ActualitésDOSSIERS :: CRISE IVOIRIENNE : Des contradictions minent le panel

L’élection présidentielle qui devait consacrer la fin de la crise ivoirienne, a pluôt contribué à l’exacerber davantage. Le président du Faso, facilitateur de la crise de 2003 à 2010, a été à nouveau appelé à la rescousse pour éteindre le feu. Il a donc repris son bâton de pèlerin. Après une première rencontre à Addis Abeba, il a pris part à une seconde réunion avec ses pairs du groupe de haut niveau pour le règlement de la crise en Côte d’Ivoire, à Nouakchott, du 19 au 20 février dernier. Un conclave au bilan mitigé : un consensus n’a pas pu être dégagé pour permettre à tous les membres du panel de se rendre immédiatement à Abidjan.

Le palais des congrès a abrité, le 20 février dernier, le sommet réunissant les cinq chefs d’Etat désignés par l’Union africaine pour une sortie de crise en Côte d’Ivoire. Les discussions n’ont pas permis de dégager les options à envisager pour engager une médiation entre le président sortant Laurent Gbagbo et le président élu Alassane Dramane Ouattara. Pourtant, lors de la cérémonie d’ouverture, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de file du groupe de haut niveau de l’UA comprenant également Blaise Compaoré du Burkina, Jacob Zuma d’Afrique du Sud, Jikaya Kikwete de Tanzanie et Idriss Déby Itno du Tchad, a rappelé l’urgence de régler le conflit.

Car la crise ivoirienne, a-t-il dit, a des répercussions négatives tant pour les Ivoiriens eux-mêmes que pour la sous-région et l’Afrique dans son ensemble. Il a souhaité que les contributions des experts envoyés en mission en Côte d’Ivoire du 6 au 10 février dernier, puissent guider les choix du panel. Il a aussi émis le souhait d’aboutir à "une issue pacifique qui préserve la paix, la stabilité et la démocratie en Côte d’Ivoire et renforce l’unité et la cohésion du peuple ivoirien frère".

Silences et indécisions

Ensuite, ce fut un huis clos interminable, signe manifeste de l’âpreté des discussions entre les cinq chefs d’Etat pour "formuler une solution politique d’ensemble dans un délai n’excédant pas un mois". Les échanges au sommet ont duré plus de six heures de temps, entrecoupés de pauses. Il y avait des huis clos dans le clos. De temps en temps, une personnalité sort, téléphone vissé à l’oreille. Mais à la presse, aucun mot n’est soufflé. Comme le très affable Jean Ping, qui, d’habitude si prompt à se prêter aux questions des médias, a avoué son impuissance face à la complexité du dossier. "J’ai la langue coupée", a-t-il lancé à la nuée de journalistes qui s’agglutinaient autour de lui.

Entrés dans la salle de conférences à 14h 30, c’est après 20h 00 que les chefs d’Etat sont ressortis des travaux dans la cohue générale, la meute de journalistes étant bousculés sans ménagement. Les chefs d’Etat et leurs experts sont partis comme ils sont venus : muets comme des carpes. Les quelques informations qui ont filtré du sommet montrent qu’un accord n’a pas pu être trouvé. De sources diplomatiques burkinabè, un texte consensuel n’a pu être adopté pour permettre aux membres du panel d’engager les négociations avec les protagonistes de la crise ivoirienne.

Il faut aller à Abidjan avec une position commune, dans des conditions de sécurité sans faille. Ces deux conditions n’étant pas encore réunies, le président du panel continuera de suivre le dossier afin de le finaliser et d’être en contact avec les parties ivoiriennes. Du côté du Burkina, on assure que ce sommet n’a pas été vain. Il a permis au président du Faso, qui est un fin connaisseur du dossier ivoirien, de donner des explications détaillées à ses pairs. Il reste à savoir si Jacob Zuma, l’autre poids lourd du panel, dont le pays reconnaît cependant les décisions de l’UA, a été sensible au discours de l’ex-facilitateur du dialogue direct ivoirien.

