Actualités :: Société civile : "Le CGD a fabriqué des maîtres absolus"

La société civile peut-elle encore être crédible, eu égard aux conditions dans lesquelles s’est fait le choix de son représentant à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ? Regards croisés de trois responsables de structures de défense des droits humains du Yatenga.

Tasséré Sawadogo, Association radicale pour l’Etat de droit en Afrique (AREDA) : démocratie a triomphé"

Pour ce qui est du renouvellement des structures de la CENI, en particulier sa composante droits humains, et, à travers cela, la reconduction de Moussa Michel Tapsoba, nous disons tout simplement que c’est la démocratie qui a triomphé, même si certains ont boycotté cette élection. Moussa Michel Tapsoba est, à mon avis, un monument en matière d’administration électorale. Il a l’expérience. Il ne sert à rien de changer pour changer, surtout que nous sommes déjà aux élections législatives.

Je pense donc qu’en la matière, il faut plutôt valoriser le capital humain, en exigeant le professionnalisme, plutôt que de vouloir porter le choix sur des amateurs qui tentent, coûte que coûte, de s’insérer. Si les uns et les autres étaient d’accord depuis la rencontre du 9 août pour aller à cette élection à partir d’un fichier élargi, on n’en serait pas là.

Malgré tout, on ne devrait pas se plaindre du fichier qui a été adopté. Ce qu’il faut savoir, c’est que ce sont les contestataires eux-mêmes qui sont à l’origine des inscriptions dont ils se plaignent présentement. Le candidat Nacro, par exemple, s’est lui-même inscrit deux fois, dans le répertoire fourni par le ministère de la Promotion des droits humains, et en 39e position, au nom d’une autre structure, sur la liste collective présentée par Bassirou Nacro.

Je voudrais aussi dire qu’au niveau de la Coordination provinciale des organisations de la société civile du Yatenga (COPROSCY), nous sommes offusqués d’avoir été traités de "provinciaux". C’est au vu donc du comportement d’Ousmane Nacro lui-même que moi, j’ai refusé de quitter la salle le jour de l’élection, bien que ce soit lui qui m’ait informé au départ, c’est-à-dire de l’AG du 9 août 2006. Moi, je partais pour soutenir la compétence et la légalité. Tout compte fait, ce qui est arrivé montre, à mon sens, le dynamisme de la société civile, quand bien même d’aucuns diront que c’est un fait insolite.

Etienne Ouédraogo, Mouvement pour la promotion de la dignité humaine pour le développement (MPDHD : "Le CGD a fabriqué des maîtres absolus de la société civile"

J’avoue que c’est triste, pour des structures de défense des droits humains et des libertés, de ne pas pouvoir s’entendre par rapport à cette élection où certains se sont même révélés être des fraudeurs absolus. Peu importe qui a été élu, mais il faut reconnaître que la société civile souffre actuellement au Burkina Faso. Je ne sais pas à qui jeter la balle, mais si les organisations sont devenues plus visibles aujourd’hui, c’est grâce au Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), qui a eu à initier, entre-temps, une sorte de fédération nationale, avec des sous-groupes provinciaux ou régionaux des OSC. Au Yatenga, les associations se sont réunies au sein de la COPROSCY il y a trois ans, et il avait été élu des représentants des cocus et même un coordonnateur régional, dont la validité du mandat était d’une année non renouvelable.

Depuis que la COPROSCY a été mise en place, je ne me souviens pas d’une seule activité ou une rencontre quelconque à laquelle le MPDHD était invité. Bref, depuis ce temps, on n’a plus jamais revu le CGD qui s’est proclamé guide au Burkina Faso. Il s’est retranché dans ses propres activités de sondages et autres, oubliant qu’il avait fabriqué des maîtres absolus de la société civile qui, à ce jour-ci, se permettent tout. Il y a, présentement, de la pagaille au sein de la société civile. Dans tous les cas, on sait qu’il n’y a pas une subvention pour les associations de promotion des droits humains au point que les gens se bagarrent ainsi.

Cependant, il faut aussi faire la part des choses entre les vraies associations de promotion des droits humains et les associations sportives, culturelles ou autres. Ce qui s’est passé à Ouaga ne surprend guère le MPDHD, lui-même ayant été victime d’une situation pareille ici. Lors de la mise en place de la Commission électorale provinciale indépendante (CEPI) du Yatenga, mais c’était désolant. Je profite d’ailleurs pour suggérer qu’à l’avenir, si une déclaration devait être publiée dans la presse au nom de la COPROSCY, l’on prenne le soin d’y joindre la liste de toutes les structures signataires ; parce que je me désengage totalement de la déclaration qui a fait la une des journaux le mercredi 23 août 2006.

Je n’ai pas de point de vue non plus par rapport à l’élection de Moussa Michel Tapsoba. Ce n’est pas celui qui est élu qui m’intéresse. Seulement, je dis que le président d’une Commission électorale nationale indépendante devrait pouvoir représenter tout le monde. Mais, quand sur cinq candidats quatre se désistent, c’est qu’il y a forcément un problème. Non seulement la crédibilité de la société civile est en danger, mais également celle de la CENI est mise en cause.

Ibrahim Traoré, président de la section provinciale de la Ligue pour la défense de la justice et de la liberté (LIDEJEL) du Yatenga : "Un concept à repenser"

J’estime qu’il y a un désordre au sein de la société civile. Toutes les associations qui se créent se proclament aussitôt être de la société civile ou des défenseurs des droits humains. Finalement, on ne sait plus à quel saint se vouer. Je pense que c’est un concept à repenser, et les conditions dans lesquelles s’est déroulée la désignation du représentant de la société civile à la CENI donne beaucoup à réfléchir, et moi, je me demande si les structures qu’on dit être de la société civile ne sont pas, en quelque sorte, des partis politiques. Les gens ne luttent plus pour défendre un idéal, mais plutôt juste pour des intérêts égoïstes.

"Le Pays" : Que se passe-t-il, exactement, entre votre section et le président national de la ligue ?

Si vous faites allusion à l’écrit paru ce matin dans la presse (ndlr, jeudi 24 août), et à travers lequel certains militants mécontents de la section ont demandé que le président démissionne, laissez-moi tout d’abord vous dire que je m’en désengage. Tout comme beaucoup de lecteurs, j’ai été moi-même surpris de voir ça dans les journaux. Mais, en tant que président de cette section, j’avoue que les auteurs ont suffisamment de raisons pour agir de la sorte. Plusieurs fois, ils m’ont fait part de leurs griefs et moi, j’ai toujours saisi le président. Mais ce dernier ne s’est jamais manifesté. Nos militants reprochent beaucoup de choses au président.

Par exemple, ils ont été mobilisés pour l’observation des élections présidentielle et municipales, mais sans pour autant pouvoir y prendre part. Ce qui est le plus étonnant, c’est que je n’ai pas été contacté, ni par mon président ni par quelqu’un d’autre, en ce qui concerne notamment le renouvellement des structures de la CENI. Ce n’est que dans la presse que je l’ai su. Que voulez-vous donc que je fasse ou que je dise aux militants ? Je crois donc que c’est tout cela qui a provoqué ces mécontentements.

Propos recueillis par Lassina SANOU

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