La nouvelle, comme un couperet, est tombée dans la soirée du samedi 22 janvier 2011 : Philippe- Henri Dacoury Tabley a remis son tablier du gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Cette démission n’est pas en soi une surprise, vu que le désormais ex-gouverneur était depuis un certain temps soupçonné d’avoir fait virer des dizaines de milliards de francs CFA au profit du camp de Laurent Koudou Gbagbo, à qui les ministres de finances de l’UEMOA ont retiré le droit de signature au profit de son adversaire Alassane Dramane Ouattara, reconnu comme président de la Côte d’Ivoire.
Le fait même que l’annonce du départ de M. Dacoury Tabley intervient en marge d’un sommet ordinaire des chefs d’Etat de l’UEMOA à Bamako n’est pas fortuit. En effet, Philippe- Henri Dacoury devait s’expliquer sur les virements de fonds effectués au profit du camp du président sortant ivoirien. Puisque la mesure des ministres des finances de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) était on ne peut plus claire : seul ADO, en sa qualité de président démocratiquement élu de la Côte d’Ivoire et reconnu comme tel par la communauté internationale, est habilité à autoriser les sorties des avoirs ivoiriens à la Banque centrale. En passant outre cette mesure pour venir financièrement à son mentor Gbagbo, à qui il doit sa nomination à la tête du gouvernorat de la BECEAO, M. Dacoury Tabley s’était mis dans une situation inconfortable, sinon intenable.
Et au lieu de courir le risque d’être démis de ses fonctions, il a préféré prendre les devant en remettant lui-même son tablier. Dans sa situation, c’était visiblement, la meilleure décision à prendre. Evidemment, cela n’arrange pas les membres de son camp à Abidjan, eux qui certainement encore besoin de son coup de pouce pour tenir face à l’asphyxie financière dont ils font l’objet depuis quelque temps. En tout cas, le coup est dur à supporter à La majorité présidentielle. Et l’on comprend aisément que certains ne soient pas passés par quatre chemins pour parler de « Démission forcée ». Ca y ressemble vraiment. Mais, le vin est déjà tiré. Il ne reste qu’à le boire.
Et si le camp Gbagbo veut encore tenir au pouvoir, en dépit de l’étau économique et financier qui ne cesse de se resserrer, c’est à lui de trouver des alternatives pour s’accrocher.
En attendant la désignation par ADO d’un successeur à Philippe-Henri Dacoury Tabley, c’est l’ancien ministre burkinabè de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré qui doit se frotter les mains puisqu’il devient de facto gouverneur intérimaire de la BECEAO. Avant lui, un autre compatriote avait eu ce privilège de diriger l’institution bancaire sous régionale, en l’occurrence Justin Damo Baro.
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net
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