Actualités :: “Pétrole” au BEPC 2007 : Plusieurs centres inondés

La session 2007 du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) débutée le 14 juin dernier a été entachée d’irrégularités à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Samedi 16 juin 2007, 3e jour de l’examen, constat d’une ambiance de fraude dans des jurys de la ville de Ouagadougou, capitale “des hommes intègres”.

* “De nos jours, la tricherie est un phénomène de plus en plus répandu dans le milieu scolaire. Selon vous, quelles sont les causes d’une telle pratique et quelles peuvent être les conséquences dans la vie future d’un élève ?” * “Lors d’un devoir en classe, un de vos camarades a triché et a été pris par le surveillant.

Racontez en une vingtaine de lignes ce qui s’est passé. Dites comment votre camarade a réagi et quelle a été la sanction ?”. Ce sont là les sujets au choix de l’épreuve de français (expression) au Brevet d’études du premier cycle (BEPC) 2007 soumis aux candidats, le 1er jour de la composition.

L’un est un texte argumentatif et l’autre narratif. Est-ce des sujets expressément choisis pour sensibiliser les candidats sur les méfaits de la fraude ?

En tous les cas, à la 2e journée de composition, notamment avec les épreuves de mathématiques et de physique-chimie, le pétrole était au rendez-vous. En effet, “le pétrole”, cette autre expression de la fraude aux examens, n’a pas épargné cette session. Les vannes ont pété et le pétrole a coulé à flot, inondant plusieurs centres d’examen de Ouagadougou (lycées Marien N’Gouabi, Philippe Zinda Kaboré, Nelson Mandela, Bogodogo...).

La conséquence immédiate est la reprise ce matin, des épreuves de mathématiques et de physique-chimie. Samedi, 16 juin 2007, était le jour de l’épreuve orale d’anglais. A 10 h , le lycée Philippe Zinda Kaboré grouillait de candidats. L’oral d’anglais prévu pour 7 h 00 n’avait pas encore commencé. Par groupuscules, ils profitaient de l’ombre des neems. Leur causerie principale portait sur la fraude “massive” des sujets d’examen du BEPC 2007. “Toutes les matières sont concernées.

Le “pétrole” vient d’en haut “, s’exprime tristement une jeune candidate.
Un autre, Abdoul Nassirou, de soutenir que les épreuves de mathématiques et de physique-chimie circulaient en ville. “J’ai vu des élèves par petits groupes de deux ou trois, traiter les épreuves d’examen. A l’approche d’un inconnu, ils changeaient de place pour finir par s’en aller”, témoigne M. Nassirou.

Selon les candidats, plus de sept élèves ont été arrêtés, dont un du Prytanée militaire du Kadiogo (PMK). Approché, le proviseur du lycée Philippe Zinda Kaboré, Ali Sawadogo, a refusé tout commentaire, sauf de dire : “Je connais bien Sidwaya ...mais si c’est par rapport aux fraudes, je suis désolé, je ne peux pas me prêter à vos questions, merci”.

10 h 30, au lycée Nelson Mandela, l’oral d’anglais prévu pour 7 h 00 venait de commencer. Selon les indiscrétions, il a fallu attendre de nouveaux sujets, car les textes prévus étaient déjà dans la rue. Dans ce centre dirigé par le proviseur du lycée Nelson Mandela, Jean-Pierre Korsaga, sept (7) candidats qui avaient par dévers eux des brouillons non cachetés corrigés des épreuves de mathématiques ou de physique-chimie ont été appréhendés.

“Nous sommes dans un monde d’incivisme, dans une ère de facilité. Ainsi, nous avons insisté pour que les surveillants soient vigilants et vérifient tous les brouillons. C’est une tristesse pour nous éducateurs, de constater ces cas de fraude en fin d’année. Ce n’est pas évident qu’un jeune candidat de 14 ans par exemple ait suffisamment de moral pour reprendre brillamment les épreuves annulées”, regrette M. Korsaga.

Au centre du lycée Bogodogo, les jurys étaient vidés de leurs candidats ; seuls les professeurs venus pour l’oral s’étaient convertis ipso facto en correcteurs de l’épreuve écrite d’anglais. Dans ce lycée, trois candidats auraient été pris sur la courte échelle. C’est le même constat au lycée Marien N’Gouabi où les candidats avaient rebroussé chemin, espérant pouvoir reprendre ultérieurement l’oral d’anglais. Cependant, les enseignants s’affairaient à la correction de l’épreuve écrite d’anglais.
Dans le centre, quatre candidates auraient été remises à la sécurité.

Selon le président du centre, Mathias Konkobo et celui du jury n°61, Bonanet Franck, deux de ces candidates ont reconnu sur-le-champ qu’elles avaient par devers elles les corrections des épreuves de mathématiques. Au-delà des jurys visités, des sources émanant de l’Office central des examens et concours du secondaire (OCECOS) font état d’une quarantaine de candidats dont 5 à Bobo-Dioulasso appréhendée et détenue par les forces de l’ordre pour des raisons d’enquête afin de situer les responsabilités.

