Actualités :: Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

Au moment où les Eléphants de Côte d’Ivoire s’apprêtent à affronter les Léopards de la République démocratique du Congo (RDC) en demi-finale, il est intéressant de replonger dans l’histoire d’un autre éléphant : Boukary Koutou, 32e roi de Wogdogo (royaume de Ouagadougou).

Mogho Naaba Wobgo dit Boukary Koutou, né en 1805 et mort en 1904, était un roi dont les faits d’armes et les relations avec le colon n’ont pas été un long fleuve tranquille. Opposé à la désignation de son frère Sanem comme Mogho Naaba, il s’exile à Ouagadougou où il commence à effectuer des raids au Gourounsi et au Kipari avant d’être intronisé définitivement comme roi du Mogho en 1889.

C’était un homme à la carrure imposante à la fois très rusé et ferme, qui tenait beaucoup à son royaume et qui le gardait comme son bien le plus précieux. Un homme avec lequel l’explorateur Binger finit par se lier d’amitié. Celui-ci était séduit par les prouesses de "l’éléphant" dont il disait qu’il était un bel homme et que sa physionomie dénotait l’intelligence.

A l’arrivée des colons Voulet et Chanoine en 1896, Boukary Koutou ne voulait céder aucune parcelle de son territoire et opposa une résistance farouche aux blancs, avant de décider de faire un "repli tactique" pour Gambaaga (dans l’actuel Ghana) d’où il entendait se préparer pour reconquérir son royaume. Il s’est lié d’amitié avec les Anglais, notamment Fergusson, pour reprendre son pouvoir, il sera déçu à la dernière minute et ne pourra plus aller conquérir son royaume car les troupes françaises venaient de conclure un accord qui plaçait Wogdogo sous protectorat français.

Si certains disent qu’il a été dissuadé par ses grands-pères du Gambaaga de repartir à la reconquête de son royaume, d’autres disent qu’il n’a pas bénéficié du soutien de son ami anglais et que celui-ci l’a abandonné en plein vol. Mais ce qu’il faut noter également, c’est que Koutou a tenté, à trois reprises au moins et sous diverses combinaisons stratégiques, de reprendre Wogdogo.

Tout compte fait, l’histoire de Boukary Koutou est une leçon de résistance et de courage qui inspire plus d’un et mérite une attention.

Sa résistance farouche au colon n’étonne pas car Koutou avait un nom de guerre qui avait tout son sens : « Kim sé lagam koobgha kõ Bugs Wobgo ». C’est-à-dire cent fantômes réunis n’effrayent pas l’éléphant : un éléphant imbattable.

Bertrand Wendkouni Ouédraogo

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