Venus à pieds, à vélo, à moto en voiture, ils étaient plus d’un millier à converger vers la place de la nation de Ouagadougou le vendredi 11 février. Sous un soleil de plomb, élèves, étudiants, personnes âgés, chefs coutumiers et religieux, personne ne voulait manquer à l’appel du mouvement « J’aime ma patrie ». Munis de fanions, pancartes et autres banderoles, chacun tenait à affirmer son soutien à Blaise Compaoré pour sa médiation dans la crise ivoirienne.
Des voix s’élèvent à Abidjan pour réclamer son exclusion du panel des chefs d’Etat mandatés par l’union africaine pour se rendre au pays d’Houphouet Boigny. Des déclarations « du ministre de la rue abidjanaise », Charles Blé Goudé qui peuvent être considérées comme des injures au président du Faso. Pas question qu’il renonce à participer, clament les ouagalais et ivoiriens (RHDP) vivant au Burkina
A Ouaga, on se dit très touché de voir notre président roulé ans la boue de la sorte.
« Par un moins que rien ». Et on a enfin choisi de répondre au coup de pied de l’âne par des coups de pattes aussi. Cette marche-meeting était l’occasion de lancer des messages hostiles à Laurent Gbagbo et surtout à Charles Blé Goudé, celui-là même que les marcheurs ont qualifié de « ministre de la rue, ministre sans diplôme, de voyou » et que sais-je encore. Les mots n’étaient pas du tout mesurés. On pouvait lire entre autres sur les pancartes : « non à l’étranglement de la démocratie en Côte d’Ivoire », « Blaise Compaoré, les burkinabè te soutiennent », « non aux injures de Blé Goudé », « attention Blé Goudé (…) », « Blé Goudé, ton cas est clair » et j’en passe. Jamais le nom du ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo n’a été prononcé dans la capitale burkinabè.
L’occasion était belle pour réaffirmer la victoire incontestable d’Alassane Dramane Ouattara. Il faut que Laurent Gbagbo quitte le pouvoir, ont exigé les manifestants.
Les représentants du RHDP ont participé à ce meeting-marche. Des chefs traditionnels et religieux ont tout de suite sauté dans la marche, bravant la chaleur infernale de cet après-midi, élèves et étudiants constituant l’essentiel des marcheurs. Sans oublier les commerçants qui semblent les plus touchés par cette crise qui n’a que trop duré.
Après le meeting qui a duré une heure environ, le cortège s’est ébranlé vers le rond-point des nations-unies, comme pour prendre à témoin l’organisation onusienne.
Mais, il reste à savoir si cette marche ne fortifie pas le camp Gbagbo au lieu de l’affaiblir. Le silence face aux verbiages d’un homme dont la portée ne dépasse guerre la télévision nationale de la Côte d’Ivoire n’aurait-il pas été plus judicieux ? Qu’il y ait soutien populaire ou non, la décision de Blaise Compaoré est prise. Il ira en Côte d’Ivoire, n’en déplaise à Gbagbo et sa bande. La sécurité de nos compatriotes y vivant ne sera-t-elle pas menacée ? Souhaitons que non. Vivement que cette crise qui n’a que trop duré trouve enfin solution.
Moussa Diallo
Lefaso.net
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