Actualités :: Les Burkinabè et l’Accord politique global togolais : L’art de la confusion (...)

Les Togolais ont paraphé dimanche dernier à Lomé le document d’accord politique global élaboré sous la conduite éclairée de Blaise Compaoré. D’avoir réussi à boucler en deux semaines cet accord est à mettre tant au crédit du facilitateur que de l’esprit de consensus des protagonistes au dialogue.

A peine terminée la négociation que les rabat-joie burkinabè donnent encore de la voix. A la limite, une telle attitude surprend t-elle vraiment ? Blaise Compaoré a beau être un lapin, certains ne vont jamais admettre qu’il court vite et bien.

Ces critiques récurrentes sont du lot de toute démocratie qui vit et évolue à l’instar de celle ayant cours depuis une quinzaine d’années au Faso. Il faut les accepter, des plus sincères aux farouchement malveillantes.

Le succès du dialogue inter-togolais est à mettre au panthéon des victoires émérites de la diplomatie burkinabè et de son premier chef, Blaise Compaoré.

Quand on se remémore les pistes sineuses et semées d’obstacles infranchissables sur lesquelles se sont brisées les mille et une tentatives de recoller les morceaux éparpillés aux quatre vents de la scène politique du Togo, comment essayer encore ne pas vouloir remettre au vainqueur le trophée d’une victoire aussi éclatante, aussi incontestable ? Quelque part est-on fondé à croire que cette sorte de masochisme est typiquement burkinabè ou peut-être africain ?

En fait, vu la difficulté de la tâche, les éternels insatisfaits nourrissaient le secret espoir de voir se crasher le facilitateur afin de mieux jeter leur fiel. Aussi, aucun son discordant n’a fait sailli attendant l’issue inéluctable de l’échec. Celui-ci n’ayant pas été au bout de la médiation il fallait trouver un autre thème pour quand même rebondir et un tant soit peu, atténuer la portée d’un triomphe.

C’est son talent

Chaque burkinabè devrait être fier légitimement que Blaise Compaoré ait réussi là où bien de négociateurs avant lui ont foiré. Mais une jurisprudence voulant que l’unanimité soit "suspecte" (honni soit qui mal y pense), le président du Faso est bien obligé d’accepter que ses propres compatriotes fassent la fine bouche.

S’il a réussi sa mission, il le doit d’abord à son talent, un talent en tout cas reconnu par les Togolais qui l’ont désigné à l’unanimité. Cela suffit à situer la dimension de l’homme, à tout le moins l’estime dans laquelle le tiennent les voisins et même les observateurs du contexte politique africain.

Il revient de loin que Blaise Compaoré depuis son accession à la magistrature suprême court après une séduction permanente voire une reconnaissance certaine, du fait des vicissitudes de l’histoire. Ce serait un raccourci tronqué parce que, analyser l’homme, sa conception de l’Etat et de la fonction de premier magistrat et il est facile d’établir qu’il a une haute idée de sa charge et que tous ses actes ont consisté à mettre l’Etat au service de la démocratie.

Ce sens de la responsabilité pour lui signifie définir le cadre normatif et législatif où chacun puisse s’exprimer, s’épanouir et se prendre en charge. L’espace présidentiel n’est donc pas un lieu de séduction, mais de mise en condition des institutions républicaines afin qu’elles soient à la hauteur des attentes.

Fidèle à lui-même, il l’est depuis son refus de l’arbitraire du 17 mai 1983, la prise du pouvoir le 4 Août de la même année sous sa direction, le fait d’assumer les évènements tragiques du 15 Octobre 1987 jusqu’à l’ouverture démocratique et à l’adoption de la constitution du 02 juin 1991, il a de tout temps agi pour que l’Etat prenne le pas sur le non-Etat qui menaçait à chacun de ces tournants historiques.

Tout cela lui confère aujourd’hui sa stature reconnue d’homme d’Etat faisant parti du lot des exceptions. Le lui reconnaître ne signifie en rien que tout baigne ou que tout roule à merveille au pays des Hommes intègres. Chaque pays a des problèmes, a ses problèmes et le Burkina n’a pas fini d’en avoir et d’en gérer. Et la façon de les gérer de Blaise Compaoré mérite qu’on reconnaisse de temps en temps que c’est avec un talent certain.

Mal à propos

La Journée nationale de pardon et l’appel à la réconciliation nationale le 30 mars 2001 ont été sincères. Ne pas le reconnaître, c’est nier qu’il y a eu un avant 30 mars et un après. Les avancées en matière de démocratie et de respect des droits de la personne humaine sont réelles et incontestables.

Sur ce point, un confrère s’est interrogé à haute voix sur ce qu’est le recasernement du régiment de la sécurité présidentielle. Il signifie qu’il s’en tient désormais à sa tâche dévolue à savoir rester dans l’espace présidentiel. Si dans un passé récent, ce régiment intervenait presque partout lors des manifestations de rue, l’UO en sait quelque chose, aujourd’hui, c’est à peine s’il existe.
Quelques-uns de ces éléments tête de proue étaient omniprésents dans la vie publique, faisant dans le vedettariat et le "one man show" toute chose éradiquée de nos jours.

C’est pourquoi, certains parallélismes confinent à la mauvaise foi manifeste. A propos par exemple de longs règnes qui finiraient tous dans un règlement à la baïonnette. Le Burkina contrairement aux autres pays cités comme le Gabon, le Togo, le Soudan, l’Ouganda n’a jamais vécu durant plus de quatre ans le parti unique. Il est l’un des plus vieux cas multipartisan du continent.

Avant la Baule, ces pays sus-cités ont connu près de trente ans de dictature du parti unique et de règne sans partage de leur chef d’Etat. Mis à part les trois ans et demi du Front populaire, Blaise Compaoré a toujours été élu dans le système des partis et il l’a ainsi voulu.

Quant à la presse, son évolution dans un cadre pluriel ne date pas non plus d’hier, autant dire que le Burkina ne peut être comparé, a fortiori en déduire qu’il va finir dans une guerre civile.

Il ne tient qu’à l’opposition de travailler à réaliser les conditions objectives de l’alternance. Aucun parti au pouvoir ne va l’offrir à son adversaire sur un plateau d’or, ce n’est là que le mode de fonctionnement normal de la vie politique en démocratie.

Chacun compétit pour avoir le pouvoir et le conserver, ou travaille à le reconquérir s’il le perd.

Le Burkina est donc à des années lumières du Gabon, du Togo et des autres tant du point de vue de son histoire politique, de son expérience de la pratique démocratique que de sa situation actuelle où les conditions, ne serait-ce que minimales sont remplies pour que chacun fasse valoir son talent et, cela ne saurait être dans le remplissage des pages de nos quotidiens, qui jouent sans état d’âme leur partition pour un pays où la démocratie rayonne.

Ces messieurs-là devraient reconnaître au moins cela au lieu de hurler avec les loups en permanence.

Souleymane KONE

L’Hebdo

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