Actualités :: Conseil constitutionnel du Burkina : L’adoubement du putsch annoncé

Le Conseil constitutionnel va faire prêter serment au président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration comme président du Faso le mercredi 16 février 2022. Cette cérémonie est pleine de sens et d’interrogations. Qu’est ce qui a amené les juges constitutionnels à vouloir procéder à cette prestation de serment ?

Qu’est cela comporte comme reniements et refus de défendre le droit ? Pourquoi le nouvel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a-t-il besoin de se draper dans de tels oripeaux démocratiques alors que la charte de la transition est en conception ? Quel est le sens du cérémonial qui aura lieu devant les « sages » du pays si on peut encore désigner les membres du conseil constitutionnel par ce nom ?

A quoi reconnaît- on le pouvoir ? Celui qui le détient doit posséder quelques symboles et attributs distinctifs de la masse de ceux qui ne l’ont pas. Celui qui détient le pouvoir doit le montrer, et il doit le démontrer par une représentation à tous qu’il est désormais le souverain. Cette mise en scène de la prise du pouvoir est de l’ordre du symbolique et relève d’une volonté de s’accorder du crédit, et peut-être de s’inscrire dans la durée et de pénétrer dans l’histoire.

Le MPSR a-t-il ressenti le besoin de montrer son pouvoir sous un autre jour alors que les ouagalais sont allés voir le véhicule de l’escorte présidentielle portant les impacts de balles, témoin des violences de cette prise du pouvoir ? Est-ce un message subliminal apporté dans le débat sur le calendrier de la transition que certains voient dans une temporalité réduite et d’autres dans un temps long qu’ils ne veulent pas borner ?

Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration a pris le pouvoir par la force le 24 janvier 2022 et il l’a pris une seconde fois avec les décisions du Conseil constitutionnel le 8 février 2022 qui lui dessinent un contour juridique. La prestation de serment sera pour la population un signe de reconnaissance du pouvoir et de soumission de l’instance juridique suprême du pays.

La faillite des sages africains ne date pas d’aujourd’hui, et n’a pas commencé avec ceux du Burkina. Leur aplatissement devant les pouvoirs en place est une constante. Chargés de dire le droit et de défendre la République, ils se sont toujours alignés derrière le plus fort confirmant la morale de la fable de la Fontaine qui dit que la loi, plus exactement la raison du plus fort est toujours la meilleure.

Les membres du Conseil constitutionnel agissent comme le personnel politique qui est allé faire ses déférences au nouveau chef de l’État et ont pour la plupart exprimé leur désir de se mettre à son service.

Personne parmi les vieux sages du Conseil pour dire au jeune lieutenant-colonel : "mon fils cette prestation de serment n’ajoutera rien au pouvoir réel que tu as. Selon la constitution, le président du Faso est élu. Qu’on t’appelle président du Faso, ou chef de l’Etat, c’est toi l’homme fort, utilise ta force pour balayer les terroristes du pays".

L’histoire nous dira les dessous de cette auto saisine du Conseil constitutionnel. Mais cette prestation de serment et ce titre revendiqué de président du Faso n’apporte pas de plus-value au MPSR . Pourquoi ce mélange des genres, alors que la plupart des sympathisants des militaires veulent un pouvoir militaire qui s’assume ?

Le pouvoir a-t-il déjà commencé à subir les influences des « sorciers » comme le dirait notre confrère Kouamé Hervé Dapa ? Vraiment on ne voit pas lequel des objectifs et des résultats attendus du MPSR exprimés dans le discours à la nation du chef de l’Etat cette prestation de serment va permettre d’atteindre.

Cette prestation de serment avant la fin des travaux de la commission technique pose plus de problèmes qu’elle n’en résout.

Sana Guy
Lefaso.net

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