "Cette communication désespérante", alors que moi, à l’inverse, c’est la première fois depuis longtemps que j’ai vu naitre une lueur d’espoir.
Bien sur, Traoré n’est pas Sankara, il n’en a ni le charisme, ni la verve et surement pas la formidable capacité politique et idéologique, néanmoins, depuis ce discours, je me dis qu’il en a la sincérité et, je l’espère, le courage.
Surtout, le courage, car après ce discours de vérité, face à l’élite dispendieuse de notre nation, il lui faudra passer aux actes et, pour cela, s’attaquer à des puissants, grands fonctionnaires, gros commerçants,... s’il ne le fait pas, ce beau discours restera lettre morte.
Pour info, la citation de Spinoza est la suivante : "Il vaut mieux enseigner les vertus que condamner les vices.", sinon, ça n’a pas de sens.


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