La CEDEAO en accord avec les experts

Les tractations ont, en fait, commencé très tôt dès la matinée, en coulisses. C’est le président mauritanien qui a ouvert le bal, en tant que hôte du sommet. Il est ainsi passé de villa en villa, pour échanger avec ses hôtes, logés au sein même du vaste complexe du palais des congrès, en plein cœur de la capitale. Après son audience avec le président burkinabè, Blaise Compaoré, il a fait cette déclaration laconique : "Nous allons travailler ensemble pour trouver une solution à cet épineux problème qui se pose à nos frères ivoiriens". Sur insistance des journalistes, il a daigné ajouter que le panel a déjà son idée quant à la mission qui lui a été confiée.

Mais avec le ballet incessant du président de la commission de l’Union africaine, Jean Ping, entre les différentes villas, on a vite compris que les tractations sont intenses et que rien ne sera facile pendant le sommet proprement dit. Une grande discrétion a entouré ces discussions préliminaires, et c’est la langue de bois qui prévalait. Le président de la commission de la CEDEAO, après avoir été reçu par le président Compaoré, n’a rien laissé filtré du fruit des cogitations des experts. Mais on imagine que le résultat livré par ceux-ci convient à la CEDEAO car Victor Gbeho a annoncé : "Nous avons convenu que le travail qui a été abattu par les experts est formidable".

Il faut dire que l’Union africaine, qui a mandaté les 5 chefs d’Etat, fonde sa démarche sur un postulat inscrit au point 2 du communiqué de la 25e session du Conseil de paix et de sécurité (CPS). Il y est dit que le CPS reconnaît Alassane Dramane Ouattara "comme président élu à l’issue du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, sur la base des résultats certifiés par le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, conformément à la résolution 1 765 et aux différents accords signés par les parties ivoiriennes et entérinés par la CEDEAO, l’UA et les Nations Unies".


Les missions du groupe de haut niveau

a) Le Groupe sera assisté par une équipe d’experts et travaillera, en tant que de besoin, en étroite coopération avec les partenaires de l’UA, notamment les Nations unies,

b) Le Groupe est mandaté pour évaluer la situation et formuler, sur la base des décisions pertinentes de l’UA et de la CEDEAO, une solution politique d’ensemble,

c) Le Groupe conclura son travail dans un délai qui ne dépassera pas un mois, et ses conclusions, telles qu’elles seront entérinées par le Conseil, seront contraignantes pour toutes les parties ivoiriennes avec lesquelles elles auront été négociées.

Source : UA


En bref

- La RTI, la télévision ivoirienne, ne ménage décidément aucun effort pour couvrir l’actualité concernant la Côte d’Ivoire. Elle a ainsi dépêché une équipe de reportage à Nouakchott pour suivre les travaux du panel. On attend de voir quel traitement elle en fera.

- Le président du Faso a été le premier des membres du panel à fouler le sol mauritanien. C’était le 19 février. Il était accompagné du ministre des Affaires étrangères, Alain Yoda, et de son représentant à Abidjan, Boureima Badini, notamment. Le président tanzanien est arrivé le dernier, avec un grand retard sur le programme.

- Le site qui a abrité les travaux du panel comprend un palais des congrès et cinq villas présidentielles situées à quelques mètres les unes des autres. Le complexe est l’œuvre de la Chine.

- Seuls les caméramen et les photographes ont eu accès à la salle du huis clos. Les journalistes ont dû faire le pied de grue dans le hall exigu du palais des congrès, pendant plus de six heures de temps. A la fin, pas de communiqué final, ni de communiqué de presse encore moins d’interview. Le black-out total.

- Les autorités mauritaniennes ont profité de la réunion du groupe de haut niveau pour faire la promotion de leur pays. L’Office national du tourisme a dressé un stand vantant les charmes de la Mauritanie. Mais l’image de l’insécurité que vit le pays est difficile à effacer. Il suffisait de voir la haute sécurité qui a entouré le sommet pour le comprendre.

Mahorou KANAZOE (Envoyé spécial)

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