Actualités :: Assassinat de Idrissa Ouédraogo : Deux avocats burkinabè au Liban

Suite à l’assassinat, le 9 janvier dernier à Ouaga, de notre compatriote Idrissa Ouédraogo, dit Douda, le consul honoraire du Liban au Burkina a rencontré la presse hier en fin de matinée. Joseph Hage a, à cette occasion, dénoncé, au nom de toute la communauté libanaise au Burkina, le crime commis par le sieur Damen, et annoncé des mesures prises pour rendre justice au regretté Idrissa et dédommager la famille endeuillée.

Face à la presse nationale fortement mobilisée, le consul honoraire du Liban au Burkina, Joseph Hage, n’a pas fait de doute sur la culpabilité de son compatriote Abbas Damen dans ce qu’il convient désormais d’appeler l’affaire Idrissa Ouédraogo. Pour lui, le sieur Abbas Damen, également citoyen ivoirien, âgé seulement de 23 ans, marié à une femme ivoirienne, père d’une fillette d’environ 5 mois et vivant au Burkina depuis août 2007, est bel et bien celui là qui, le mercredi 9 janvier dernier, a commis le meurtre de Idrissa Ouédraogo, 28 ans, lui aussi marié et père d’un enfant d’un an et demi.

Avant d’en venir aux faits, le diplomate libanais a d’abord salué le comportement de la presse nationale qui, selon lui, a fait preuve de professionnalisme dans le traitement de l’information relative à cette affaire "en se gardant de jeter l’huile sur le feu" comme on aurait pu le redouter.

S’agissant de la personnalité du présumé criminel, le consul honoraire a indiqué qu’il était, jusqu’au moment de son crime, employé par un sociétaire Libanais basé en Côte d’Ivoire et dont il gérait une succursale nouvellement ouverte à Ouaga. L’homme, selon le consul Libanais, était très peu connu au sein de la communauté Libanaise du Burkina dont il n’était même pas membre officiel.

Abbas Damen, à en croire Joseph Hage, aurait, depuis quelque temps, lié amitié avec Idrissa Ouédraogo (agent de change à l’aéroport de Ouaga), avec qui il échangeait assez souvent des devises. C’est ainsi qu’un jour, le jeune libanais demanda à son "ami" burkinabè de lui trouver la somme de 50 000 dollars en échange contre l’équivalent en franc CFA. Avec le concours de ses collègues qui ont accepté de lui prêter du dollar, Idrissa parvint à réunir une somme de 40 000 dollars US avec laquelle il a quitté l’aéroport avec Abbas. C’est son corps sans vie qui va être découvert dans l’après-midi du vendredi 11 janvier, au domicile d’Abass, par la police qui a dû défoncer la porte. Abass a quitté alors le Burkina le mercredi 9 janvier dernier avec sa femme et sa fillette, à bord d’une voiture appartenant à son patron. Pour passer le poste de douane frontalier, il aurait dit être en partance d’urgence sur Abidjan, pour soigner sa fille malade. Le consulat honoraire et la communauté libanaise du Burkina qui, selon Joseph Hage, avaient pris au sérieux la disparition d’Abass se seraient beaucoup impliqués dans la recherche du présumé criminel. Et à cet effet, elle aurait alerté la police d’Abidjan, Interpol de Ouaga, et des avis de recherche ont été lancés à Beyrouth, au Liban. Le ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre, et le président de l’Assemblée nationale du Liban auraient été tous mis au courant de cette affaire qui aurait défrayé le chronique au Liban.

Pas de convention d’extradition entre le Liban et le Burkina

Il fallait coûte que coûte mettre la main sur "le criminel" afin d’éviter que "les populations pensent qu’il avait bénéficié d’une quelconque protection de la part des Libanais du Burkina". Les recherches auraient permis de savoir que d’Abidjan, le "wanted" avait embarqué à bord de Royal Air Maroc à destination de Beyrouth via Casablanca. La police a finalement réussi à lui mettre la main dessus dans l’après-midi du vendredi 11 janvier et il a été déféré en prison lundi matin, après son passage devant le juge d’instruction. Les images de cette arrestation (voir photos) auraient été largement diffusées sur l’ensemble des chaînes de télévision au Liban.

La communauté libanaise vivant au Burkina a fait des pieds et des mains, à en croire le consul, pour obtenir l’extradition d’Abass afin qu’il soit jugé par la justice burkinabè. Elle aurait même envoyé lundi dernier à 13 h 30, un mandat d’arrêt à cet effet. Mais l’absence d’une convention d’extradition de prisonnier entre le Burkina et le Liban n’aurait pas permis de parvenir à cette fin.

Le consul a annoncé que la communauté libanaise du Burkina s’est néanmoins engagée à s’attacher les services de deux avocats dont un au service de la famille du disparu pour le procès qui va probablement se tenir à Beyrouth. Les Libanais du Burkina qui ont, par solidarité avec la famille Ouédraogo, observé 3 jours de deuil, saluent, par la voix du consul honoraire, l’attitude de la famille endeuillée qui s’est départie de toute idée de vengeance. Ils se sont également engagés, en même temps que la famille de l’employeur du criminel, à prendre en charge le voyage de deux membres de la famille Ouédraogo, pour assister au délibéré du jugement en terre libanaise. Ils ont aussi prévu le remboursement aux différents propriétaires des sommes empruntées par Abass. Un cousin du patron d’Abbas Damen aurait, lui aussi, pris l’engagement de payer 100 000 F CFA par mois à l’épouse de l’infortuné Idrissa, et cela, pendant 5 ans.

Le consul honoraire du Liban au Burkina qui ne souhaite pas du tout que cet événement malheureux porte préjudice à toute la communauté libanaise au Burkina (présente depuis plus de 120 ans), a promis de prendre de nouvelles mesures qui consisteraient essentiellement à pouvoir mieux identifier tout Libanais nouveau venu au Burkina.


Lettre de condoléances du ministre libanais des Affaires étrangères et des Emigrés au consul honoraire du Liban au Burkina

" Suite au crime odieux malheureusement commis par un ressortissant libanais qui a coûté la vie à M. Ouédraogo Idrissa, citoyen burkinabè, je désire que vous transmettiez, en mon nom et au nom du gouvernement et du peuple libanais, les plus sincères condoléances à la famille du défunt et aux autorités et peuple Burkinabè. Le coupable trouvera la punition relative à son acte méprisable et il est déjà incarcéré auprès des autorités judiciaires libanaises, et je vous assure qu’il sera sévèrement puni pour le mal condamnable qu’il a infligé à une personne innocente et à sa famille. Le Liban sera, il va sans dire, disposé à collaborer avec les autorités burkinabè afin de s’assurer que la justice soit faite dans le cadre des relations excellentes qui existent entre les deux pays.

Je suis convaincu que la communauté libanaise au Burkina Faso, qui a toujours joué un rôle positif dans ce pays ami, restera toujours dévouée à la prospérité burkinabè et à l’excellente relation avec le peuple burkinabè ami.

Je suis certain que cet incident regrettable n’affectera pas l’amitié libano-burkinabè."

Fawzi Salloukh

Ministre des Affaires étrangères et des Emigrés

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