Actualités :: Fistule obstréticale : les primipares jeunes et les multipares agées comme (...)
Dr Sophar Hien

La fistule obstréticale est une maladie invalidante, “honteuse”. Pis, elle met la vie des femmes victimes en péril. Comment survient-elle, quelles sont les conséquences qui en découlent, quel est le groupe cible... A toutes ces questions le chef de service d’urologie du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, le docteur Sophar Hien répond.

Sidwaya (S) : Qu’est ce que la fistule obstréticale ?

Sophar Hien (S.H) : La fistule obstréticale est une lésion du tractus génital de la femme survenant au cours d’un accouchement difficile. Elle se produit par le fait que la tête de l’enfant qui descend dans le pelvis de la mère ne trouve pas le passage adéquat pour sortir ; et coïnce alors la vessie contre l’os pubien, ceci durant plusieurs heures. Ce qui entraîne une hyskémie laquelle hyskémie une fois l’obstacle levé, va chuter et laisser un trou au niveau de la vessie. Alors les urines coulent permanemment.

S. Il arrive aussi que les selles s’écoulent. Comment explique t-on une telle situation ?

S.H : De même qu’en avant, c’est l’os pubien qui constitue l’obstacle osseux, en arrière, le sacrum peut l’être. Le rectum dans ce cas est coincé contre le sacrum. Et par le même processus il peut avoir une déchirure au niveau du rectum. Dans ce cas il y a à la fois écoulement d’urine et de selles.

S. Quelles sont les femmes le plus exposées à cette “maladie” ?

S.H. : La cible privilégiée est les primipares jeunes et les multipares âgées dont l’utérus est fatigué et n’arrive plus à se contracter. Ce qui conduit à la fois à une rupture utérine et de la vessie. Mais toutes les femmes en activité génitale sont susceptibles de faire une fistule vesico vaginale obstréticale.

S. Quelles sont les conséquences d’une telle maladie ?

S.H : Les conséquences sont multiples. Du point de vue physique, la femme n’est pas à l’aise dans un tel état. Elle est psychologiquement affectée car dans la plupart du temps elle perd et son enfant et son mari. Il n’est pas facile de se retrouver avec une femme qui dégage permanemment une très forte odeur d’urine et/ou de selles.
Les conséquences médicales sont également importantes. A partir du moment où la vessie est ouverte à l’extérieur, les urines s’infectent et des complications tels que les calculs se forment sur la vessie malmenée.

S. Quel est le temps d’intervention chirurgicale d’une fistule, et quel est le taux d’echec ?

S.H. : Le temps de l’intervention chirurgicale est variable. Il va de 1 h 30 à 4 h puisque cela dépend de ce qu’on a décidé de faire et de la gravité des lésions. Lorsqu’il s’agit d’une lésions simple, l’intervention peut prendre simplement une heure.
Quelques fois les lésions sont tellement complexes qu’on est obligé de faire des déviations et diriger les urines vers l’intestin afin de pouvoir évacuer les reins.
Dans ce cas on fait plusieurs types d’interventions à la fois et cela peut aller jusqu’à 4 heures de temps. Le taux d’échec est relativement important puisque généralement on peut échouer une fois sur trois.

Propos recueillis par Aline Verlaine KABORE


Quelques témoignages de femmes victimes

Odile Sawadogo sur son lit d’hôpital : “Cela fait environ sept mois que j’ai eu la fistule par suite d’accouchement. J’ai subi une première intervention qui a échoué . Mon mari m’a reniée et m’a remise à mes parents. J’ai souffert durant les quelques mois le martyr. C’est mon grand frère résidant à Ouagadougou qui m’a fait venir de Koungoussi pour me soigner. Je viens de subir une deuxième intervention avec succès. Je suis très contente car enfin, je vais retrouver une vie saine. Cependant j’ai un cri de détresse à lancer aux hommes.

Le mariage est sacré et l’on s’unit pour le meilleur et pour le pire. S’il faut se marier et être reniée par ton mari pour cause de maladie, je pense que ce mariage ne vaut pas la peine d’être vécu. Aucune femme n’acceptera fuir son mari parcequ’il est malade.

Alors que les hommes fassent preuve d’humanisme et de compassion à l’endroit de leurs épouses. J’ai eu quatre maternités difficiles, aucun enfant ne vit. C’est à la quatrième que j’ai contracté la fistule. Mon mari, au lieu de me réconforter, m’a dit tout simplement de rejoindre mes parents car je suis non seulement malchanceuse mais aussi budgétivore.”

Safiatou Ouédraogo (larmes aux yeux) : “J’étais mariée. Je vivais en Côte-d’Ivoire avec mon mari. C’est suite à mon premier accouchement que j’ai eu la fistule. Nous avons tenté les soins là-bas sans succès. Mon époux m’a abandonnée. J’ai dû quitter la Côte-d’Ivoire pour rejoindre mes parents ici au Faso. Cela fait une année que je suis là. Grâce à un parent j’ai été identifiée par le club des femmes professionnelles et de carrières libérales pour subir l’intervention chirurgicale.

J’ai été programmée (NDLR mardi 12 juin 2007) et j’attends d’être opérée. Je souhaite de tout cœur que cela réussisse. Lorsque je regarde celles qui ont été opérées, je les envie. Peut être que je retrouverai comme elles le sourire, la joie de vivre et d’être femme”.

Propos recueillis par A.V

Sidwaya

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