Actualités :: Liberté de la presse : Le Sahel, devient-il une zone de non-information (...)

Pour Omar Sylla, le dernier rapport de Reporters sans frontières, qui retrace une triste décennie et montre comment les journalistes peinent à mener à bien leur mission dans un contexte d’insécurité, donne espoir. Il s’en explique dans la tribune qui suit.

Reporters sans frontières (RSF) tire la sonnette d’alarme. Son dernier rapport est accablant. Il retrace une triste décennie et montre comment les journalistes peinent à mener à bien leur mission dans un contexte d’insécurité.
Face aux difficultés du métier, Reporters sans frontières a lancé une campagne de mobilisation pour fédérer et organiser une résistance, défendre une presse libre et pluraliste. Le 3 avril, son rapport intitulé « Dans la peau d’un journaliste au Sahel » a été publié.

Le décompte est saisissant : 7 journalistes tués, 6 disparus, 117 arrêtés ou détenus, 104 agressés et menacés, et des médias saccagés ou suspendus. Le rapport restitue un travail de recherche, de recueil de témoignages et de plaidoyers. Il s’intéresse particulièrement au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad ainsi qu’au nord du Bénin, confronté aux mêmes enjeux sécuritaires. Il rappelle, même dans un contexte d’insécurité, d’attaques de mouvements armées et de riposte d’armées républicaines et d’injonctions des pouvoirs, le devoir de protéger les droits des journalistes et de diffuser l’information aux populations.

Les groupes armés, premiers prédateurs des journalistes

Au Sahel, les attaques intensives réduisent considérablement le travail des journalistes sur le terrain. Circuler dans les fiefs des groupes armés est déconseillé, au risque d’être repéré aux barrages routiers, menacé ou enlevé, et de servir de monnaie d’échange. A cela s’ajoute un mode de communication, alternant entre invisibilité et mise en scène de l’horreur sur des réseaux sociaux et des organes de propagande, de très mauvais augures…

Dans les zones reculées, les moyens radios sont affaiblis. Non seulement les diffusions sont restreintes par peur des représailles, mais les infrastructures sont détruites par les groupes armés. Au Burkina par exemple, c’est le cas de radios communautaires, accusées d’avoir donné la parole à un auditoire contestataire ou d’avoir diffusé de la musique au lieu des prêches. En deux ans, 293 antennes et de 553 sites de téléphonie mobile ont été saccagés. Une situation révélatrice de l’anéantissement de tout esprit critique. Le champ est donc libre aux médias favorables et aux narratifs des « mercenaires de la désinformation ».

Au Sahel, la lutte informationnelle s’organise

A l’international, All Eyes On Wagner (AEOW), constitué d’experts internationaux, établit des liens entre les campagnes de médias pro-pouvoirs militaires et les opérations d’influence en ligne, directement reliées aux activités du groupe Wagner. Les pays du Sahel n’ayant pas tout le temps les capacités de mettre en œuvre de telles opérations, le rapport de RSF maintient qu’elles sont prises en charge, au Mali ou Centrafrique, par leurs partenaires du groupe Wagner. Ces campagnes peuvent également être externalisées à des sociétés de communication, directement liées à la société militaire privée.

Cependant, la lutte contre la désinformation reste active. Des projets africains, tels Mali Check, Africa Check ou Désinfox Tchad détectent les « fake-news » largement partagées par les autorités politiques ou diffusées dans l’espace public. Des journalistes, des étudiants et des lycéens formés scrutent et analysent tous les textes, vidéos, messages vocaux et discours truqués ou sortis de leur contexte pour tromper l’opinion publique.

Le rapport de Reporters sans frontières donne espoir. Dans un contexte de travail et sécuritaire dégradés, les journalistes adaptent leurs pratiques. Ils continuent à collecter des informations en off, et à entretenir un réseau de confiance issu de toutes les communautés. Mais pour combien de temps encore ?

Omar Sylla
TW : @le_ndar_ndar

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