Au moment où nous bouclons ce journal, l’enquête policière sur les fraudes au BEPC 2007 aurait évolué : une cinquantaine de personnes dont des agents du ministère des Enseignements auraient été interpellés. L’Office central des examens et concours du secondaire (OCECOS) a organisé une conférence de presse, hier en fin d’après-midi sur la situation. Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.

Boureima SANGA


Fraude aux examens et concours, arrêter la dérive

La morale agonise-t-elle au sein de l’enseignement au Burkina Faso ? Une interrogation bien fondée si tant est qu’au fil des ans, les examens devant sanctionner les cycles sont soumis à rude épreuve. “Les irrégularités” selon le directeur général de l’Office central des examens et concours du secondaire (OCECOS), Didace Gampiné lors du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) 2007, survenues la semaine dernière sont révélatrices du marasme qui règne au niveau de l’organisation des examens au Burkina Faso.

Plutôt d’irrégularités, il serait plus approprié et plus exact de parler d’une atteinte aux fondements même de l’enseignement. En effet, les fraudes généralisées constatées lors de l’examen du BEPC 2007 constituent un manquement grave à la crédibilité de tout diplôme digne de foi.

Parler d’irrégularités semble banaliser le problème. Or de plus en plus, les fraudes aux examens rappellent et interpellent qu’un changement radical doit être opéré. Un changement qui doit commencer par situer sans complaisance les responsabilités pour prendre les mesures idoines qui s’imposent. L’adage ne dit-il pas que le poisson pourrit par la tête ? Au risque que cette pourriture ne gangrène tout l’enseignement
burkinabè.

Charles OUEDRAOGO


En rire ou en pleurer ?

Le “pétrole” a coulé abondamment au BEPC 2007. La nouvelle ne surprend pas vraiement au regard de la culture de fraude qui est rampante dans notre pays depuis quelques sessions maintenant. La fraude est devenue quasiment un phénomène normal puisque planifiée parfois par des chefs d’établissements en quête de résultats flatteurs pour toujours assurer un bon remplissage de leurs salles de classe. L’appât du gain prend le dessus sur l’éducation et la formation des hommes de demain. Qu’importe la manière, le prix... les conséquences !

A une semaine de l’examen, les élèves se trouvent subitement très proches de leurs répétiteurs et demandent des explications précises sur l’orthographe du mot “funérailles”, le sens d’une “étape difficile” ; ... et que ces mots se retrouvent dans la dictée officielle du BEPC 2007, la coïncidence est troublante.

Autre coïncidence troublante, plusieurs répétiteurs d’histoire-géographie ont été sollicités par SMS par leurs élèves pour répondre à des questions sur la première guerre mondiale et sur les caractères généraux de l’élevage au Burkina qui étaient en fait le sujet d’histoire-géographie du BEPC 2007.

Et que dire de l’anglais dont l’épreuve orale a dans un premier temps, été interrompue à Ouagadougou avant d’être reprise avec d’autres sujets parce que des candidats en détenaient les corrigés dans la cour de l’école où ils composaient.

Le pire, ce ne sont pas ces fuites sur les sujets (quoique cela soit condamnable), mais la vente des corrigés à 20 000 F CFA, puis 10 000 F CFA, 5000 F CFA pour atteindre le prix incroyable de la feuille photocopiée à 50 F CFA dans les environs du lycée Newton Descartes de Dassasgho, du lycée Réveil, du collège St Viateur et même dans les abords du canal de Zogona, en plein jour, au vu et au su de tous, sans inquiétude.

Le comble, c’est sans doute, ces élèves pris dans les salles avec les corrigés à Ouagadougou, Bobo, Koudougou et Ouahigouya. En effet, soit ces enfants sont suffisamment “idiots” soit ils sont tellement en confiance qu’ils ont purement et simplement déplié les corrigés pour recopier en salle d’examen.

Mais en fait, ce n’est pas leur faute car “BEPC, c’est BEPC”. Ils auraient été félicités et leurs diplômes convenablement “arrosés” s’ils n’avaient pas été pris...
Le plus important, c’est le parchemin.

Et puis, les fraudeurs n’ont jamais été réellement punis, du moins jusque-là. Ils sont peut-être juste embêtés quelques jours et puis pour “raison de santé”, ils regagnent leur maison avant de partir sous d’autres cieux, ramener le diplôme. Tout aussi fêté dignement. Quel gâchis ! Quelle génération sortira de ce processus ? Et voilà qu’on parle déjà du pétrole du BAC 2007 !

Espérons que les dispositions qui s’imposent seront prises car on ne pourra plus ni rire, ni pleurer... Le BEPC perdra de sa valeur et la base de notre système scolaire sapée. Si ce ne sont des diplômes vendus au marché. Il est temps de sonner le réveil, de mettre fin au fléau.

Victorien Aimar SAWADOGO

Sidwaya

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